Vote blanc : est-ce la solution contre l’abstention et la montée des extrêmes ?

Les partisans du vote blanc montent à nouveau au créneau à l’occasion des élections départementales qui auront lieu les 22 et 29 mars 2015. Ses défenseurs y voient une solution à l’abstention et à la montée du FN.

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Voter blanc, c’est glisser dans l’urne un bulletin vierge ou une enveloppe vide. C’est exprimer sa volonté de participer au processus électoral, mais en signifiant que les choix proposés ne sont pas satisfaisants. Depuis les élections européennes d’avril 2014,  les votes blancs ne sont plus assimilés aux votes nuls.

Ce débat sur la reconnaissance des bulletins vierges ne date pas d’hier. Ou plutôt, il existe depuis que les élections existent en France. L’assimilation vote blanc/vote nul a été formalisée pour la première fois en 1852. Depuis, les propositions de lois pour les distinguer ne cessent d’être soumises au Parlement. On en dénombre pas moins de huit sous le seul mandat de Nicolas Sarkozy.



Une loi a bien été adoptée en 2003, mais en raison d’une abstention massive à l’Assemblée, elle n’a jamais été discutée par le Sénat. C’est en février dernier que le Parlement a adopté la première loi visant à reconnaître le vote blanc.

Un timide premier pas


La loi (portée par Jean-Louis Borloo et François Sauvadet, président du conseil général de la Côte-d’Or) a été adoptée par le Parlement le 12 février 2014.

La version initiale proposait de comptabiliser les votes blancs dans les suffrages exprimés. Car ce sont les suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls) qui sont pris en compte au moment du calcul des résultats finals.


Néanmoins, une modification de la Constitution est nécessaire pour instaurer cette version de la loi. C’est une procédure très lourde et complexe. Cet argument a amené Jean-Louis Borloo et François Sauvadet à proposer une version moins poussée de leur texte devant le Parlement.

La version finalement adoptée distingue les votes blancs des votes nuls, mais ne les prend pas en compte dans le calcul de la majorité absolue ou relative.

Le texte final entend faire du vote blanc un indicateur de la satisfaction des citoyens. La loi sur le vote blanc est entrée en vigueur à l’occasion des élections européennes, en mai dernier. Lors de ce scrutin, les bulletins blancs ont représenté 2,77% des votes.

Des candidats qui ne veulent pas siéger


Pourtant, les partisans du vote blanc ne sont pas satisfaits. La loi été qualifiée de « miettes fantômes de démocratie » par l’association « Citoyens du Vote Blanc », qui compte 4 000 adhérents au niveau national.


L’association milite pour la comptabilisation des bulletins blancs dans les suffrages exprimés. Elle souhaite redéfinir les règles du jeu politique : « Il faut que les politiques s’interrogent sur leurs propositions. Aujourd’hui, un citoyen qui vote choisit le moins mauvais ou vote en sanction. Il n’a pas le choix de dire non à l’ensemble des propositions » assène Roger Chocat, adjoint au maire de Saint-Parize-le-Châtel, dans la Nièvre. Il est candidat aux élections départementales dans le canton de Saint-Pierre-Le-Moutier avec son binôme Lisiane Delbert. « Les candidats Citoyens du Vote Blanc prêtent leurs noms au citoyens qui souhaitent que leur vote blanc soit pris en compte».

Leurs intentions sont clairement affichées : « nous n’avons pas vocation à siéger. Nous ne sommes pas des pros de la politique. Si nous sommes élus, nous démissionnerions afin de convoquer de nouvelles élections et amener les politiques à se remettre en question ».

Le vote blanc facteur d’instabilité politique ?


Roger Chocat reconnaît que comptabiliser le vote blanc peut déstabiliser la vie politique, en rendant la majorité absolue plus difficile à atteindre.


Effectivement, pour remporter une élection, il faudrait dépasser le score du candidat adverse plus les votes blancs. Pour les présidentielles de 2012, les résultats officiels du ministère de l’Intérieur font état de 2 154 956 bulletins blancs ou nuls au second tour (5,82% des votants).

En comptabilisant ces chiffres parmi les suffrages exprimés, François Hollande aurait obtenu 48,63% au lieu de 51,63 %. N’atteignant pas la majorité absolue de 50% des suffrages exprimés, il n’aurait pas pu être élu. Une situation similaire aurait été observée lors de la première élection de Jacques Chirac, en 1995.

Voter blanc plutôt que bleu Marine ?


« Citoyens du vote blanc » présente son combat comme une solution à la montée des extrêmes : « reconnaître le vote blanc permettrait le retour d’un certain nombre de nos concitoyens vers les urnes », estime Roger Chocat. « Ils auraient la possibilité d’exprimer le refus des choix proposés tout en participant au processus démocratique. Accroître la participation permettrait de diminuer statistiquement le phénomène de montée des extrêmes ».



On peut se demander si le vote de protestation de certains électeurs du FN pourrait se reporter sur le vote blanc si celui-ci était pris en compte dans les suffrages exprimés.

Une étude IFOP pour Synopia effectuée au mois de septembre 2014 semble révéler le contraire.

Les sondeurs ont demandé aux électeurs des principaux candidats à l’élection présidentielle de 2012 quel serait leur choix si le vote blanc était pris en compte lors des présidentielles de 2017.

On peut lire que 33% des électeurs de François Bayrou voteraient blanc. Ce chiffre tombe à seulement 11% chez les électeurs de Marine Le Pen.

Les électeurs du FN se reporteraient donc très faiblement sur le vote blanc si celui-ci venait à être pris en compte.
Le vote blanc : un casse-tête pour tous les types d’élections
Reconnaître le vote blanc poserait également un certain nombre de difficultés dans le cas des élections proportionnelles. Pour les législatives, par exemple, la question de l’attribution des sièges correspondant au pourcentage de votes blancs se pose. On peut aussi citer le référendum, où les bulletins vierges et les enveloppes vides feraient diminuer la part du « oui », et seraient donc comptabilisés du côté du « non ». Voter blanc à un référendum reviendrait donc à voter « non ».
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