Les céréaliers sont inquiets. Les fortes chaleurs accompagnées d'un manque de pluie ont un effet catastrophique sur les cultures de soja et de maïs. Certains envisagent même d'arrêter leur activité tant les rendements s'annoncent minces cette année.
Une récolte en baisse de 15 à 20%
Desséchée par la canicule et le manque d'eau, la prochaine récolte nationale de maïs pourrait être en baisse de plus de 15% par rapport à l'an dernier, pesant sur les revenus des céréaliers, mais aussi des éleveurs qui l'utilisent pour nourrir leurs bêtes. Alors que la moisson de blé, après des inquiétudes début juillet, s'annonce finalement très bonne, celle de maïs, prévue pour le début de l'automne, est beaucoup plus incertaine.Car la sécheresse a frappé pendant la phase de fécondation des maïs, beaucoup plus critique que celle de maturation dans laquelle se trouvaient les épis de blé.
Environ 40% des champs de maïs "grain" (le plus répandu) sont irrigués, mais pour les autres, "il y a un gros souci, surtout dans l'Est et le Centre", souligne Luc Esprit, directeur général de l'Association des producteurs de maïs (AGPM).
Plus au sud, la situation est également difficile: les baisses de production pourraient être de 40 à 60% dans la région Rhône-Alpes. Dans la Bresse, "d'habitude une terre fertile pour le maïs", les rendements pourraient chuter à une à deux tonnes de maïs par hectare, contre 11 l'an dernier, prévoit Daniel Martin, vice-président de l'AGPM basé dans l'Ain.
Comptes dans le rouge
Pour les céréaliers, "déjà très mal en point l'an dernier avec une récolte de blé catastrophique", la sécheresse "va faire perdurer les comptes dans le rouge", prévoit l'agriculteur. Les éleveurs, déjà étranglés par des prix trop faibles qui les ont poussés à manifester mi-juillet, vont en souffrir aussi. Dans de nombreuses zones, les prairies destinées à nourrir le bétail sont grillées."Leurs charges pour l'alimentation des animaux vont augmenter car ils vont devoir acheter du foin ou du maïs", explique M. Martin.Si la demande intérieure pour le maïs augmente, la France, qui exporte habituellement la moitié de sa production, pourrait donc réduire ses ventes à ses voisins européens. "L'Union européenne est importatrice de maïs, elle le sera davantage", estime Luc Esprit. Mais malgré la baisse probable de production en France, qui pourrait aussi toucher la Roumanie, "les prix ne sont pas à la hausse, car la production mondiale est globalement au rendez-vous", ajoute-t-il.
Surtout aux Etats-Unis, qui font pousser environ un tiers du maïs dans le monde, soit 300 millions de tonnes, quand l'UE dans son ensemble n'en produit que 60 millions. On arriverait donc à "une double sanction pour les producteurs français: moins de rendements et moins de prix", résume M. Esprit.
Le reportage de Viviane Dauphoud-Eddos et Tiphaine Pfeiffer
Intervenant :- Sébastien Sordel, Agriculteur
Il y a d'un côté, les bonnes moissons : généreuses et précoces, elles ont profité de la canicule !
Mais de l'autre, les cultures qui payent un lourd tribut à cette sécheresse ! Le maïs et le soja de la région dépérissent. Ils sont tout simplement inexploitables. Certains agriculteurs envisagent même de cesser de produire ces cultures de printemps.
Viviane DAUPHOUD-EDDOS et Tiphaine PFEIFFER ont rencontré l'un d'eux. A Tréclun (Côte-d'Or)