Agriculture : alerte à la canicule dans les champs de blé

La France compte parmi les cinq grands producteurs mondiaux de blé. Mais, les températures caniculaires attendues cette semaine menacent d'altérer la récolte. Le risque est particulièrement élevé dans le Centre et en Bourgogne.

 

Reportage : Stéphane Robert et Claude Heudes / Montage : Rachel Nectoux
Intervenants :

  • Arnaud Delestre, agriculteur
  • Eric Ducornet, responsable « nouvelles cultures » à la coopérative 110 Bourgogne


Pourquoi les céréaliers sont-ils anxieux ?

A l'annonce de 40°C et plus à partir du mercredi 1er juillet 2015, les autorités ont déclenché une alerte sanitaire.
Le marché des céréales est lui aussi en état d'urgence. "Une semaine caniculaire quand on arrive au stade de maturation du grain, c'est au minimum une perte de rendement", redoutent les producteurs.

Ils craignent un phénomène d'échaudage, qui a été minutieusement décrit par l'historien du climat Emmanuel Le Roy Ladurie. Cela aurait été un des éléments déclencheurs de la Révolution française en 1789. La chaleur intense en période de remplissage du grain, va griller la plante et ses dernières feuilles, atténuer le poids des grains de blé, donc les rendements, et la qualité.



Quelles sont les régions les plus menacées ?

"C'est inévitable avec des températures comme celles annoncées", prévient Dominique Chambrette, agriculteur dans l’Yonne et vice-président de l'Association des producteurs de blé (AGPB). Tout au plus espère-t-il une atténuation des effets de l'échaudage sur les plantes qui ont pu s'enraciner profondément au printemps du fait du manque d'eau qui les a poussées à puiser dans le sous-sol.

C'est principalement dans les régions céréalières du centre, des pays de Loire et en Bourgogne que le risque est le plus élevé. Or, observe Sébastien Abis, spécialiste de la "Géopolitique du blé à l'Institut des Relations internationales et stratégiques (Iris), "la région Centre est l'une des plus importantes zones céréalières du monde et la première d'Europe" et assure "10 à 15% de la production française".


Quelles sont les raisons de rester optimistes ?

Les producteurs se préparent à une moisson anticipée d'une bonne semaine, autour du 14 juillet.
Courtier chez Plantureux et Associés et fin observateur du marché, Edward de Saint-Denis relativise encore la menace : "On attendait une récolte record autour de 38 millions de tonnes, elle sera plus vraisemblablement entre 37 et 37,5 millions de tonnes", ce qui place tout de même l'Hexagone au premier rang européen et 4e exportateur mondial (derrière la Chine, les Etats-Unis et la Russie).

"On va perdre quelques pour cent, en poids et volume, avec ponctuellement quelques problèmes de teneur en protéines, mais rien de très affolant", veut-il croire. "Ça reste une bonne récolte".

A condition qu'à l'épisode caniculaire ne succède pas, comme c'est souvent le cas, un excès de pluies qui provoquerait en pleine maturité des épis une perte de qualité déjà éprouvée l'an dernier.

L'an dernier, un épisode de sécheresse prolongée avait cédé la place mi-juillet à des conditions anormalement humides. Ces pluies avaient dégradé les blés dans les champs et provoqué leur germination. Cette perte de qualité s'était faite ressentir sur certains marchés privilégiés comme l'Algérie.
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