Areva va dévoiler son plan de redressement, après des pertes records en 2014

Le géant français du nucléaire Areva doit expliquer mercredi 4 mars 2015 comment il compte redresser la barre après avoir accusé près de 5 milliards d'euros de pertes en 2014. Les syndicats craignent un impact social sans précédent pour le groupe public.

 

Cette crise est suivie de près en Bourgogne, où le secteur représente plus de 10 000 emplois. Le géant Areva possède plusieurs sites en Saône-et-Loire : Areva Creusot Forge,  Areva Saint-Marcel, Areva Chalon-sur-Saône. C’est notamment dans l’usine de Chalon/Saint-Marcel qu’a été fabriquée la cuve du réacteur nucléaire de 3e génération EPR pour le site de  Flamanville, dans la Manche.


A combien s’élèvent les pertes d’Areva ?

Areva a devancé la semaine dernière la publication de ses résultats annuels en annonçant une perte nette record de 4,9 milliards d'euros : ce montant – qui est supérieur à sa valeur en Bourse (3,7 milliards) – est la conséquence de nouvelles provisions et de la dépréciation de certains actifs.

Le chiffre est encore provisoire -il sera confirmé mercredi-, mais il laisse augurer de l'ampleur des mesures à venir pour restaurer la compétitivité et les moyens financiers du groupe.
Le chiffre d'affaires 2014, publié début février, a lui reculé de 8% à 8,34 milliards d'euros.


Comment en est-on arrivé là ?

Un marché du nucléaire au ralenti depuis Fukushima, des retards à répétition sur les chantiers des réacteurs de troisième génération EPR, un manque de compétitivité...
Les facteurs à l'origine de ce gouffre financier sont identifiés. Il reste à trouver la parade pour l'avenir.

Selon des informations de presse, Areva pourrait céder certains de ses actifs, totalement ou en partie, pour plus d'un milliard d'euros. Des cessions dans les mines d'uranium, la logistique ou encore l'activité de démantèlement de sites nucléaires seraient à l’étude.

Un plan d'économies de grande ampleur est aussi à attendre. Pour réduire ses coûts, le groupe aurait deux leviers majeurs : sa politique d'achats et ses frais de personnel.



Que redoutent les salariés ?

Areva comptait 45 340 collaborateurs, fin 2013, dont les deux tiers en France.
Des suppressions d'emplois dans l'Hexagone seraient une première dans le groupe, qui est détenu à plus de 87% par des capitaux publics. S'il faudra attendre quelques semaines voire quelques mois pour en avoir le chiffrage, les syndicats d'Areva disent déjà redouter un "impact social sans précédent" et déplorent que les salariés fassent les frais d'un "naufrage" dans lequel ils estiment n'avoir "aucune responsabilité". 

Le groupe, dirigé depuis janvier 2015 par le tandem Philippe Varin-Philippe Knoche, devra aussi trouver les moyens de renflouer ses caisses, par une augmentation de capital par exemple.
Areva est en effet dans le rouge depuis quatre années consécutives, et la perte annoncée pour 2014 représente près des trois quarts de ses capitaux propres (6,6 milliards d'euros à fin 2013).


 

Comment Areva peut-il s’en sortir ?

Mais, le gouvernement ne mettra pas la main à la poche dans l'immédiat, a averti le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. "Ce n'est pas la priorité. Areva a aujourd'hui beaucoup à faire par elle-même", a déclaré le ministre.
Quant à une prise de participation d'EDF ou de GDF Suez dans certains actifs du groupe, l'hypothèse n'est "pas sur la table", a affirmé le ministre.

Pourquoi pas une convergence entre Areva, EDF et le CEA ?

Sur le plan industriel, la ministre de l'Energie Ségolène Royal a dit vouloir mettre en place "une stratégie de convergence entre les entreprises du nucléaire, Areva, EDF et le CEA, pour qu'il y ait un projet industriel qui justifiera des décisions financières".

Les équipes d'EDF et d'Areva ont, depuis quelques mois, engagé "des chantiers d'amélioration de (leur) efficacité opérationnelle (...) de façon à travailler en meilleure intelligence et à coopérer sans aucune arrière-pensée", déclarait aussi récemment Jean-Bernard Lévy, PDG de l'électricien public. Ils concernent les chantiers en cours (EPR de Flamanville, maintenance du parc nucléaire, etc.), la conception de réacteurs neufs et le cycle du combustible, notamment la conversion d'uranium, a-t-il détaillé.

Le groupe devra aussi dire s'il confirme son choix du modèle "intégré" –allant de l'extraction d'uranium au traitement des déchets issus des centrales nucléaires- promu par Anne Lauvergeon (présidente de 2001 à 2011) et repris par son successeur Luc Oursel, mais critiqué notamment en mai par la Cour des comptes dans un rapport préliminaire.
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