C'est un monument exceptionnel qui autrefois était au centre d'un cloître, celui de la Chartreuse de Champol. Philippe le Hardi l'avait fait édifiée pour y abriter sa sépulture et celle de sa lignée. La nécropole des Ducs de Bourgogne, a été détruite à la révolution. Il n'en reste que des vestiges.
C'est sur la route de Paris, au sortir de Dijon que Philippe le Hardi avait choisi un site pour y créer un lieu digne d'accueillir sa sépulture et celles de sa lignée. Il crée une Chartreuse. Ce site, c'est le domaine de Champmol, littéralement "champ marécageux" ce qui s'explique par la proximité de l'Ouche, qu'il acquiert en 1378. Les travaux de construction débutent en 1383 et se termineront au début des années 1400.
La Chartreuse de Champol se compose d'une vaste église, d'un couvent, d'un petit cloître et d'un grand cloître de cent mètres carrés délimité tout autour par les cellules (habitations) des moines. Au centre de ce grand cloître: le puits de Moïse réalisé entre 1395 et 1405.
Architectes, sculpteurs, peintres, menuisiers, fondeurs, verriers, tuilliers venus de Bourgogne, des Flandres ou d'Espagne participent pendant plusieurs décennies à la construction et au décor de la Chartreuse.
L'atelier de sculpture regroupe des artistes du nord de la France ou des Pays-Bas. Parmi eux, Claus Sluter, surnommé le "Donatello du Nord", natif de Hollande. Engagé comme ouvrier, sous la direction de Jean de Marville, chef de l'atelier ducal depuis 1372, il prend sa suite en 1389.
Les trois monuments qui ont fait la gloire de Claus Sluter ont tous été conçus et réalisés pour la Chartreuse de Champmol:
Les sculptures du portail de l'église, le puits de Moïse, le tombeau du duc Philippe le Hardi.
Détruite à la révolution française, la chartreuse n'existe plus aujourd'hui qu'à l'état de vestiges. Le portail de l'église d'origine est toujours visible ainsi que la tour qui permettait de monter à l'oratoire ducal. On peut encore voir la porte principale de l'ancienne Chartreuse. Et le Puits de Moïse.
De nombreuses parties de la Chartreuse ainsi que des oeuvres ont été disséminées dans Dijon. On retrouve des éléments de l'ancien cloître au jardin d'Arquebuse, des tableaux autrefois dans l'église sont aujourd'hui en la cathédrale Saint-Bénigne où ont été transférés un temps les tombeaux des ducs de Bourgogne avant d'être restaurés et installés dans la salle des gardes du musée des Beaux-Arts.
Après la révolution, le site de la Chartreuse de Champmol, est devenu, lors de la vente des biens nationaux, la propriété d'un homme d'Etat proche de Napoléon 1er, Emmanuel Crétet. Il meurt à Paris en 1809.
Dans les années 1830 le site de la Chartreuse est à l'abandon. Le département s'en porte acquéreur. Un hospice y est construit en intégrant les vestiges dans l'ensemble des bâtiments.
Aujourd'hui ces vestiges sont ouverts à la visite au sein d'un centre hospitalier spécialisé. L'office du tourisme de Dijon accueille les visiteurs sur place.
Reportage de Caroline Jouret et Daniel Waxin ( Images).
Sources:
- " La chartreuse de Champol et le Puits de Moïse " - Collection Itinéraires - Editions du patrimoine
- Dossier de l'ART n° 203 - Claus Sluter - Le puits de Moïse - Le tombeau de Philippe le Hardi