Les stagiaires de l'Ecole nationale des greffes (ENG), située à Dijon, considèrent que le mouvement de "colère" qui règne au sein de la profession depuis plusieurs semaines est "légitime". Mais, ils restent motivés par leurs études malgré l’appel à la grève lancé pour mardi 29 avril 2014.
"Au cœur du réacteur"
Une grève de la profession est organisée mardi 29 avril 2014, à l'appel de plusieurs syndicats. "Ce mouvement est justifié. Les greffiers remplissent déjà des fonctions qui vont au-delà de leur fiche de poste et cela fait un moment que les salaires sont figés", alors que le métier comprend "pas mal de responsabilités", déclare une jeune greffière stagiaire de 26 ans. "Le stage de découverte nous a permis d'en prendre conscience", ajoute-t-elle.Le mouvement des greffiers est parti de la cour d'appel d'Agen, avant de s’étendre en un mois à plusieurs dizaines de tribunaux. Les greffiers réclament une revalorisation salariale et une réforme de leur statut. Ils s'inquiètent également des conséquences de la réforme dite de la "Justice du XXIe siècle", qui pourrait leur attribuer des missions aujourd'hui assurées par des magistrats.
Marie et Pierre, 25 ans, futurs greffiers en chef, s'attendent à être "au cœur du réacteur". "On sait qu'il va y avoir des difficultés budgétaires et de ressources humaines, mais on a hâte de prendre nos fonctions", s'enthousiasme la jeune femme.
"On comptait les crayons"
Une quadragénaire, en passe de devenir chef également, raconte "la disette" vécue lors d'un stage dans un tribunal d'instance, où "on comptait les crayons et on utilisait le papier jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place pour écrire". "On fait avec les moyens du bord, mais comme les gens sont de bonne volonté, on y arrive toujours", positive-t-elle.Pour une autre, "les revendications sont légitimes, on en a entendu parler et on sait ce qui se passe mais à l'ENG, on est un peu en vase clos et il n'y a pas eu de mouvement de protestation à l'intérieur". Néanmoins, quelques stagiaires ont pris part récemment à un rassemblement de greffiers devant le tribunal de grande instance de Dijon.
"Un des fleurons de la fonction publique française"
L’ENG a été créée en 1974 à Dijon. L’école forme cette année, sur 18 mois, 1 241 stagiaires greffiers et greffiers en chef.La profession est "un des fleurons de la fonction publique française", explique le directeur de l'école, Stéphane Hardouin. Celui-ci dit "ne pas avoir à faire de commentaires" sur le mouvement des "greffiers en colère". "Ce que je vois, ce sont des jeunes enthousiastes et remarquables dans leurs compétences, qui ont une vision très claire de leur mission", souligne-t-il.
Pour Stéphane Hardouin, le greffier, qu'il définit notamment comme un "technicien de la procédure", a connu une "évolution considérable du métier" avec une "densification liée à la complexification accrue des procédures". "La justice est en mouvement, peu d'administrations se sont autant adaptées et modernisées", estime-t-il, expliquant que la réforme envisagée par le ministère a pour "idée de travailler en équipe".