Pierre Gonzalez de Gaspard, l’avocat emblématique des disparues de l'Yonne, est mort

L'avocat Pierre Gonzalez de Gaspard est mort des suites d'un cancer samedi 2 août 2014. C’est lui qui avait sauvé de l'oubli l'affaire des disparues de l'Yonne et fait condamner Emile Louis à la réclusion criminelle pour le meurtre des sept jeunes femmes.

Qui était Pierre Gonzalez de Gaspard ?

Issu d'une famille d'origine espagnole, Pierre Gonzalez de Gaspard, né le 14 janvier 1928, était inscrit au barreau de Paris depuis 1952. Ce polyglotte a régulièrement plaidé devant des juridictions espagnoles, britanniques ou allemandes. Pierre Gonzalez de Gaspard avait démarré sa carrière dans le droit commercial. Il avait conseillé notamment le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz.

Ce n'est qu'à la fin des années 1980 que ce passionné de musique classique, de littérature et de poésie, devait se tourner résolument vers le droit pénal. Ce Parisien de naissance a notamment assuré la défense de Pierre Chanal, le principal suspect de l'affaire des disparus de Mourmelon. Il a aussi défendu Patrice Padé, un routier accusé du meurtre de la jeune collégienne britannique Caroline Dickinson, mais finalement innocenté grâce à des tests ADN.

A quelle occasion le grand public l'a-t-il découvert ?

C'est le 2 septembre 1996 que la France découvre Me Gonzalez de Gaspard. A l'occasion de l'émission "Perdu de vue" sur TF1, il accompagne sur le plateau des proches de sept jeunes filles disparues durant les années 1970 dans la région d'Auxerre, dans l'Yonne.

Souffrant de déficiences mentales, elles étaient toutes pensionnaires d'établissements spécialisés de l'Yonne et n'avaient plus donné signe de vie après leur disparition.


L'intervention télévisée allait relancer l'enquête qui était au point mort. Mais, le juge d'instruction rendit une ordonnance de refus d'informer, synonyme de la fin des investigations. Me Gonzalez de Gaspard avait alors saisi la chambre de l'instruction, qui allait annuler cette ordonnance et estimer que les éléments connus justifiaient bien une instruction.

En 2007, trente ans après les faits et au terme de dix ans de batailles de procédure, Emile Louis était définitivement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat des sept jeunes femmes.

Un combat gagné aussi grâce à la persévérance du gendarme Christian Jambert, qui poursuivit son enquête malgré de nombreuses pressions et fut le premier à prouver la responsabilité d’Emile Louis.

Pourquoi a-t-il été marqué par l'affaire Francis Heaulme ?

Plus récemment, l'avocat s'était beaucoup impliqué dans la défense du tueur en série Francis Heaulme, accusé du double meurtre de Montigny-lès-Metz. Me Gonzalez de Gaspard avait néanmoins été révoqué par le tueur quelques minutes seulement avant l'ouverture du procès aux assises de Moselle, en mars 2014. "Ça l'a beaucoup marqué", dit un de ses fils Philippe, avocat lui aussi.

Reportage de Nathalie Baffert