Pourquoi Agnès Dury, humanitaire de Saône-et-Loire employée par Action contre la Faim, a-t-elle été tuée le 31 décembre 2007 au Burundi ? Après la nomination de nouveaux juges d'instruction, sa famille et ses collègues, saluent la reprise de la procédure.
Six ans après la mort d’Agnès Dury, ses proches disent qu’ils "reprennent espoir en constatant un changement d'attitude des magistrats français". Jusqu’à présent, l’entourage de la jeune humanitaire pointait du doigt un "manque de volonté des justices française et burundaise d'élucider les circonstances et les raisons de ce drame". Mais, la juge d'instruction chargée du dossier a été dessaisie au profit de 2 nouveaux juges et ce transfert du dossier "redonne l'espoir en une enquête sérieuse", reconnaissent-ils.
Le rappel des faits par S. Robert et Rachel Nectoux avec Karine Malara, procureur de la République de Mâcon (interview de décembre 2011).
"Un vrai espoir" selon Action contre la faim
L'association humanitaire a rencontré les 2 nouveaux juges et a senti chez eux une "vraie volonté de s'investir" a déclaré Pauline Chetcuti, membre d'Action contre la faim dans un entretien accordé à France 3 Bourgogne. Ils ont d'ores et déjà prévu d'aller sur le terrain au 1er trimestre 2014. Une bonne nouvelle pour les proches d'Agnès Dury, car cela montre que "la justice française est engagée" sur ce dossier. Cela montre aussi à la justice burundaise que l'affaire n'est pas close et qu'il va lui falloir coopérer même si la volonté ou la capacité manque parfois. Dans tous les cas, c'est un "vrai espoir" selon Pauline Chetcuti.L'interview de Pauline Chetcuti d'Action contre la faim par Eric Sicaud
La cour d'appel de Dijon a confié le dossier à deux juges de Chalon-sur-Saône
"Dans un arrêt datant du 2 octobre 2013, la cour d'appel de Dijon ordonne que la juge d'instruction de la juridiction de Mâcon soit dessaisie de l'affaire, au profit de la co-saisine de deux juges d'instruction de la juridiction de Chalon-sur-Saône, M. Dailly-Salins et Mme Aussavy. Ce sont eux qui sont désormais chargés de mener l'instruction.Dans ses conclusions la Cour d'Appel remarque que jusqu'alors l'instruction « n'avanç[ait] que sous l'impulsion des parties civiles », que « le positionnement pris par la juge d'instruction marqu[ait] un désinvestissement dommageable à l'affaire » et qu'elle avait de fait « perdu la crédibilité nécessaire à la poursuite sereine de l'enquête. [...] Il est dans l'intérêt de la bonne administration de la justice d'ordonner le dessaisissement du juge de ce dossier. »
"Nous ne relâcherons pas la pression"
Les parties civiles ont déjà rencontré les juges et disent avoir pu "constater leur volonté de s'investir dans le dossier, illustrée par leur impatience à se rendre sur place pour mener l'enquête". Pour eux, cette attitude "contraste avec le manque d'investissement et de stratégie d'enquête qui a marqué les 6 années de procédure", précisent-ils.Plus que jamais, la famille et les amis d’Agnès Dury indiquent qu’ils n'ont pas l’intention de relâcher leurs efforts. C’est aussi ce que déclare Mike Penrose, nouveau directeur général d'ACF-France : « Ce drame a profondément marqué les équipes d'Action contre la Faim et nous ne relâcherons pas la pression tant que la lumière ne sera pas faite sur ce qui s'est passé durant la nuit tragique du 31 décembre 2007 à Ruyigi », prévient-il.