L'AJ Auxerre veut se refaire une santé avec son centre de formation

Depuis sa relégation en Ligue 2, l'AJ Auxerre a été obligée de tailler dans ses effectifs pour combler son déficit financier. Le club de foot de l'Yonne mise beaucoup sur ses nouvelles installations pour attirer les jeunes footballeurs.

Le chantier du centre de formation a pris du retard, mais les jeunes doivent prendre possession de leurs chambres cette semaine, en attendant l'inauguration officielle, repoussée au mois d'avril. Le bâtiment de 4 000 m2 comprend 27 chambres, des salles de classe, des vestiaires, une salle de balnéothérapie... Ce nouveau centre s'ajoute aux deux anciens bâtiments entièrement rénovés. "On va avoir le plus beau centre de France et surtout l'un des plus beaux du monde", assure le président Gérard Bourgoin.


10 millions investis par l'AJA et les collectivités

Le club et les collectivités locales (la Région Bourgogne, le conseil général de l'Yonne, la ville d'Auxerre) ont investi dix millions d'euros. Une somme conséquente, d'autant que l'avenir du centre dépend du sort du club. Reléguée en Ligue 2 la saison dernière après 32 ans passés dans l'élite, l'AJA accusait à la fin de l'exercice 2011-2012 un déficit de 16,33 millions d'euros. La Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) avait menacé le club d'une rétrogradation en National. Conséquence : une quinzaine de joueurs professionnels sont partis, mais la DNCG presse toujours le club d'augmenter ses fonds propres.

"Pour un club comme Auxerre, les revenus diminuent de l'ordre de 40 à 50% après une relégation, estime Bastien Drut, auteur du livre Economie du football professionnel. Et sans aide extérieure, sans argent frais, le club est en danger."


Recherche investisseurs désespérement

"Auxerre est dans une situation financière qu'on n'a jamais vécu, on avait l'habitude d'être considéré comme un club riche, avec deux budgets d'avance. On était très confortable, on l'est moins", dit-il. Il faut encore "au minimum" 5 millions d'euros pour redresser le club, dit Gérard Bourgoin. L'AJA envisage d'émettre des titres de dette (obligations convertibles en actions) à hauteur de 9 millions d'euros.



Où sont les Boli, Cantona, Diaby ou Mexès ?

Toujours en quête d'investisseurs, les dirigeants misent sur le nouveau centre de formation pour attirer des partenaires étrangers. L'AJA, qui a formé les Boli, Cantona, Diaby ou Mexès, bénéficie encore d'une image de référence en la matière. Son fonds de commerce est d'ailleurs la revente de joueurs. Mais, depuis 2008, selon les calculs de L'Yonne républicaine, 27 joueurs sont partis en fin de contrat, donc sans plus-value pour le club.


L'équipe réserve végète au fond du classement

Autre difficulté : l'équipe réserve, composée de jeunes du centre, occupait les premières places en CFA (4e division). Cette saison, elle végète dans les profondeurs du classement. Le directeur du centre de formation et entraîneur de la CFA, Raphaël Guerreiro, l'assure pourtant : "On n'a pas complètement perdu notre cote." Des jeunes choisissent de venir à Auxerre "même quand ils sont sollicités ailleurs" et "la modernité et la qualité des nouvelles infrastructures" devraient finir de convaincre les hésitants, pense-t-il.


Comment concurrencer les centres de Monaco ou Lyon ?

"Il y a une tradition de la formation à Auxerre (...) Mais est-ce qu'Auxerre va pouvoir attirer les meilleurs des jeunes talents et faire concurrence aux centres de Monaco ou Lyon? Ce n'est pas gagné", avance Bastien Drut. "C'est beaucoup plus dur pour Auxerre de miser sur la formation aujourd'hui qu'il y a 15 ou 20 ans. Les grands clubs européens sont prêts à recruter de très jeunes Français qui ne passeront donc plus à Auxerre avant d'aller à Arsenal ou Manchester City", conclut-il.
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