Harcèlement scolaire. "Le harcèlement ne doit plus être un tabou". Dans ce collège des Côtes d'Armor, un combat au quotidien

En cette journée de lutte contre le harcèlement scolaire, Ghislaine Lemaitre-Gravier, principale du collège Les Livaudières à Loudéac détaille les moyens de combattre le fléau qui touche 700 000 élèves en France.

Quand Ghislaine Lemaitre-Gravier est arrivée au collège Les Livaudières à Loudéac, plusieurs indicateurs montraient un mal-être. "Rien de grave, dit-elle, mais un climat un peu tendu avec un taux d’absentéisme un peu élevé, des passages par l’infirmerie."

La principale du collège a tiré le signal d’alarme et a invité les enseignants, le personnel du collège, les élèves et leurs parents à venir discuter des questions  de harcèlement. 

"Aujourd’hui, développe-t-elle, les phénomènes de harcèlement scolaire ont augmenté et ils dépassent les murs de l’école. Ils impactent la vie de l’enfant, pas seulement celle de l’élève. Les mots prononcés ou les coups reçus peuvent bousculer sa vie affective, sa vie sociale, sa vie familiale et même plus tard, sa vie d’adulte. C’est notre devoir de protéger les élèves."

"Le harcèlement ne doit plus être un tabou," répète la principale. Lors d’une des réunions, un parent a eu une phrase magique, "on apprend les feux rouges à un enfant, on doit aussi lui enseigner les méthodes pour se sortir d’une situation délicate."

Ghislaine Lemaitre-Gravier l’affirme, le temps des "C’est bon, tu sais te défendre." "Tu es grand, il faut passer à autre chose," c’est fini ! "On doit cesser de nier.

Cinq référents dans l'établissement

Dans le collège, trois professeurs, une auxiliaire de vie scolaire et le Conseiller Principal d’Education ont commencé la formation pour devenir "référents harcèlement."

Les parents et les élèves ont été sensibilisés. "Nous ne sommes plus seuls, au contraire, nous sommes tous ensemble. Nous avons tous les mêmes mots pour parler d’un problème, et les mêmes solutions. Cette approche partagée a permis aux adultes d’être plus à l’aise avec la question. C’est une véritable force" témoigne la principale.

Les élèves le sentent et savent qu’ils peuvent dire, "je ne vais pas bien, je vais en parler." Parfois ce sont des copains qui sentent que quelque chose ne va pas, et qui osent frapper à la porte. La principale se veut optimiste, "s’ils poussent la porte, c’est qu’ils savent qu’ils vont être entendus. C’est un très bon début."

Le dialogue privilégié

Quand il y a un problème, le collège applique la méthode dite "non blâmante." "On invite les intimidateurs, explique Ghislaine Lemaitre-Gravier et on leur tend la perche. Je trouve que Gautier ne va pas bien, tu sais comment on pourrait faire ? Et souvent cela suffit pour que le harcèlement cesse! "

La principale aime utiliser l’image de l’enveloppe : "Comme toute la communauté, parents, personnel du collège, élèves, forme une enveloppe protectrice, celui qui est à l’intérieur, qui pouvait se croire vulnérable, se sent protégé. Et celui qui aurait pu avoir envie de devenir bourreau ne rentre pas. Il sent que le groupe est fort, que l’enveloppe ne va pas craquer, alors, il n’essaye même pas !"    

Le combat contre le harcèlement se livre jour après jour, dans le respect, la confiance, la bienveillance. Le collège n'a pas encore gagné la guerre, mais il a déjà remporté quelques batailles.  

 

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