Stéphane Fratacci, le préfet du Doubs a modifié son agenda ce matin, selon nos informations, pour répondre à la commission d'enquête. Nous l'avons rencontré en début d'après midi, il se dit serein. Mais que disent de lui ceux qui travaillent avec lui ?
La préfecture du Doubs est fort peu joignable depuis hier, il faut dire que les services de l'état sont au coeur du tourbillon de l'affaire Léonarda. En début d'après-midi, le préfet a refait son apparition à Amblans (Haute-Saône) pour l'inauguration de la mise à deux voies d'un tronçon routier. Il nous a déclaré "attendre avec sérénité" les conclusions de l'enquête administrative attendues pour demain.
Pourtant, depuis mercredi, des voix s’élèvent pour mettre en cause l’attitude du préfet du Doubs dans l’affaire Léonarda. Bruno le Guen (PS), Jean-Vincent Placé (EELV) entre autres ont demandé des sanctions à son encontre. Un discours très éloigné de celui des élus de Franche-Comté qui ont l'habitude de travailler avec lui.
Tous soulignent les qualités de Stephane Fratacci et les "relations excellentes" qu'ils entretiennent avec ce grand commis de l'Etat. Un homme qui n’a visiblement pas le profil d’un "expulseur d’étrangers" à tout va.
Un fin connaisseur de la loi
Difficile de croire que Stéphane Fratacci, ancien directeur des libertés publiques au Ministère de l’Intérieur, ignore les textes votés par le Parlement sur les questions d’immigration. Le passage de cet énarque au Ministère de l’Identité Nationale pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy en fait l’un des meilleurs connaisseurs des règles concernant les étrangers en situation irrégulière sur le territoire.
Son poste de secrétaire général auprès des ministres Eric Besson et Brice Hortefeux incite pourtant ceux qui le prennent pour cible à lui coller une étiquette très à droite. Une image qui contraste avec ce que les élus de Franche-Comté disent du Haut-Fonctionnaire, à commencer par Marie-Guite Dufay, présidente socialiste de la région : "C'est malsain de faire référence à son passé au ministère de l'identité nationale : j'ai pu observer que c'est un des interlocuteurs les plus ouverts sur les questions d'immigration. Faisant reference à la cité de l'immigration à Besançon, la socialiste poursuit : c'est devenu un lieu d'animation qui il est vrai manque de financement, mais je sais pour en avoir été témoin que le préfet est attentif au devenir de cet endroit."
« Humanité et discernement »
« J’ai immédiatement trouvé le bon feeling avec Stephane Fratacci, confie Claude Jeannerot (PS). " j'ai toujours trouvé auprès de lui une écoute attentive concernant les personnes en situation irrégulière", ajoute le président du Conseil Général du Doubs.
L’élu, qui gère l'essentiel de la politique sociale dans le département, parle "d'humanité" et de "discernement" en évoquant l'attitude du préfet sur ce genre de dossier. "Il a mis en place une cellule de coordination qui a fait ses preuves entre l'Etat et les collectivités pour les personnes en difficulté d'insertion".
Un serviteur de l’Etat, pas un militant
Même tonalité du coté du maire PS de Besançon : "Je ne veux pas donner une note au préfet, lâche Jean-Louis Fousseret. Je peux juste vous dire que c'est un homme d'une grande qualité qui traite les problèmes de façon juste".
Jacques Pélissard, maire UMP de Lons-Le-Saunier ajoute même : « Celui là c’est un bon préfet. Il a toutes les qualités pour exercer la fonction qui est la sienne aujourd’hui. Stéphane Fratacci est un serviteur de l’Etat, ce n’est pas un militant. »
Une victime collatérale ?
En ordonnant l’expulsion de la famille Dibrani, le préfet n'a donc, selon les responsables politiques locaux fait qu'appliquer la loi.
Malgré cela, l’intervention des forces de l’ordre lors d'une sortie scolaire pourrait-t-elle transformer le préfet en fusible ? Stephane Fratacci sera-t-il une victime collatérale du contexte émotionnel actuel autour de la situation des Roms ? L'enquête administrative diligentée par Manuel Valls pourrait sceller son destin. Les résultats sont attendus dans la journée du vendredi 18 octobre.