Fin de vie : Régis Aubry réagit à l'affaire Vincent Lambert

Vincent Lambert est dans le coma depuis plus de 5 ans. Sa femme a demandé l'euthanasie passive. Le tribunal administratif l'a refusée. Le professeur Régis Aubry, de l'hôpital de Besançon, est un spécialiste de la fin de vie. Ecoutez son interview, en longueur, sur ce sujet très douloureux.

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Suite à un accident de la route, Vincent Lambert est dans le coma, en état de conscience minimale.
Le monde des soins palliatifs s'inquiète des conséquences de la décision d'un tribunal de refuser l'euthanasie passive pour Vincent Lambert, risquant
d'entraîner  un retour de pratiques d'acharnement pour les personnes en fin de vie. Le professeur Régis Aubry est un médecin spécialiste de la fin de vie. Il est président de l'observatoire national de la fin de vie et membre du comité de consultation national d'éthique. Vous pouvez écouter son interview, en longueur, sur ce sujet extrêmement douloureux. Il se dit "consterné" par la décision du tribunal administratif. Il a joint par téléphone le député Jean Léonetti, auteur de la loi qui porte son nom sur la fin de vie, loi de 2005 et qui considère que cette décision du tribunal administratif est contraire à l'esprit de sa loi.




Le député UMP Jean Leonetti auteur de la loiqui encadre actuellement la fin de vie avait réclamé jeudi "une décision sur le fond, car cette jurisprudence pourrait aboutir (...) à maintenir par précaution l'acharnement thérapeutique dans les traitements de survie, en l'absence de directives anticipées ou de personne de confiance".
La loi Leonetti qui visait à proscrire l'acharnement thérapeutique, a instauré un droit au "laisser mourir" avec la possibilité de suspendre des traitements et
mis en place le système de "directives anticipées" dans laquelle une personne indique par avance sa volonté en matière de traitements pour sa fin de vie.
 
La décision jeudi d'un tribunal de ne pas autoriser l'euthanasie passive pour le tétraplégique Vincent Lambert, en état de conscience minimale,
illustre les difficultés qui attendent le gouvernement dans l'élaboration d'une nouvelle loi sur la fin de vie, promise par François Hollande.
Les situations de fin de vie sont encadrées en France depuis 2005 par la loi Leonetti qui a interdit l'acharnement thérapeutique, permis l'euthanasie passive par l'arrêt des traitements lorsqu'ils sont jugés "disproportionnés" et admis l'administration d'anti-douleurs jusqu'au point "d'abréger la vie".

Pour la ministre de la Santé, Marisol Touraine, cette loi "à l'évidence ne suffit pas". Elle "comporte des ambiguïtés qu'il faut lever puisqu'on voit bien qu'il
y a des appréciations différentes entre les médecins, la famille et les juges sur ce que cette loi permet de faire".
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui a enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation du patient, a "jugé que la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée" et donc que le cas sortait du champ d'application de la loi Leonetti.

L'auteur de la loi, le député UMP Jean Leonetti, avait estimé au contraire que le texte s'appliquait à Vincent Lambert. "La loi de 2005 (...) dit qu'on peut interrompre ou ne pas mettre en oeuvre les traitements quiapparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie", a-t-il rappelé mercredi.
Pour le député, cette description s'adresse notamment à "la situation des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert".
Selon l'avocat des parents, favorables au maintien en vie de leur fils Vincent Lambert,  c'est "le principe de précaution" qui a prévalu dans la décision
du tribunal. "Quand il y a un doute, le doute doit évidemment profiter à la personne qui risque d'en pâtir", a déclaré Me Jérôme Triomphe.

Euthanasie ou suicide assisté

Ces différentes interprétations d'une même loi soulignent la difficulté qui attend le gouvernement dans l'élaboration d'une nouveau texte sur la fin de vie, l'un des engagements de la campagne présidentielle de François Hollande.
Le président français a rappelé mardi qu'il restait attaché à un nouveau cadre légal pour "permettre à toute personne majeure atteinte d'un maladie incurable provoquant une souffrance psychologique, physique insupportable et qui ne peut être apaisée, de pouvoir demander dans des conditions strictes, une assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité".
Le chef de l'Etat a aussi souligné qu'il espérait un accord "large" , "sans polémique, sans division" sur le nouveau texte .
La ministre de la Santé a précisé jeudi qu'elle allait "engager des consultations avec les familles de pensée (...) et faire en sorte de favoriser le consensus le plus large possible".
Mais le sujet est complexe et délicat, les situations de fin de vie sont très diverses entre un cancéreux âgé en soins palliatifs et un accidenté de la route
jeune en état végétatif permanent. Les options de la fin de vie aussi divergent, entre euthanasie passive, euthanasie active à savoir "le fait pour un tiers de mettre fin à la vie d'une personne à sa demande" et suicide médicalement assisté où c'est le patient qui fait acte d'ingérer
une potion létale.
Un panel de citoyens s'était prononcé en décembre sur le sujet, préconisant une "légalisation du suicide médicalement assisté" mais pas l'inscription dans la loi de l'euthanasie active.
Les citoyens s'étaient cependant déclarés "favorables à une exception d'euthanasie" pour "des cas particuliers ne pouvant entrer dans le cadre du suicide assisté", comme lorsque "le consentement direct du patient ne peut pas être recueilli".
(Avec Afp)

Vous pouvez voir le reportage de nos collègues de France 3 Champagne et écouter Régis Aubry :

 

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