Alstom : l'État et le groupe mettent la main à la poche pour sauver l'usine de Belfort

Quinze TGV à étage, qui s'ajoutent aux six destinés à la ligne Lyon-Turin, plus vingt locomotives dépanneuses : le gouvernement et Alstom ont annoncé une pluie de commandes et d'investissements étalés sur quatre ans, pour maintenir et développer l'activité de l'usine de Belfort, un temps menacée.

"Le site d'Alstom de Belfort est sauvé !", a affirmé le Premier ministre, Manuel Valls, sur son compte Twitter. Venu à Belfort avec trois commandes de trains, le secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue, a confirmé que "des pistes nouvelles ont été ouvertes (et) vont permettre le maintien d'une activité ferroviaire et industrielle" sur le site de Belfort. Le projet de restructuration initial d'Alstom est enterré. Le groupe avait annoncé, le 7 septembre, le transfert d'ici à 2018 de l'ingénierie et de la production de son site de Belfort vers celui de Reichshoffen, 200 km plus au nord, en Alsace.

L'avenir de l'usine belfortaine, bâtie en 1879, berceau de la première motrice TGV dans les années 1970, était devenu une priorité pour l'exécutif. François Hollande lui-même avait promis que "tout sera(it) fait" pour maintenir l'activité et les quelque 400 emplois menacés de déménagement. Cet "objectif", fixé par le chef de l'État, a donc été acquis "à court terme avec de la commande publique", a précisé M. Sirugue. L'État va acheter 15 TGV pour les lignes Intercités Bordeaux-Marseille et Montpellier-Perpignan, "par anticipation de l'arrivée des lignes à grande vitesse" sur ces trajets, pour un montant total d'environ 450 millions d'euros.

La SNCF est, comme prévu, mise à contribution avec une commande de 6 TGV pour la liaison à grande vitesse Paris-Turin-Milan, un marché estimé à 200 millions d'euros. Autant de trains dont les motrices (deux par rames, soit 42 au total) seront assemblées à Belfort, mais qui donneront aussi du travail à d'autres sites d'Alstom en France, notamment La Rochelle (voitures TGV), Ornans (moteurs) et Le Creusot (bogies), a souligné M. Sirugue. La SNCF commandera en outre 20 locomotives diesel "destinées au secours des trains en panne", qui seront également produites à Belfort, pour un montant non spécifié.

Des syndicats satisfaits mais vigilants


De son côté, Alstom s'engage à investir 40 millions d'euros en trois temps dans son usine franc-comtoise, dont 30 millions pour le développement et la production d'un nouveau modèle de locomotive de manoeuvre hybride ou diesel. Le groupe dépensera en outre 5 millions d'euros d'ici à 2019 pour moderniser les ateliers de maintenance ferroviaire du site de Belfort, avec l'objectif de doubler les effectifs sur cette activité, soit 150 salariés à terme.
Enfin, Alstom investira 5 millions d'euros supplémentaires d'ici à 2020 pour diversifier la production de Belfort et l'orienter vers d'autres types de trains, mais aussi de véhicules routiers, notamment le bus électrique.

"Il nous a semblé nécessaire d'élargir la palette de compétences du site de Belfort", a déclaré le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, soulignant que ce projet de bus électrique "est en train de mûrir (mais) n'est pas encore au stade du lancement". Les collectivités interviendront aussi à hauteur d'un million d'euros "pour électrifier une voie, ce qui va permettre d'accueillir un certains nombre de trains pour des révisions", a précisé le député-maire de Belfort, Damien Meslot (LR).

Les syndicats, qui avaient appelé à une manifestation ayant rassemblé près de 300 personnes mardi, étaient dans l'ensemble satisfaits du plan présenté, mais prudents sur la survie du site à long terme. Les annonces du gouvernement vont "dans le bon sens, mais il faudra être vigilant", a réagi André Fages, délégué CFE-CGC du site de Belfort, qui espère que le privé prendra le relais des commandes publiques : "Nous ne pouvons pas compter que sur l'État." "Aujourd'hui, Belfort n'est pas rayé de la carte. Pas pour toujours, mais c'est déjà pas mal", s'est félicité Pascal Novelin, délégué CGT du site, qui souhaite "que le TGV du futur soit fabriqué à Belfort".

Alstom et la SNCF doivent en effet concevoir d'ici à la fin de 2017 une cinquième génération de TGV, sans garantie de commandes à ce stade. L'industriel et l'État, via l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), investiront 30 millions d'euros sur deux ans dans ce projet.
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