L’application numérique StopCovid sera disponible dès le mardi 2 juin. A l’origine de nombreux débats, cet outil va-t-il être téléchargé par les Francs-Comtois ? Nous leur avons posé la question.
Edouard Philippe a annoncé ce jeudi 28 mai le plan de la deuxième phase du déconfinement. Lors de son allocution, le Premier ministre a invité tous les Français à télécharger l’application de traçage StopCovid. Confiant sur son utilité, il a assuré que « toutes les garanties » étaient prises pour respecter les libertés et le droit à la vie privée.L’arrivée prochaine de StopCovid ne laisse personne indifférent. Pour Marianne, « il est hors de question de télécharger cette application. » Elle va même jusqu’à dénoncer « une atteinte aux libertés individuelles » et aux droits de l’Homme. « Cette application de surveillance par l'Etat ne sera pas sur mon téléphone, bien que nous donnons des informations personnelles à des multinationales, ce n'est pas la même chose. Google, Apple, Facebook utilisent nos données en masse, pour du ciblage de masse pas en tant que propre individu comme l'Etat souhaite le faire » explique la jeune femme.
« Ma santé, c’est ma vie privée » proteste Damien
Damien ne voit pas l’intérêt de télécharger une telle application. « Je ne vois pas en quoi ça protégerait mes proches et moi-même » considère-t-il. Le Bisontin préfère respecter les gestes barrières. « On donne une réponse technique à un problème sanitaire. »
En plus de l’aspect sanitaire, Damien s’inquiète de la sécurité de ses données personnelles. « Je ne souhaite pas prendre le risque de me faire pirater dans la rue car mon Bluetooth est activé » avoue le Franc-Comtois.
« Une pression morale s’exerce sur les personnes atteintes du Covid-19 » indique-t-il. Il justifie son propos en répondant « ma santé, c’est ma vie privée ».
« Avec StopCovid, on ne traque pas les gens » estime John
John S. est plutôt favorable à cet outil, estimant que « c’est un enjeu de santé publique ». Il est confiant quant à son mode d’utilisation. « On est sur du Bluetooth et pas de la localisation GPS, on ne traque pas les gens » explique cet autre Bisontin.
Une seule condition pourrait le dissuader d’utiliser ce système. « Une faille dans la sécurité de cette application est l’unique raison pour me faire douter » avoue-t-il.
#StopCovid | La crainte du #COVID19 nous a fait renoncer à nombre de nos droits et libertés mais il n’est pas acceptable que pour l’endiguer une majorité décide de se soumettre à un contrôle permanent. Ce serait la porte ouverte à une surveillance technologique généralisée. pic.twitter.com/brnuZt9Vwm
— LDH France (@LDH_Fr) May 28, 2020
La Ligue des Droits de l’Homme et l’association Tinternet se disent inquiets
Jean-Pierre Debuissy, délégué régional de la Ligue des Droits de l’Homme de Franche-Comté, fait part de ses craintes sur l’appli StopCovid. Il indique que « cet outil peut être dangereux pour nos libertés individuelles ».
Dans un article publié le 28 mai sur leur site officiel, la Ligue des Droits de l’Homme dénonce le « manque de sécurité du Bluetooth » facilitant le piratage des données du téléphone. Elle avertit aussi sur l’exclusion des personnes de plus de 70 ans, n’étant pas à l’aise avec ce type de technologie.
Conscient que c’est un outil initialement dédié à la lutte contre le coronavirus, Jean-Pierre Debuissy est inquiet aussi pour la suite. « Nous ne sommes pas à l’abri de pratiques déviantes sur le moyen terme » prévient le délégué régional. « Au-delà de l’usage immédiat, on craint que l’application puisse être utilisée, plus tard, pour une pratique de contrôle des citoyens » s’alarme Jean-Pierre Debuissy.
L’association d’éducation numérique populaire Tinternet & Cie alerte elle, sur le téléchargement de cette application. « Il faut faire preuve de prudence et de recul » conseille Fabien Normand.
« Devons-nous accepter plus de sécurité et moins de liberté ? » se demande le développeur web de l’association Tinternet. Il renchérit en appelant chacun à se poser la question. « Je ne sais pas si c’est la bonne solution, mais la société doit se le demander. »
« On nous dit que ce n’est pas un outil de surveillance, son objectif est pourtant de surveiller avec qui on est en contact » signale le membre de l’association bisontine. Selon lui, il est important de « se rendre compte qu’il y a des dérives potentielles. »
L’application StopCovid en bref
StopCovid est une application que l’on pourra installer dès le 2 juin. Elle sera disponible sur Android et IOS.Son téléchargement se fait sur la base du volontariat. Elle nécessite uniquement l’activation du Bluetooth sur votre téléphone portable.
L’application préviendra les utilisateurs qui sont rentrés en contact avec autre utilisateur atteint du Covid-19. Il faut que les smartphones de ces deux personnes soient restés pendant au moins 15 minutes et à une distance de moins d’un mètre.
Une fois prévenue, la personne alertée par une notification est invitée à contacter son médecin.