Le groupe PSA, s'est engagé à verser une retraite chapeau de 20,968 millions d'euros à Philippe Varin, l'actuel président du directoire. Une somme qui choque alors que le constructeur automobile est en crise.
Les faits
Tout commence sur le site internet de la CGT du site PSA de Sochaux. Dans un document, le syndicat révèle qu'une retraite chapeau de 21 millions d'euros est provisionnée par l'entreprise pour assurer la retraite de Philippe Varin. L'actuel dirigeant quittera l'entreprise en 2014, après 5 ans à sa tête. Le syndicat met en parallèle le montant de cette somme et les difficultés que traverse actuellement l'entreprise. Christian Driano s'exprime sur l'antenne de France 3 Franche-Comté.
Les salariés de l'usine Sochaux de PSA réagissaient ce matin à l'information :
Selon le journal l'Expansion, l'entreprise insiste pour faire le distingo avec un parachute doré. La direction de PSA rappelle également que Philippe Varin a déjà renoncé à sa part variable en 2011 et 2012. Voici l'intégralité du communiqué de PSA
Le communiqué de PSA sur le régime de retraite de Philippe Varin
Selon l'entreprise, ce système est conforme au code du gouvernement d'entreprise rédigé entre l'AFEP et le Medef. Cependant, en milieu de matinée, le Haut-Comité de Gouvernement d'Entreprise du MEDEF a décidé de s'auto-saisir de la question.
Philippe Varin répond
Le dirigeant de PSA s'est exprimé sur France Info. Il dit dit comprendre les réactions face à de tels chiffres, s'est défendu de tout comportement abusif, soulignant qu'elles reposaient sur "des idées fausses"
Philippe Varin : "Je ne toucherai pas les 21... par FranceInfo
Qui gouverne PSA ?
Le dispositif est décrit dans le détail dans le "document de référence 2012, intégralement consultable sur le site de PSA
Le document de référence de PSA en intégralité
Depuis 1972, PSA a choisi une forme de société dite à directoire et à conseil de surveillance. Le directoire, présidé par Philippe Varin, assume les fonctions de direction et de gestion de l'entreprise. Il comprend 5 autres cadres dirigeants du groupe. Leurs rémunérations sont détaillées dans le cadre de ce document de référence. C'est en quelque sorte l'exécutif de PSA.
Le conseil de surveillance, lui, est chargé de contrôler le groupe et ses dirigeants exécutifs. C'est dans cette instance que la famille Peugeot est représentée.Thierry Peugeot en est le président. On y trouve également des personnalités du monde économique européen (Pamela Knapp, ou Geoffroy Roux de Bézieux). Louis Gallois (le commissaire général à l'investissement), ou Jean François Kondratiuk (délégué Force Ouvrière de l'usine de Poissy).
Un montant qui choque
Le montant de la somme provisionné fait aussitôt réagir, alors que PSA est en train de fermer son usine d'Aulnay. Ce matin, le député Europe-Ecologie-Les Verts, François de Rugy a par exemple déclaré sur RTL : "Ca fait beaucoup trop, ça a même un parfum d'indécence (...)
Lorsqu'on négocie les départs d'un certain nombre d'ouvriers, d'ingénieurs et de techniciens de PSA, je pense que la direction de PSA négocie vraiment euro après euro. Lorsque c'est le PDG on a l'impression que c'est normal, que c'était prévu"
"On nous raconte toujours que si on n'offre pas ça aux patrons français ils vont tous partir à l'étranger", a-t-il observé avant de conclure: "Je pense qu'on a un peu trop tendance à intégrer par avance les arguments du patronat. "
Du coté de l'UMP, le député de l'Eure, Bruno Lemaire s'indigne également sur l'antenne de LCI. Il estime que, compte tenu des résultats de Monsieur Varin à la tête de PSA, il devrait renoncer à cette somme :
"C’est une affaire de morale collective. A partir du moment où Philippe Varin a demandé des efforts considérables aux salariés de Peugeot, avec des résultats qui laissent à désirer, le moins qu’on pouvait attendre de lui était qu’il fasse aussi un effort."
Pierre Moscovici : une retraite inappropriée
Du coté du gouvernement, le ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici, élu du secteur de Sochaux a déclaré "On sait les sacrifices consentis par les salariés de PSA. On connaît la situation du groupe et c'est la raison pour laquelle nous demandons que toute la clarté soit faite sur les conditions financières du départ de M. Varin, sur une éventuelle retraite chapeau"
Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg a précisé "Nous avons demandé de très sérieuses explications à PSA sur les conditions financières du départ de M. Varin et sur sa retraite, si retraite il doit y avoir".
Les députés socialistes veulent relancer le chantier de la rémunération des hauts dirigeants
En ce jour de questions au gouvernement, les députés socialistes ont annoncé par le biais du chef de leur groupe, Bruno Le Roux, vouloir relancer le débat sur la rémunération des hauts dirigeants :
"Sur ces questions-là, les grands patrons ne sont pas capables de s'autoréguler. Il y a là quelque chose qui doit appeler une réflexion sur une loi, bien entendu".
En l'état actuel des choses, il existe une instance au sein du patronat qui s'est saisie de l'affaire ce matin. Il s'agit du Haut-Comité de gouvernement d'entreprise.
Cette instance autonome, sorte de police déontologique du patronat français, a été créée en octobre après la révision du code Afep-Medef sur la gouvernance des entreprises. Philippe Varin a d'ores et déjà annoncé qu'il suivrait les recommandations du comité, affirmant qu'il avait lui-même demandé à cette instance de statuer son cas.
Les réactions des élus de la région
En Franche-Comté, les élus ont également réagi sur le montant de la somme provisionnée par PSA pour la retraite complémentaire de Philippe Varin. Jean-Michel Vuillaumé, élu PS de Héricourt l'estime, par exemple "indécente." Découvrez les autres réactions sur le blog politique de France 3 Franche-Comté.
Philippe Varin renonce aux conditions de sa retraite
En fin de journée, le président du directoire de PSA a annoncé qu'il renonçait aux dispositions prévues.
Combien va vraiment toucher Philippe Varin.
Il ne s'agit pas d'un chèque qui sera versé à Philippe Varin lorsqu'il quittera l'entreprise, mais d'une somme qui est provisionnée par PSA. L'entreprise met de coté une somme correspondant à une retraite complémentaire et estime qu'elle devra payer cette somme pendant 25 ans.L'actuel président du directoire devrait donc toucher chaque année 310 000 euros, en tenant compte de sa retraite conventionnelle et de cette retraite complémentaire d'après Peugeot. La somme est calculée après les charges fiscales et sociales. C'est donc au final une retraite nette de 25 833 euros qu'il devrait toucher chaque mois.
Le total de 21 millions est donc atteint en additionnant ces 25 ans de durée de payement et en intégrant les charges fiscales et sociales.
Pour toucher cette somme, Philippe Varin doit rester dans l'entreprise jusqu'au 14 avril 2014. Il faut, pour bénéficier de ce système complémentaire, avoir été dirigeant du groupe pendant au moins 5 ans.