Procès Lelandais : "Je ne me suis pas rendu au mariage pour aller pêcher une enfant", ce qu'il faut retenir de la huitième journée d'audience

La huitième journée du procès de Nordahl Lelandais était consacrée à l'audition d'autres témoins. Ce matin, de nouveaux invités du mariage lors duquel la petite Maëlys a disparu ont été entendus par la cour. Des amis de l'accusé ont également témoigné dans l'après-midi. Revivez l'audience minute par minute.

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La huitième journée du procès de Nordahl Lelandais, accusé du meurtre de Maëlys et de deux agressions sexuelles, a été consacrée à l’audition d’invités du mariage lors duquel l’enfant a disparu. La veille, les mariés ont été entendus par la cour afin d'établir le déroulé de cette soirée.

Des proches de l’accusé ont aussi témoigné cet après-midi. Revivez cette nouvelle journée d'audience dans notre article.

Ce qu'il faut retenir de la journée : 

  • La cour s’est intéressée à la consommation de cocaïne de l’accusé le soir de la disparition de Maëlys de Araujo. Deux témoins ont confirmé en avoir consommé avec lui dans les toilettes de la salle des fêtes où se déroulait le mariage. «(Lelandais) a préparé les rails de coke sur un téléphone portable », a confirmé Nelson, un témoin du marié. A la fin de la soirée, « je l’ai entendu vomir, puis je l’ai vu partir en voiture avant l’arrivée des gendarmes », s’est rappelé Ludovic, un autre convive.

  • Un simple bermuda et un tee-shirt. La tenue vestimentaire de Nordahl Lelandais le jour du mariage a occupé une partie des débats mercredi matin. Une tenue jugée « inappropriée » par les témoins, alors que l’accusé est décrit par tous comme quelqu’un « qui prenait soin de lui ». L’avocate des petites cousines agressées, Me Remond, s’est demandée si cette tenue décontractée n’était pas plus « pratique » qu’un costume au regard des faits commis sur Maëlys. Me Crespin, l’avocat de trois associations de protection de l’enfance a renchérit en demandant à l’accusé si ses intentions n’étaient pas d’aller « pêcher une enfant ». « Pas du tout, j’y suis allé pour faire la fête parce que j’étais invité au vin d’honneur. Pas pour aller pêcher une enfant. Pas du tout. Pas du tout », a répété Nordahl Lelandais, perdant ses nerfs face aux questions de l’avocat.

  • Un téléphone au contenu mystérieux. Au cours du témoignage de Yacin, ex-ami de l’accusé, la cour s’est interrogée sur un épisode survenu à l’issue de la première garde à vue de Lelandais dans l’affaire Maëlys. En sortant du poste de gendarmerie, les deux hommes se sont retrouvés au lac du Bourget. « Il avait pris un téléphone qui était chez lui et il l'a écrasé. Il a dit 'il ne faut pas que les flics le retrouvent'" », a déclaré Yacin à la barre, d’un ton peu assuré. « Il le tapait, il le tapait, il le tapait... Je l’ai pris du bout des doigts et je l’ai jeté dans l’eau. Là, il m’a hurlé dessus : ‘pourquoi tu ne l’as pas jeté si loin le téléphone ?’ », s’est-il également rappelé. L’accusé a expliqué qu’il s’agissait d’un téléphone volé au cours d’une soirée et qui n’avait « jamais fonctionné ». L’appareil n’a pas pu être retrouvé dans le cadre de l’enquête, ce qui suscite des interrogations sur son contenu chez les parties civiles. « Est-ce que vous avez filmé votre crime ? », lui a demandé Me Remond, l’avocate des deux petites cousines abusées. « Je vous ai répondu non », a déclaré sèchement l’accusé sans donner plus de détails.

  • Mercredi après-midi, Boris, un ami de l'accusé, et sa sœur Aurélie ont été appelés à la barre. Ils ont raconté avoir passé une partie de la soirée du 26 août 2017 avec Nordahl Lelandais, avant que ce dernier ne retourne au mariage. Aurélie, qui fêtait son anniversaire ce soir-là, dit avoir ressenti un malaise lorsque l’accusé a parlé de sa petite fille. Boris, lui, a été interrogé sur sa consommation de cocaïne. Il a assuré n’en avoir « jamais pris » et n’avoir jamais dealé, contredisant la version de l’accusé qui le présentait comme son fournisseur.

  • Dernier témoin interrogé ce mercredi, un gendarme ayant enquêté sur la disparition de la fillette. Ce dernier a abordé la cellule Ariane, une division créée au sein de la gendarmerie nationale au moment de l'enquête visant Nordahl Lelandais.« L’idée a été de reconstruire son parcours de vie et savoir s’il pouvait être l’auteur d’autres faits criminels » a-t-il détaillé, confirmant toutefois que la piste Lelandais n'avait été retenue dans aucun autre dossier.

  • L’audience reprendra jeudi 10 février dès 9h avec l’audition d’experts ayant travaillé sur l’enquête.

L'audience minute par minute

18h05 - Le magistrat évoque la cellule Ariane, une division créée au sein de la gendarmerie nationale au moment de l'enquête visant Nordahl Lelandais.

"L’idée a été de reconstruire son parcours de vie et savoir s’il pouvait être l’auteur d’autres faits criminels, détaille le gendarme. La cellule a été créée pour réaliser ce parcours de vie, reprendre des dossiers non élucidés, et voir si on pouvait établir des liens. C’est devenu une division à part entière qui se consacre uniquement aux affaires non résolues."

"Il y a eu un délire médiatique sur le parcours de Nordahl Lelandais, le tueur en série du siècle", ajoute l'avocat général. Le gendarme confirme que la piste Lelandais n'a été retenue dans aucun autre dossier.

L'audience est suspendue. Elle reprendra jeudi à 9 heures.

17h58 - "Comment enquêter dans un tohu-bohu médiatique ?", se demande l'avocat général, Jacques Dallest, faisant référence aux nombreuses fuites d'éléments de l'enquête dans la presse. "Je n’ai pas de solution, si ce n’est de cloisonner l’information", répond le gendarme.

17h52 - Le témoin revient sur les moments forts de l'enquête. "La première semaine, on dort une à deux heures par nuit, se rappelle le gendarme à la barre. Et quand on va dormir, on s’en veut parce qu’il y a cette petite dans la nature. C’était ça notre vie."

"Il y a aussi eu des rumeurs, ajoute Me Rajon, les rumeurs les plus folles : c'était le père, c'était la mère... Comment avez-vous fait face ?"

"On essayait aussi de les prévenir de ça. Ils ont subi ces rumeurs mais on n'avait pas de mode d'action pour les empêcher", répond le témoin.

17h48 - "Dans les premiers temps de l’affaire, vous comme moi, on a déploré des fuites. Elles étaient nombreuses dans ce dossier", souligne Me Rajon, l'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel. Il demande au gendarme ce qui l'a "marqué" chez la famille de Maëlys.

"Ils n’ont jamais parlé négativement de M. Lelandais, déclare le témoin. Ils étaient très contenus dans leurs propos, ils voulaient juste qu’on leur rende leur fille."

17h40 - Le gendarme était notamment chargé de faire le lien avec la famille de Araujo en les renseignant sur certaines avancées de l'enquête : placements en garde à vue, mise en examen de Nordahl Lelandais...

"J’ai tenté par moment de répondre à leurs interrogations, toujours avec de la réserve, le secret de l’instruction étant prépondérant", déclare le témoin. L'objectif de cette liaison était d'"anticiper certaines sorties dans la presse", alors que l'affaire Maëlys a été très largement médiatisée.

17h32 - L'audience est reprise. La cour s'apprête à entendre un gendarme affecté à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale. Il était auparavant à la Section de recherches de la gendarmerie de Grenoble.

17h10 - Qu'y avait-il sur le téléphone de Nordahl Lelandais qui a fini dans le lac du Bourget ? Me Remond, avocate des petites cousines agressées, questionne l'accusé à ce propos, provoquant un dialogue de sourds.

"Est-ce que vous avez filmé votre crime ?", lui demande-t-elle.

"Je vous ai répondu, non", dit sèchement Lelandais.

"Alors pourquoi casser votre téléphone ne pas simplement le jeter ?"

"Il ne fonctionnait pas."

"Pourquoi vous le cassez ?"

"Parce qu’il était volé."

Il n'y aura pas d'autre réponse de l'accusé. L'audience est suspendue, elle reprendra à 17h20.

17h - La présidente demande maintenant à Nordahl Lelandais de s'expliquer sur ce téléphone qu'il a cassé au lac du Bourget à la sortie de sa première garde à vue dans l'affaire Maëlys. L'accusé assure qu'il s'agit d'un téléphone volé au cours d'une soirée. "Il n'a jamais fonctionné", assure Lelandais, ajoutant qu'il s'en servait pour remplacer des pièces lorsqu'un de ses autres téléphones tombait en panne.

"En sortant de garde à vue, on a pris le téléphone, j'ai mis trois ou quatre coups dessus, il (Yacin) l’a pris et il l’a jeté dans l’eau", précise l'accusé. La présidente l'interroge sur l'urgence de le jeter quelques heures après sa garde à vue alors qu'il était en sa possession depuis environ un an.

"A ce moment-là, tout est urgent. Tout ce qui est illégal devient une urgence. Ne pas parler de la cocaïne, ne pas dire que j’ai un téléphone volé. Ca paraît bête, surtout quand on sait les actes que j’ai commis, je suis d’accord", reconnaît Nordahl Lelandais qui dit avoir eu "honte". Le téléphone n'a jamais été retrouvé.

16h50 - Le témoin évoque une anecdote devant la cour. Il rapporte que deux personnes croisées à Pont-de-Beauvoisin lui avaient assuré que Nordahl Lelandais ferait un jour la une de l'actualité. "Vous avez dit que Nordahl Lelandais ferait les gros titres. Vous pouvez vous assurer, vous, monsieur, de faire les gros titres ce soir et demain matin", rétorque Me Jakubowicz, l'avocat de Lelandais, faisant référence aux imprécisions de son témoignage. Yacin termine sa déposition.

16h45 - Yacin ne signalera cet incident aux gendarmes qu'après ses deux premières auditions. Me Rajon, l'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel, le questionne de nouveau à ce sujet. "Il (Lelandais) m'a dit qu'il allait y avoir une perquisition chez lui et qu'il fallait qu'il s'en débarrasse", justifie le témoin.

16h30 - Très stressé, le témoin peine à se rappeler des faits. La présidente revient sur l'épisode du téléphone au lac du Bourget. Yacin raconte : "Il l’emmène sur le ponton, il prend une pierre, il commence à le casser."

"Il le tapait, il le tapait, il le tapait... Je l’ai pris du bout des doigts et je l’ai jeté dans l’eau. Là, il m’a hurlé dessus : ‘pourquoi tu ne l’a pas jeté si loin le téléphone ?’"

16h20 - A la sortie de sa première garde à vue, Nordahl Lelandais rejoint Yacin au lac du Bourget. "Il avait pris un téléphone qui était chez lui et il l'a écrasé. Il a dit 'il ne faut pas que les flics le retrouvent'", déclare le témoin devant la cour, s'excusant de ne pas l'avoir signalé aux gendarmes dès sa première audition.

16h12 - Yacin s'avance à la barre. Vêtu d'un sweat à capuche, les bras joints dans le dos, il parle très rapidement. Le témoin commence par évoquer la première sortie de garde à vue de Nordahl Lelandais après la disparition de Maëlys. Tous deux se sont rendus chez un couple d'amis. "Il était calme, il regardait la télé, rien de spécial", se rappelle le trentenaire.

16h04 - Me Jakubowicz s'étonne que la témoin ait été la seule à entendre ces propos de Nordahl Lelandais sur sa fille alors que d'autres convives se trouvaient autour d'eux. Elle hausse les épaules. La cour remercie Aurélie qui s'en va.

La présidente demande à l'accusé de se lever. "C'est la première fois que je voyais cette dame", s'étonne-t-il, ajoutant qu'il n'a "pas du tout" prononcé le prénom de sa fille.

15h57 - "Au moment où il a prononcé le prénom de ma fille, ça m’a fait quelque chose", poursuit Aurélie, interrogée par Me Rajon. L'avocat de Jennifer Cleyet-Marrel cherche à déterminer si la témoin n'a pas ressenti un malaise après avoir eu connaissance de la disparition de Maëlys. La jeune femme nie, évoquant le "ton" de Nordahl Lelandais lorsqu'il a parlé de sa petite fille.

15h45 - Le soir de la disparition de Maëlys lors d'un mariage, Lelandais s'est également rendu à la soirée d'anniversaire d'Aurélie, la témoin. "C'était un jour festif", dit-elle, reconnaissant ne pas se souvenir de l'ensemble de la soirée.

"Pendant la soirée, il (Nordahl Lelandais) était à la maison, nous étions sur la terrasse en train de discuter, il m’a demandé si j’étais la maman de ma fille. Il a prononcé le prénom de ma fille alors que je ne le connaissais pas", relate Aurélie qui dit avoir ressenti un malaise. "Il avait dit que ma fille était jolie, gentille et polie. Je n’avais pas apprécié."

15h38 - L'avocat général questionne le témoin sur son rapport à la cocaïne. Ce dernier affirme n'avoir "jamais vendu de cocaïne" à l'accusé quelques heures avant la soirée du mariage, comme l'intéressé le prétend.

"Vous avez déjà pris de la cocaïne ?", insiste le magistrat.

"Non, jamais", décline Boris.

"C’est étonnant alors qu’il vous mette en cause ?"

"Je ne sais pas."

"Vous saviez qu’il pouvait vendre ou écouler de la cocaïne ?"

"On ne parlait pas de ça."

Boris quitte la barre. Sa sœur, Aurélie, commence sa déposition.

15h27 - La présidente interroge Boris sur la consommation de cocaïne de l'accusé. Le témoin dit en avoir "entendu parler", mais affirme que Lelandais n'en a jamais pris devant lui.

Mais ce matin, l'ancien militaire a déclaré que Boris était l'un de ses fournisseurs de cocaïne, fait remarquer la présidente. "Non, ce n’est pas vrai", répond simplement le témoin, sans pouvoir expliquer la version de Lelandais.

15h17 - Boris avait pour projet de racheter la voiture de Nordahl Lelandais. "J'en avais besoin car je commençais un nouveau travail à la rentrée" 2017, dit-il. Le témoin explique qu'il en avait "déjà parlé" avec l'accusé, mais rien n'était encore fait. "Ce n'était pas finalisé", confirme le témoin.

Le lendemain du mariage, juste après sa première déposition chez les gendarmes, l'accusé avait passé plus de 2 heures dans une station de lavage pour nettoyer sa voiture. Lelandais expliquera dans un premier temps qu'il voulait laver le véhicule avant la vente. Il finira par reconnaître qu'il cherchait à effacer les traces de Maëlys.

15h10 - "C'était un ami", raconte d'emblée le trentenaire dans sa déposition spontanée. Boris a rencontré l'accusé lors d'une compétition sportive. Tous deux se voyaient assez régulièrement. Le soir du 26 août, la sœur du témoin organisait une soirée d'anniversaire.

Lorsque Nordahl Lelandais s'éclipse du mariage, il les rejoint à cette soirée d'anniversaire. "Il m'a juste dit qu'il était de mariage et qu'il repasserait peut-être. Il était normal", se souvient-il.

14h57 - L'audience reprend avec l'audition de Boris, un témoin qui a passé une partie de la soirée du 26 août 2017 avec Nordahl Lelandais.

12h53 : La présidente annonce la suspension de l'audience. Elle reprendra cet après-midi à 14h30. 

12h50 : Me Boguet, l’avocat de Joachim de Araujo, se demande quel serait l’intérêt des témoins de mentir sur la chronologie.

« Je ne suis pas à leur place pour dire quel est leur intérêt. Ludovic ne se souvient plus des appels, et c’est juste avant que ça (la cocaïne, ndlr) m’a été redemandée » maintient l'accusé. 

« C’est totalement faux » insiste Ludovic.

12h43 : La présidente demande à Nordahl Lelandais de s’exprimer suite aux déclarations de Ludovic. Il affirme que Nelson et Ludovic lui ont redemandé de la cocaïne pendant la soirée.  

« Nous n’en n’avons jamais redemandé » réfute le témoin. L’autre consommateur, Nelson, confirme cette version : aucun des deux n’aurait redemandé de drogue à l’accusé.  

Les deux versions se contredisent. Mais Nordahl Lelandais confirme toutefois avoir appelé Ludovic trois jours après le meurtre pour lui demander de lui rembourser le gramme de cocaïne consommé.

12h37 : L’avocat général oriente à nouveau les débats vers la consommation de cocaïne du trio le soir du mariage. Il souligne que Nordahl a rappelé Ludovic trois jours après la disparition de Maëlys pour lui demander de le rembourser.  

« Ça ne vous fait pas réfléchir qu’il se préoccupe de ce qu’on lui doit après un tel évènement ? »  

« Ça montre qu’il a bien caché son jeu et qu’il a dupé tout le monde » admet le témoin.

12h35 : A nouveau, Ludovic est invité à parler de sa consommation de cocaïne le soir du mariage. Il maintient que le trio a « sniffé les rails » dès le retour de Nordahl Lelandais, entre minuit et une heure du matin.

12h29 : Me Boguet, l’avocat du père de Maëlys, demande des détails sur une agression dont a été témoin Ludovic. Ce dernier raconte avoir vu l’accusé frapper des passants dans la rue, visiblement sans raison, après une sortie en boîte de nuit. « Peut-être un ou deux ans avant le mariage » situe-t-il.  

« Est-ce que vous avez noté, dans la période qui précède le mariage, un changement de comportement chez Mr Lelandais ? » poursuit l’avocat.  

« Non, jamais trop changé » murmure le témoin. 

12h27 : Ludovic revient sur son déménagement, le samedi du mariage, avant son départ à Tahiti. « Nordahl est passé nous voir mais il ne nous a pas aidé, bien sûr » commente-t-il amèrement.

12h21 : Nordahl Lelandais a expliqué aux enquêteurs qu'il avait quitté la salle des fêtes après la disparition de la fillette, vers 3h du matin, pour aller chercher de la cocaïne. Pourtant, Ludovic assure qu’il ne lui a pas demandé de retourner en chercher à ce moment-là.  

« J’étais loin d’imaginer qu’il ait pu faire ça, souffle le témoin, les bras toujours serrés sur la poitrine. Mais il a toujours été sanguin et impulsif. Il était toujours en train d'enjoliver les choses ».

12h18 : Lors de sa garde à vue, Ludovic avoue aux gendarmes qu’il a demandé de la cocaïne à Nordahl Lelandais pendant le vin d’honneur. Il affirme que l’accusé l’a relancé la semaine suivante pour se faire rembourser le pochon"environ 90 euros". 

12h11 : Les bras croisés sur son pull bleu marine, Ludovic raconte le moment où il a été placé en garde à vue peu de temps après la disparition de la fillette. 

« J’avais passé 4 appels à Nordahl et c’est sans doute pour ça que les gendarmes m’ont placé en garde à vue, poursuit-il. Je l’ai mal vécu, je n’avais rien fait ».  

La présidente rappelle que les appels ont été passés après la disparition de Maëlys, alors que Nordahl Lelandais avait quitté la salle des fêtes. Ce dernier avait placé son téléphone en mode avion, et n’a pas répondu.  

Le témoin admet ne pas se souvenir d’avoir passé ces appels.

12h02 : Lors de sa première déposition auprès des gendarmes, Ludovic ne parle ni de la cocaïne, ni du fait qu’il ait entendu l’accusé en train de vomir. « Ça ne fait pas tilt » justifie-t-il.  

Il reconnait avoir demandé à Nordahl Lelandais de ramener de la cocaïne en fin de soirée « pour que ce soit récréatif ». Et confirme la version de Nelson, qui avait expliqué que l’accusé avait préparé les rails et que chacun avait ensuite consommé la coke à tour de rôle.

11h55 : L’audience reprend avec la déposition de Ludovic, un autre témoin du marié. C’est lui qui a consommé de la cocaïne dans les toilettes de la salle des fêtes avec Nelson et l’accusé le soir du mariage.  

« J’ai vu l’accusé le matin du mariage lors d’un déménagement, raconte ce mécanicien de 39 ans. Il m’a demandé de le prévenir quand on sortait de l’église pour nous rejoindre à l’apéritif ».  

Après la disparition de la fillette, il croise Nordahl Lelandais dans les toilettes qui dit ne pas se sentir bien. « Je l’ai entendu vomir puis je l’ai vu partir en voiture avant l’arrivée des gendarmes » déclare-t-il, concluant sa déclaration spontanée.

11h37 : L'audience est suspendue. Elle reprendra à 11h50. 

11h33 : Jacques Dallest, l’avocat général, commence son interrogatoire par évoquer le meurtre d’Arthur Noyer, pour lequel Nordahl Lelandais a été condamné à 20 ans de prison en mai dernier. 

« En arrivant au mariage, on est d’accord que vous avez déjà un mort sur la conscience ? Vous y avez pensé ce soir-là ? » questionne-t-il.  

« Non, c’est pour ça que j'étais content d’évacuer, d’aller à ce moment de joie qui me sortait de mon quotidien ».  

« Le fait d’avoir bu et consommer de la drogue au mariage ne vous a pas rappelé ce qui s’était passé avec Arthur Noyer ? »  

« Sur le moment, non » répond l’accusé.

11h25 : Me Crespin, représentant de deux associations de protection de l’enfance, revient à son tour sur la tenue portée par Nordahl Lelandais au mariage.

« Cette tenue obsède beaucoup de monde » convient l’avocat.  

« Cette tenue résume mon année, en fait » analyse l'accusé. 

« Ca ressemble à une tenue pour aller à la pêche, moque Me Crespin. Et justement à ce mariage, est-ce que vous alliez à la pêche ? Est-ce que vous aviez l’intention de draguer ? »  

« Non, je n’avais aucune idée en tête ».  

« Est-ce que le fait que vous portiez cette tenue montre que vous n’aviez pas l’intention de draguer… une femme ? insiste Me Crespin, qui rappelle à l’accusé qu’il a tout de même envoyé un SMS à sa compagne ce soir-là. Je veux comprendre quelles sont vos intentions, de venir au mariage en tenue négligée. Est-ce que vous estimez qu’il n’y avait pas d’effort à faire pour aller pêcher une enfant ? »  

« Pas du tout, j’y suis allé pour faire la fête parce que j’étais invité au vin d’honneur. Pas pour aller pêcher une enfant. Pas du tout. Pas du tout, répète Nordahl Lelandais qui commence à perdre ses nerfs. Pas d’histoire de pêche ».

11h14 : Me Remond, avocate des petites cousines, demande à l’accusé si la cocaïne « fait vomir ». « Ca peut » confirme-t-il.  

Nordahl Lelandais rechigne à répondre aux questions de l’avocate. Il s'exprime froidement, de manière très succincte.  

Me Remond veut savoir si sa tenue le soir du mariage n’était pas une sorte de provocation pour montrer qu’il avait été vexé de ne pas avoir été invité. « Pas du tout ! » s’exclame l’accusé.  

Elle lui demande maintenant si sa tenue décontractée a été choisie exprès, sachant ce qu’il allait commettre après sur Maëlys. « C’est pas très pratique en costume de faire monter une fillette dans sa voiture » souligne-t-elle.

« Vous dites que j'ai mis un short exprès pour faire disparaître une fillette ? s'énerve l'accusé. Ca n’a strictement rien à voir ».

11h08 : La présidente commence à perdre patience face aux différentes versions données par l’accusé sur sa consommation de drogue le soir des faits. Nordahl assure que Nelson n’est pas venu pendant le vin d’honneur lui demander de ramener de la cocaïne après le repas. « Je ne savais pas encore que j’allais revenir le soir » insiste-t-il.  

La présidente fait alors revenir à la barre le marié, pour lui demander quand l’accusé a été invité à revenir pour la soirée. « Il me semble que c’était à la fin du vin d’honneur » hésite Eddy.

11h03 : L’accusé explique que la cocaïne prise le soir du mariage lui a juste « piqué le nez » et n’a pas eu d’autres effets. Il raconte qu’à cette période, il prenait beaucoup de cocaïne et qu’il souffrait de maux de tête à cause de ça.

« Cet été 2017, je ne m’en souviens même plus », regrette Nordahl Lelandais.

Il reconnait que la cocaïne agit comme un "désinhibiteur" mais qu'il ne se sentait pas "surpuissant". "Moi aussi, j'ai du mal à savoir l'effet que ça avait sur moi" concède-t-il face à l'agacement de la présidente. 

10h52 : « Je n’ai jamais vendu de drogue de ma vie » assure l’accusé, qui réagit aux déclarations du témoin précédent. Il reconnaît toutefois qu’il savait « où se fournir » car il y a « pas mal d’endroits » près de Pont-de-Beauvoisin.  

Nordahl Lelandais cite ensuite le nom de deux amis, qui le fournissaient en stupéfiants. « Ca tombe bien, ils vont témoigner plus tard aujourd’hui » commente la présidente. 

Selon lui, c’est Boris, l’un de ses copains, qui lui a fourni la cocaïne prise le soir du mariage

NDLR : C'est ce même proche qui devait racheter son Audi A3 et pour qui il dit avoir nettoyé de fond en comble le véhicule.

10h46 : Nordahl Lelandais est maintenant invité à s’expliquer sur sa tenue vestimentaire le soir du mariage (tee-shirt bleu et bermuda, ndlr). « C’était pas une tenue adéquate, convient-il. A ce moment-là, je ne faisais pas trop attention à comment je m’habillais ».  

« Pourtant aucune de vos compagnes n’évoque ce changement, ce côté négligé, sur cette période-là. Alors pourquoi cette tenue ? » demande la présidente.  

« J’étais invité au vin d’honneur, il faisait chaud, j’étais en pantacourt. Ludovic m’a appelé vers 17h et j’y suis allé, je n’ai pas réfléchi » justifie-t-il.  

Il explique ne pas s’être changé non plus avant de revenir à la soirée vers minuit.

10h41 : L’un des collaborateurs de Me Jakubowicz, avocat de la défense, revient sur la tenue que portait Nordahl Lelandais lors du mariage.  

Le soir des faits, il était vêtu d’un simple bermuda et d’un tee-shirt. Une tenue souvent jugée comme « inappropriée pour un mariage » par les témoins, alors que l’accusé est décrit par tous comme quelqu’un « qui prenait soin de lui ».  

« Il avait pris des kilos. Il donnait l’apparence de quelqu’un qui se laissait un peu aller » reconnaît Nelson.

10h35 : L’avocat général Jacques Dallest interroge lui aussi Nelson sur sa consommation de cocaïne, un acte qu’il qualifie de « pas très glorieux » pour un témoin de mariage. 

Les bras croisés, Nelson se laisse sermonner en silence.

Puis il confirme que c’est lui qui est allé voir Nordahl Lelandais pendant le vin d’honneur pour lui demander s’il pouvait le fournir en drogue.  

A l’instar de Me Boguet, l’avocat général demande si l’accusé vendait de la drogue sur la commune. « Oui, il fournissait des consommateurs » acquiesce Nelson.   

10h25 : Me Boguet, l’avocat de Joachim de Araujo, prend la parole pour « aller plus en profondeur » avec le témoin. Il veut savoir comment l’accusé se fournissait en cocaïne, et sous-entend qu’il pouvait dealer de la drogue.  

Puis l’avocat revient sur les effets de la cocaïne. « Est ce que vous confirmez que la prise puisse aboutir à un sentiment de toute-puissance ? »  

« Oui, effectivement » concède le témoin, qui répète toutefois que cette histoire de cocaïne n’a pas de lien avec les faits reprochés à l’accusé.

10h21 : La présidente évoque Ludovic, le troisième consommateur de cocaïne. Egalement témoin du marié, il avait été placé en garde à vue au début de l’enquête. Ce sera le prochain témoin appelé à la barre.  

« Vous étiez bien embêté par la suite de reconnaître la cocaïne ? » demande Valérie Blain.  

« Oui mais ça n’a aucun lien (avec le drame, ndlr) » répond le témoin.

10h14 : Enfoncé dans sa grosse doudoune à capuche, Nelson raconte que chacun avait "sniffé son rail" à tour de rôle dans les toilettes. "Mais je ne suis qu'un consommateur occasionnel" se défend-il. 

"Et ça fait quel effet, un rail de coke ?" demande la présidente. 

"Ca réduit le sentiment d'ébriété, c'est une manière d'avoir des sensations différentes. C'est euphorisant" concède le témoin. 

Mis à part la cocaïne qu’il lui a réclamée, le témoin assure ne pas avoir discuté d’autre chose avec l’accusé.

10h08 : « C’était de notoriété publique que Nordahl avait accès à ce genre de produits » poursuit le Nelson. Au retour de l'accusé à la soirée, vers minuit, il raconte  être allé consommer la cocaïne dans les toilettes avec lui et Ludovic, un autre témoin du marié.

Il confirme avoir consommé de la drogue deux fois, avec les mêmes personnes et au même endroit.  « Il (l'accusé, ndlr) a préparé les rails de coke sur un téléphone portable » décrit le témoin.  

10h02 : Valérie Blain, la présidente de la cour, revient sur la première déposition du témoin le dimanche 27 août 2017. A ce moment-là, Nelson avait reconnu devant les gendarmes qu’il ne connaissait pas la fillette et qu’il ne voyait pas à quoi elle ressemblait.  

« Pourtant, vous avez donné plus de détails dès le deuxième interrogatoire » remarque-t-elle.  

« Oui, le deuxième interrogatoire était déjà ciblé sur Nordahl Lelandais donc j’avais plus de choses à dire » justifie Nelson. C’est à cette occasion qu’il admet avoir demandé à Nordahl Lelandais d’acheter de la cocaïne « pour profiter de la soirée ». 

9h57 : Nelson, 36 ans, est appelé à témoigner devant la cour. Lui aussi a connu Nordahl Lelandais pendant l’adolescence. Témoin du marié, il décrit une « journée très belle » avant que la soirée ne « bascule » vers 3h  du matin après la disparition de l’enfant. « On s’est tous mis à chercher de façon désordonnée, je ne connaissais pas la petite Maëlys » admet-il.  

Il poursuit, expliquant avoir cherché la fillette jusqu’à l’arrivée des gendarmes. « On ne pouvait pas imaginer que c’était quelqu’un du mariage, c’était inimaginable » se désole-t-il.

9h53 : La collaboratrice de Me Jakubowicz, avocat de la défense, prend la main. Elle demande au témoin s’il a pu, d’une façon ou d’une autre, ne pas voir qu’il y avait des enfants autour de Nordahl Lelandais sur le parking. « S’il y avait eu des enfants, je les aurais vus, maintient-il. On a fumé une cigarette autour de la voiture ».  

L’avocate l’amène maintenant sur la personnalité de l’accusé et lui demande si la tenue qu’il portait le jour du mariage collait à sa personnalité (il portait un simple tee-shirt et un bermuda, ndlr). « Non ça ne colle pas » reconnaît le témoin, avant de quitter la barre.

9h50 : C’est au tour de Me Remond, avocate des petites cousines de Nordahl Lelandais, d’interroger le témoin. Elle lui demande s’il avait gardé contact avec sa « bande de copains », parce qu’il vivait en Chine depuis plusieurs années au moment des faits. Rémi explique ne pas avoir pris de nouvelles de l’accusé pendant longtemps, et ne pas avoir discuté plus que ça avec lui le jour du mariage.  

L’avocate revient ensuite sur le moment où la petite fille a disparu. « Vous pensez quoi à ce moment-là ? » questionne-t-elle. « On pense que c’est une histoire de minutes, qu’on va la retrouver. On ne pense pas qu’on est en train de vivre la disparition d’un enfant » admet le témoin.

9h46 : L’avocat de la partie civile « convoque les souvenirs » du témoin pour savoir ce que faisait l’accusé pendant le vin d’honneur. « Il discute avec les amis, il est présent » répond succinctement le trentenaire. En revanche, il ne se rappelle pas du retour de Nordahl Lelandais à la fin du repas, vers minuit. 

9h40 : Me Laurent Boguet, l’avocat du père de Maëlys, prend la suite de l’interrogatoire. Il se fait confirmer par le témoin que Nordahl Lelandais n’était pas présent lors de la cérémonie religieuse et qu’il est arrivé au moment du vin d’honneur. Rémi raconte qu'à ce moment là, l’ambiance était festive, que les enfants jouaient sur le parvis de la salle des fêtes au milieu des adultes.

9h39 : La présidente questionne le témoin pour savoir si l’alcool aurait pu lui faire oublier cette scène sur le parking, où l'accusé maintient avoir été vu en présence des deux enfants. Le témoin l’assure : « ça ne s’est pas passé ».

9h35 : La question de la présence d'un "enfant blond" avec Maëlys le soir du drame revient souvent dans les débats. L'accusé maintient que ces deux enfants sont montés dans sa voiture pour voir s'il y avait des chiens. Mais à ce jour, aucun élément de l'enquête ne confirme la présence de ce petit garçon. 

9h27 : Le témoin poursuit son récit de la soirée. Il précise qu’il ne connaissait pas Maëlys et qu’il ne l’avait pas remarquée au cours du mariage.  

La présidente l'interroge ensuite sur la présence d’un petit garçon blond à la soirée. Dans sa version des faits, Nordahl Lelandais assure que ce petit garçon était monté dans sa voiture avec Maëlys, et que Rémi les avait vus.

« Je suis formel, je n’ai pas assisté à cette scène » contredit le témoin.

La présidente s’adresse ensuite à l’accusé. Elle lui demande s’il est sûr que Rémi l’a vu en compagnie des deux enfants.

« Rémi était adossé à sa voiture, et quand les enfants sont sortis de la voiture, j’ai fermé la porte. Je me suis dirigé vers la voiture de Rémi et on a même discuté un peu. Je ne sais pas si tu t’en souviens Rémi ? » questionne Nordahl Lelandais.  

« Mais les enfants, ils sont où à ce moment-là ? » coupe la présidente Valérie Blain. Est-ce que le témoin les a vus ? »  

« Je ne sais pas s’il les a vus, mais il n’était pas loin » répond l’accusé, quelque peu hésitant.

"Moi je n'ai pas vu d'enfants autour de sa voiture quand je fumais une cigarette à l'extérieur" maintient le témoin. 

9h24 : A la demande de la présidente de la cour, il revient maintenant sur le moment où la petite fille a disparu. Comme les autres invités qui ont témoigné hier, il explique le mouvement de panique et raconte qu’il a aidé à chercher la fillette dans la salle et dans les voitures sur le parking. "On pensait qu'elle avait pu s'endormir quelque part" relate Rémi.  

9h19 : Rémi explique ses liens avec l'accusé. Il raconte que Nordahl Lelandais était un copain d’enfance. "A Pont-de-Beauvoisin, on a la chance d’avoir un groupe de copains depuis le plus jeune âge. Nordahl était un copain du groupe avec qui on a pu faire du sport, faire de l’escalade, des barbecues" détaille-t-il. "C’est pas un ami, c’est un copain. Enfin, c’était" souligne-t-il toutefois.

"C'est quelqu'un qui était plutôt agréable, sportif, séducteur" dit-il, concluant ainsi sa déposition libre.  

9h15 : La cour s’installe et appelle le premier témoin de la journée à la barre. Il s’agit de Rémi, 35 ans, directeur commercial. Il indique être un ami du marié et avoir été invité à la noce lors de laquelle la petite Maëlys a disparu.

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