"Don Giovanni est bien plus dangereux qu’un simple meurtrier"

Quand l'opéra de Dijon lui a proposé de mettre en scène cette oeuvre mythique, Jean-Yves Ruf a d'abord hésité avant de dire oui. Après plusieurs mois de travail, le public pourra découvrir son interprétation du Don Giovanni de Mozart du vendredi 22 au samedi 30 mars 2013 à l'Auditorium de Dijon.

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"Tenter d’être original à tout prix est inutile"

"Tout a été tenté, on se perd vite dans un nombre impressionnant d’écrits, de propositions différentes, d’interprétations. On s’attaque non seulement à un mythe, mais à des versions mythiques. Dans ces cas-là, il est inutile de vouloir absolument se démarquer, tenter d’être original à tout prix, trouver le parti pris renversant qui éclairerait l’oeuvre d’un jour insoupçonné", dit-il.

Une sorte de chasseur toujours aux aguets

Jean-Yves Ruf, qui est aussi comédien et enseignant, a imaginé "un Don Giovanni errant, sans territoire propre, sans feu ni lieu. Une sorte de chasseur toujours aux aguets de nouvelles proies possibles, au gré de ses rencontres et de son appétit". 
Lors de cette journée particulière où rien ne semble marcher comme prévu, Don Giovanni rencontre surtout son passé : Elvire qu’il a épousée et abandonnée, Anna qu’il a désirée et dont il a tué le père, Ottavio le fiancé d’Anna, figure d’honnêteté et d’honneur, Leporello bien sûr qui ne cesse de le sermonner, Zerline qu’il aura presque réussi à posséder, mais qui lui file entre les doigts…

Don Giovanni fait trembler les fondements moraux

"Cette galerie de visages et de consciences accusatrices sont comme des miroirs pour Don Giovanni, miroirs qu’il passe son temps à fuir. Il y oppose son désir de liberté, plus fort que tout. Il ne cherche pas à violer les femmes, il cherche à faire céder les résistances morales. Il cherche à instiller en chacun l’envie de transgresser, de faire fi des interdits. Il est pour une société bien plus dangereux qu’un simple meurtrier : il fait trembler les fondements moraux sur lesquels une société tient en équilibre. Il faut l’arrêter absolument, et tous de se ruer à la curée", dit Jean-Yves Ruf.



Pour en savoir plus, rendez-vous du lundi 25 au jeudi 28 mars dans le 19/20 de France 3 Bourgogne. Anne Berger et Damien Rabeisen ont suivi pendant plusieurs semaines les "acteurs" de cette nouvelle création de l'opéra de Dijon.

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