"Sans médecin, c'est la fin", ont scandé un millier de personnes mercredi 19 novembre 2014. Les manifestants protestaient contre le futur départ des deux derniers médecins libéraux de Château-Chinon, sous-préfecture de la Nièvre.
Une maison médicale peut-elle vivre sans médecin?
La maison médicale de Château-Chinon, qui a ouvert ses portes en septembre 2010, reçoit 5 500 patients par an. Elle devait accueillir quatre médecins généralistes. Mais, après deux départs, les deux derniers médecins ont annoncé qu'ils exerceraient ailleurs à partir du 31 janvier 2015."Une maison médicale peut-elle vivre sans médecin?" alerte Fabienne Briet, orthophoniste au sein de la maison de santé, qui défilait au côté de deux kinésithérapeutes et six infirmiers.
"C'est très triste, on est une sous-préfecture de la Nièvre", qui fut dirigée par François Mitterrand de 1959 à 1981, souligne-t-elle. "On va mourir".
#chateauchinon#sante# premier discours du médecin retraité Dujol : une ville sans soins est une ville sans espoir
— Laure Brunet (@brunet_laure) 19 Novembre 2014
"Ici gît la médecine, à notre ville regrettée"
Mercredi après-midi, l'ensemble des commerçants de Château-Chinon, y compris le supermarché, ont baissé leur rideau en solidarité avec les manifestants. Le cortège était précédé d'un cercueil sur lequel était posée une couronne de fleurs avec l'inscription: "Ici gît la médecine, à notre ville regrettée". Les manifestants étaient un millier selon les organisateurs et 850 selon la gendarmerie.Dans la manifestation, on pouvait notamment lire sur des banderoles : "Le Morvan a droit à un système de santé de qualité".
"A la pharmacie, on est en première ligne", s'inquiéte Catherine Neau, préparatrice en pharmacie. "Si les gens vont consulter à Autun, en Saône-et-Loire, ils achèteront leurs médicaments là-bas et y feront aussi leurs courses et Château-Chinon va mourir", dit-elle. Ici, le supermarché est le deuxième employeur de la ville après l'hôpital.
Où recruter des médecins généralistes ?
Dans le cortège, Lydia Perruchot, aide-soignante de 50 ans, se fait "le porte-parole" de ses patients: "On parle beaucoup du maintien à domicile des personnes âgées, mais il faudrait mettre les moyens en face.""Sans médecin, les patients se demandent s'ils vont devoir aller en institution", explique-t-elle.
"Nous mettons tout en oeuvre pour recruter des médecins généralistes", a assuré le maire PS Guy Doussot devant les manifestants. "Nous aurons recours à un chasseur de tête avec toute la prudence qui s'impose", a-t-il ajouté. Et pour cause !
A Château-Chinon, le recrutement d'un dentiste néerlandais par un chasseur de tête a laissé des traces : des dizaines de patients, qui se disent "mutilés", ont porté plainte contre le dentiste indélicat. Après avoir pris la fuite au Canada, l'homme a été transféré dans son pays natal. La France est en passe d'obtenir son extradition.