Il y a 30 ans, le petit Grégory était assassiné. Le juge Jean-Michel Lambert a longtemps été désigné comme l'un des responsables du fiasco judiciaire de cette affaire, qui fut délocalisée à Dijon et qui n’est toujours pas résolue. "Le petit juge" fait son mea culpa dans un livre qui va sortir.


De quoi s’accuse le juge Jean-Michel Lambert ?

Le magistrat sera à la retraite le 8 septembre 2014. Il publie jeudi 4 septembre son onzième ouvrage, qui s’intitule "De combien d'injustices suis-je coupable ?". "C'est un mea culpa", dit-il, "mais tous mes pairs pourraient suivre la même démarche. Nous sommes tous amenés à commettre des fautes", affirme-t-il.

Jean-Michel Lambert est "obsédé" par les erreurs judiciaires depuis qu'il a instruit il y a trente ans l'enquête sur le meurtre du petit Grégory Villemin. Le 16 octobre 1984, le cadavre du garçon de quatre ans est retrouvé, ligoté dans la rivière la Vologne, dans les Vosges. A l’époque, Jean-Michel Lambert a 32 ans et il est le seul juge d'instruction à Epinal, son premier poste.

"Je n'étais pas trop jeune, mais débordé. J'avais des centaines de dossiers à traiter. Au début, je n'ai pas pu accorder toute l'attention qu'elle méritait à cette affaire", reconnaît-il.



Le juge Lambert est-il le seul responsable de ce fiasco ?

Inculpations et incarcérations infructueuses (celle de Bernard Laroche, cousin des Villemin, puis de Christine Villemin, la mère de l'enfant), investigations bâclées, erreurs de procédure, violation du secret de l'instruction : pour beaucoup, le magistrat est en partie responsable de ce fiasco, qui se déroule sous le regard d'une presse surexcitée.

Mais, pour Paul Prompt, avocat de la famille Laroche, "focaliser l'attention sur ce seul juge Lambert a permis d'atténuer l'échec de l'institution judiciaire" dans son ensemble.

Le "petit juge", qui a aujourd'hui 62 ans, admet que cette affaire l'a "bouffé, meurtri, marqué à vie". "J'avais des accès de boulimie, je voyais se profiler une dépression. C'est pourquoi j'ai demandé une mise en disponibilité" à l'automne 1986, raconte-t-il. Il ne reviendra jamais à l’instruction.



Pourquoi la cour d’appel de Dijon est-elle concernée par l’affaire Grégory ?

En mars1987, la Cour de cassation renvoie l'affaire devant la Cour d'appel de Dijon qui ordonne un supplément d'informations. Suite aux insuffisances de l'investigation criminelle dans cette affaire, les pouvoirs publics décident la création de la Section technique d'investigation criminelle (STIC), futur Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.

En février 1993, Christine Villemin, qui fut défendue notamment par un jeune avocat nommé Arnaud Montebourg, bénéficie d'un non-lieu.

Des analyses ADN ont été effectuées sur des cordelettes utilisées pour ligoter le petit garçon et sur un cheveu retrouvé sur son pantalon. Elles ne donneront rien. Aujourd’hui, on ignore toujours qui a tué Grégory Villemin. Ce dossier a valu à l’Etat plusieurs condamnations pour son "inaptitude à remplir sa mission".

Pour sa part, le juge Jean-Michel Lambert ferme la porte sur sa carrière, en esquissant dans son livre des réformes pour tenter de mieux réparer les injustices "dont sont victimes des centaines de milliers de justiciables chaque année".
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