Une trentaine de Faucheurs Volontaires de Bourgogne ont investi les locaux du groupe Dijon-Céréales, à Longvic, dans l’agglomération dijonnaise, lundi 21 juillet 2014, vers 9h. Leur objectif : " la recherche de semences de variétés de colza rendues tolérantes à un herbicide (VrTH)".
Que cherchaient les Faucheurs Volontaires de Bourgogne ?
"Ces variétés sont brevetées, elles ont été manipulées génétiquement pour tolérer des pesticides. Ce sont donc bien des OGM, puisque définis comme tels par les directives européennes", expliquent les militants écologistes."Mais comme elles sont sorties de leur champ d'application, les semences de ces variétés ne sont pas étiquetées comme OGM, les parcelles de culture ne sont pas identifiables, et les récoltes ne sont pas séparées des autres variétés", précisent-ils.
Pourquoi lancent-ils cette action ?
"Le colza est une culture incontrôlable : dissémination et contamination par le flux de pollen, par les graines lors des opérations de récolte, transport, stockage. Par ailleurs, les herbicides concernés provoquent rapidement des résistances de la part des plantes indésirables que l'on veut contrôler.D'autres systèmes agraires sont très présents en Bourgogne : agriculture biologique, travail avec des semences paysannes, et ils seront menacés de disparaître.
Quelle est la législation sur la culture des OGM en France ?
Les semenciers cachent aux paysans la vraie nature de ces semences (pas d'étiquetage OGM) Nous appelons les agriculteurs à ne pas céder aux mirages scientistes qui ne tiennent aucun compte de la capacité de réaction de la nature à s’adapter en développant systématiquement des résistances aux pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, antibiotiques …)", précisent encore les Faucheurs Volontaires de Bourgogne."Aujourd’hui, aucune culture transgénique n’est autorisée en France, nous demandons que ces variétés soient également interdites. Dans l’urgence, en prévision des semis imminents de colza, nous demandons expressément au gouvernement de mettre en place le moratoire que nous réclamons depuis deux ans sur les colzas et tournesols mutés rendus tolérants aux herbicides", concluent-ils.
Qu'ont trouvé les Faucheurs Volontaires ?
Du côté de Dijon Céréales, on joue la carte de la transparence. Les Faucheurs Volontaires ont visité les locaux de et discuté pendant deux heures avec les responsables du groupe agricole. "On n'a rien à cacher", explique Didier Quintard, responsable communication de Dijon Céréales. "Le colza dont il est question est un colza qui, aujourd'hui du point de vue de la réglementation européenne, n’est pas reconnu comme OGM", dit-il. Dijon Céréales précise que "le colzaClearfield n'est pas un OGM : il n'est pas issu de l'introduction d'un gène extérieur au colza, mais d'une technique de sélection dite par mutagénèse qui utilise les mutations naturelles des plantes".
L'inquiétude des militants vient de ce que cette variété de colza est actuellement testée sur la plate forme d'innovation agronomique Fromenteau de Dijon Céréales. "Cela concerne 50 hectares, soit un millième de la surface de nos adhérents, et il est utilisé comme biocarburant", répond Didier Quintard.
Les Faucheurs Volontaires ont quitté les locaux de Dijon Céréales vers 11h sans avoir trouvé la variété de colza incriminée.
Dijon Céréales est le principal groupe agricole et agroalimentaire de Bourgogne Franche-Comté. Il exerce plusieurs activités variées qui vont des métiers du grain (coopératives de collecte et d’approvisionnement) à la meunerie, en passant par les productions légumières, la distribution verte ou la logistique.
Reportage d’Elza Bezin et Daniel Waxin avec :
- Fabien Houyez, membre des Faucheurs Volontaires de l'Yonne
- Didier Quintard, responsable communication de Dijon Céréales