Victime de harcèlement scolaire, Hugo Martinez a créé l’association "Hugo !" avec un objectif : éviter à d’autres jeunes de vivre ce qu’il a enduré pendant plus de 12 ans. L’association sensibilise mais accompagne aussi les victimes et leurs familles.
Le harcèlement a commencé très jeune pour Hugo Martinez. À 6 ans, en CP, comme il savait déjà lire et louchait d'un oeil, on lui a donné des surnoms comme "le bigleux", "le binoclard" ou encore "l'intello de service". "La nourriture est alors devenue un refuge, une carapace. Je suis devenu le gros de service", raconte le jeune homme de 20 ans qui habite à Lyon.
Au collège s'est ajoutée une dimension "physique" : coups, bousculades, bagarres. À partir de la quatrième, il y a eu le cyberharcèlement.
Lors d'un voyage scolaire en Espagne, je ronflais en dormant dans le car et on m'a filmé sans que je le sache. La vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux, la catastrophe.
– Hugo Martinez
Ses parents ont alors déposé une main courante. Puis Hugo a déménagé, à une trentaine de kilomètres. "On n'est pas partis assez loin, les élèves de la nouvelle école avaient vu la vidéo. C'était reparti pour un tour", ajoute-t-il.
Une fois au lycée, le harcèlement a pris une tournure plus insidieuse. Hugo a tenu jusqu'en milieu de Première S, puis a été déscolarisé pour être accueilli dans un centre médical. Il était alors en obésité morbide : 115 kilos pour 1,69 m. "A la fois une forme de suicide et aussi d'alerte", résume le jeune homme.
Les médecins identifient un diabète, causé par la prise de poids et les chocs psychologiques du harcèlement. Il finit les six derniers mois de sa scolarité à distance et obtient son bac tout juste. À l'annonce de résultats médicaux catastrophiques, il a un déclic.
Je me suis dis OK, il faut que j'arrête ce cercle vicieux, que je cesse d'être une victime.
– Hugo Martinez
Depuis son lit d'hôpital, Hugo s'est mis à faire des 'lives' sur les réseaux sociaux avec un projet de lutte contre le harcèlement, de plus en plus visionnés. Il dit alors avoir "trouvé son chemin".
Aujourd'hui, il affirme avec fierté être "épanoui" mais qu'il reste une douleur, le sentiment qu'on lui a "volé [s]on enfance". Pour venir en aide aux victimes, il a créé une association de lutte contre le harcèlement, baptisée "Hugo !".
Le jeune homme a répondu il y a quelques semaines aux questions de France 3 Bourgogne sur le harcèlement scolaire.