96 salariés de TRW Longvic sont partis à bord de deux bus lundi 10 juin 2013 à 2H du matin. Direction Genk en Belgique, où se trouve une machine qui devait être installée dans leur usine. Une machine qu'ils veulent récupérer pour maintenir leurs emplois.
Depuis l'annonce de la fermeture de leur usine, accompagnée d'un plan social, les salariés de TRW Longvic multiplient les actions pour sauver leurs emplois. Le comité d'entreprise a mandaté un expert, qui a estimé que le site est économiquement viable. Le préfet et le Commissaire au Redressement productif leur ont indirectement apporté leur soutien, en demandant début juin à la direction du groupe, de suspendre le PSE.Nouvelle étape lundi 10 juin 2013: à deux heures du matin, 96 salariés sont partis de Longvic pour Genk en Belgique, où ils veulent tenter de récupérer une machine destinée à la fabrications des valves électriques pour les systèmes de direction assisté.
TRW Longvic a développé cette valve pour l'ensemble des unités européennes du groupe Steering, mais elle ne représente pour l'instant que la moitié de la production de Longvic, le reste étant constitué par les valves hydrauliques.
Pour justifier la fermeture de Longvic, le groupe argue de capacités de production insuffisantes du site en matière de valves électriques, appelées à se substituer aux hydrauliques dans les années qui viennent. D'où l'importance de cette machine, actuellement stockée à Genk, à l'Est de la Belgique, dans l'entreprise IPTE, l'un des fournisseurs de machines outils de TRW.
Elle devait être livrée en Côte d'Or, après des modifications, lorsque le groupe à annoncé la fermeture de Longvic, le 19 mars dernier. Il semble que TRW projette désormais de l'expédier sur son unité polonaise.
Reportage de Michel Gillot et Jean-Louis Saintain avec :
- Christophe Depierre, délégué CGT TRW Longvic
- Ralf Blindauer, avocat des salariés de TRW Longvic
Une démarche pacifique
Pour mener à bien l'opération "récupération", les 4 syndicats (CGT FO CFTC CHC) ont déposé un préavis de grève pour la journée, suivi à 100 %. La direction d'ITPE à Genk a été surprise de voir arriver les deux bus, mais le directeur Vladimir Dobesch, rassuré par la démarche légaliste et pacifique des visiteurs, les a cordialement accueillis.Sans accorder d'interview formelle à notre équipe sur place - Michel Gillot, Jean-Louis Saintain, Francis Nivot - il leur a dit sympathiser avec la démarche des salariés. Il a entrepris aussitôt de joindre M. Majec Gworzt, le directeur polonais de TRW Europe, pour organiser une conférence téléphonique avec la délégation.
Dans un premier temps, Christophe Depierre, délégué CGT, et Ralf Blindauer, avocat des salariés, ressortent donc avec de bonnes nouvelles : leur machine est toujours là et pour la première fois, ils vont pouvoir parler avec un véritable décideur du groupe.
Mais ils vont déchanter assez vite. Après deux heures d 'attente, M. Gworzt leur fait savoir qu'il n'y aura pas de conférence mais qu'il va leur envoyer un fax. Une heure plus tard, ils reçoivent ce document, qui ne dit rien de précis.
Comme ils ne sont pas venus faire un coup de force contre IPTE, les salariés prennent congé du directeur. Leur avocat estime néanmoins qu'ils ne se sont pas déplacés pour rien. Selon lui, la direction du groupe redoute maintenant d'autres déplacements de ce genre en Europe. Il menace par ailleurs TRW de poursuites en correctionnelle pour délit d'entrave, si la direction décidait de déménager la machine sans consultation du CE.