COP 26 : "c'est un tout petit pas qui a été fait"

Jean-Patrick Masson s'est rendu à Glasgow le 31 octobre au sommet de la COP 26. Le vice-président de Dijon Métropole, délégué à la transition écologique, nous fait part de son ressenti sur ce qui s'est dit au cours des débats.

Le 31 octobre, 196 Etats se sont réunis à Glasgow pour trouver une solution au réchauffement climatique pendant 15 jours de débats. Une Cop inédite par son ampleur avec 40 000 participants enregistrés. Mais cette Cop a aussi brillé par l'absence de certains des pays les plus gros pollueurs comme la Chine, la Russie et le Brésil par exemple.

Une COP, pour quoi faire ?

Dans le prolongement de la COP 21 (tenue en 2015 à Paris), le but de la Cop est de limiter le réchauffement climatique à 1.5°C. Avant le début de la COP, les Nations unies estimaient que le réchauffement d'ici à la fin du siècle était de 2,7 degrés par rapport au début de l’ère industrielle. Selon les estimations, en prenant en compte les nouvelles promesses faites ces 15 derniers jours, le réchauffement se limiterait désormais à 2,2 ou 2,4 degrés.

L'élu déçu "par l'insuffisance des propositions"

Jean-Patrick Masson s'est rendu à Glasgow avec un groupe d'élus, l'association France Urbaine, pour présenter un projet de bus à hydrogène. Mais de retour en France, au sujet de la teneur globale du sommet, l'élu s'est dit "déçu par les propositions, qui sont trop insuffisantes."

Sans pour autant être entièrement négatif, Jean-Patrick Masson relève que "sur les énergies fossiles, il y a eu un pas en avant, on peut se consoler avec ça." 
En effet, il y a eu beaucoup d’initiatives sur la sortie des énergies fossiles. Certains pays émergents comme l’Inde en ont même profité pour prendre le leadership en annonçant qu’ils seraient neutres en carbone en 2070 et essaieraient de réduire drastiquement leurs émissions d’ici à 2030. La France a finalement rejoint l'accord mettant fin aux financements à l'étranger de projets d'exploitation d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone d'ici fin 2022. Un accord qu'une vingtaine de pays a signé le 4 novembre. 

Par contre, les promesses de neutralité carbone pour le milieu du siècle sont à regarder en demi-teinte, selon l'élu : "Ce qui m'a le plus déçu, c'est ce qui tournait autour de l'énergie, pour plusieurs raisons :
D'abord, la notion de "Net zero", c'est-à-dire 'zéro émission nette'. L'objectif est d'avoir un équilibre entre ce qu'on produit et ce qui émet des gaz à effet de serre, et ce qui emmagasiné par les forêts, par les océans, afin d'arriver à zéro. Ce 'zéro émission nette' est très important. Je suis déçu car on n'atteindra jamais le 'zéro émission nette', si on fait deux choses : la première, si on ne se passe pas du charbon, du fioul et du gaz, dans cet ordre-là, les hydrocarbures au sens large, et la deuxième chose, c'est la plus franco-française : la France a défendu un mixte énergétique qui ne va pas dans le sens du 'zéro émission nette'. On ne parle que d'électricité, ce qui est quand même dommage, car cela représente finalement 10% de la consommation énergétique française seulement."

Pour l'élu, le fait qu'il faille atteindre une échéance en 2050 est une date beaucoup trop lointaine : "aujourd'hui on ne réduit pas de manière importante les émissions, c'est un vrai problème : c'est maintenant qu'on les emmagasine ! Le fait d'arriver, grâce à des réductions de consommation en 2050, à ne plus émettre de gaz à effet de serre, c'est trop tard, c'est maintenant qu'il faut le faire ! C'est en ça que la COP 26 avait été présentée comme 'la COP de la dernière chance'.
On n'a pas saisi cette dernière chance. C'est maintenant qu'il fallait converger d'une manière très forte vers des réductions des émissions !"

La COP 26, un rendez-vous raté ?

Le Vice-Président de Dijon Métropole en charge de la transition écologique est catégorique, les engagements pris à Glasgow sont insuffisants, selon lui : "le rendez-vous a été raté de ce point de vue. Déjà on sait qu'une COP, c'est une suite d'engagements non sanctionnables.
Si, en plus, même au niveau des engagements, on est particulièrement timides, c'est une vraie difficulté ! On n'y arrivera pas ! Tous les sujets ont été débattus, et certains domaines sont restés couverts par l'accord de Paris sur le Climat de 2015. Mais les conclusions des débats ont été décevantes."

Le programme nucléaire français

A la suite de la COP 26, le président Emmanuel Macron a annoncé mardi 9 novembre que la France allait construire de nouveaux réacteurs sur le territoire. Pour l'élu, l'annonce est "particulièrement décevante. En qualité de responsable élu, je trouve que ça ne règle pas le problème ! On ne va pas passer au tout électrique pour tout !
Pour cela, on ne va pas couvrir la France de centrales nucléaires ! Le problème, c'est qu'on se contente de dire qu'on a un mixte énergétique qui émet moins de carbone, sachant que le carbone n'étant pas la seule problématique (il y aussi le méthane, tous les autres gaz à effet de serre, générés par l'agriculture, l'industrie etc.) Quelque part, ce qui me rend furieux dans cette affaire, c'est la communication qui consiste à dire 'vous allez voir, on va faire des centrales nucléaires, on va régler le problème'. Eh bien c'est faux !"

Comment fonctionne la COP ? 

Jean-Patrick Masson décrit le fonctionnement de la COP pendant les débats et les tractations qui peuvent s'opérer autour des enjeux énergétiques mondiaux : "Les ONG (Organisations Non Gouvernementales) ont essayé de peser. Une COP, c'est des Etats avec leurs représentants. Chaque Etat vient discuter d'un texte final qui comporte des engagements. Et pendant 15 jours de débat, il y a tous les lobbies qui s'expriment.
Le plus important lobby qui s'est exprimé à la COP, c'était celui des énergies fossiles, ils étaient plus de 500. Ils avaient compris que si on voulait avancer, ça serait le sujet majeur de cette COP, et ils ont tout fait pour qu'on n'avance pas !

De l'autre côté, vous avez toutes les associations, les ONG, dont font partie les associations d'élus dont je fais partie(France Urbaine). On voulait montrer qu'on avait déjà des solutions dans nos territoires. On essaye de peser au maximum sur la position de nos états respectifs, sur nos négociateurs français, en disant qu'il y a des solutions. Le lobby du charbon a été très pesant sur les discussions ainsi que les pays producteurs de pétrole."

Une note positive ?

Jean-Patrick Masson se félicite toutefois d'avoir pu échanger avec d'autres élus : la COP est aussi l'occasion de discuter de solutions existantes ailleurs  : "J'ai pu, avec d'autres élus, trouver des modalités, intelligentes chez eux, qu'on pourrait ramener chez nous !"

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