En Bourgogne, 90 dossiers de harcèlement scolaire ont été ouverts dans l'académie de Dijon l'an dernier. Les initiatives se multiplient pour tenter de contenir le phénomène, comme au collège Paul Bert d'Auxerre qui a mis en place la "méthode de préoccupation partagée".
Connaissez-vous la "méthode de préoccupation partagée" ? Elle a été créée par un psychologue suédois dans les années 1970, puis adaptée en France par Jean-Pierre Bellon, Bertrand Gardette et Marie Quartier. A Auxerre, le collège Paul Bert l'utilise depuis 2019, et "dans plus de 80 % des cas, le harcèlement s'arrête". Des résultats spectaculaires, qui ont intrigué Nathalie Albert-Moretti, la rectrice de l'académie de Dijon. Elle a fait le déplacement sur place jeudi après-midi, et "s'est montrée très intéressée" selon Éric Renouard, principal de l'établissement.
La méthode consiste à inclure l'intimidateur dans le processus de reconstruction après le début du harcèlement. "Regarde, ton camarade ne va pas bien, qu'est-ce qu'on peut faire pour l'aider ?", explicite le principal. "Au lieu de le stigmatiser, on l'inclut dans la démarche pour qu'il se rende compte de ce qui peut être générateur de souffrance." Ce dispositif apparaît désormais dans le règlement intérieur du collège, et les élèves se l'approprient de plus en plus. "La première année nous avions 12 cas, l'année suivante 35, et depuis la rentrée scolaire nous avons une quinzaine de personnes", énumère Eric Renouard.
Des élèves ambassadeurs contre le harcèlement
Plus généralement, le programme pHARe du ministère de l'Education nationale, encadre la lutte contre le harcèlement scolaire. De 2019 à la rentrée dernière, le dispositif était en phase d'expérimentation dans six académies. Désormais, il se déploie sur l'ensemble du territoire. Ce plan de prévention du harcèlement à destination des écoles et des collèges doit notamment permettre de responsabiliser les élèves.
Certains peuvent même se porter volontaires pour être ambassadeurs contre le phénomène, qui touche 700 000 élèves par an en France. "Ces élèves seront formés pour détecter et accueillir la parole des personnes victimes", détaille Benoit Clair, co-référent académique au harcèlement du rectorat de Dijon. "L'expérimentation nous a montrée que lorsque l'information se fait d'élève à élève, ils sont plus réceptifs." Autre point du dispositif, il y aura désormais "cinq personnes-ressources au sein de chaque établissement pour prendre en charge les situations de harcèlement", explique-t-il. Le plan pHARe est actuellement déployé dans 45 collèges de Bourgogne, et un peu plus de 300 écoles. L'an prochain, il sera étendu à tous les établissements.
Un "climat scolaire plus serein"
Pour quels résultats ? "Nous avons des retours positifs", assure Rachel Meynent. Selon la deuxième co-référente de l'académie de Dijon, "le climat scolaire est beaucoup plus serein" depuis la mise en place des mesures. "Il y a une volonté ambitieuse de former des gens au harcèlement", abonde Jérôme Naime, principal du collège Rameau à Dijon. Une nécessité, alors que "la plus grande difficulté du harcèlement scolaire est de le détecter", soutient le chef d'établissement.
Autre apprentissage de ces quelques mois d'expérience, "s'il n'y a qu'une sanction en cas de harcèlement, cela ne règle pas le problème", assure Rachel Meynent. "Si elle est parfois nécessaire, une sanction disciplinaire doit forcément s'accompagner d'une réaction rapide et positive, sinon elle n'est pas suffisante pour empêcher de nouveaux cas", ajoute-t-elle.
0808 800 197 pour signaler des cas de harcèlement
Benoit Clair et Rachel Meynent sont chargés de répondre aux appels du 0808 800 197, dédié aux signalements pour le rectorat de Dijon. En 2020, 90 dossiers de harcèlement scolaire ont été ouverts dans l'académie de Dijon après des appels sur cette plateforme dédiée. "Mais ça n'est pas le seul moyen de prévenir", mentionne le rectorat. Si votre enfant est harcelé, vous pouvez aussi en parler directement à l'établissement, ou appeler la plateforme nationale au 3020.