Jeudi 18 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, de nombreuses actions de sensibilisation auront lieu dans les établissements scolaires. En France, 700.000 élèves seraient victimes chaque année de situation de harcèlement. Dans l’académie de Besançon, 137 signalements ont été réalisés en 2020.
“Notre fils avait des bleus sur le corps, il ne disait rien. C’est un professeur qui a détecté la situation de harcèlement un jour dans la cour de l’école”.
“Ma fille a été harcelée pendant plus de deux ans à l’école primaire par deux filles qui avaient déjà fait changer d’établissement une autre victime l’année précédente”.
“J'avais un groupe d'amies, j'ai toujours été vraiment timide. À la rentrée, une fille est arrivée dans le groupe, m'a prise en grippe et a rallié les autres à sa "cause". Elles m'ont écrit une lettre d'insultes, m'ont exclue du groupe… On tirait sur ma queue-de-cheval, en plus des insultes. On me disait que je serais toujours seule”, j’ai fini par en parler à mes parents”.
Le harcèlement scolaire a toujours existé. Et la parole se libère vite quand on interroge les internautes sur ces faits subis à l’école, au lycée. Selon l’observatoire de la santé, en France, plus d’un élève sur dix scolarisé en CE2, CM1 et CM2 est victime de harcèlement scolaire. Parmi les élèves concernés, 3% souffrent d’un harcèlement jugé « sévère ». 10% des collégiens sont également touchés, parmi lesquels 7% d’une forme grave. Au lycée, les chiffres sont un peu moins inquiétants, mais le harcèlement ne disparaît pas pour autant. Près de 4% des lycéens sont concernés.
Selon une enquête du ministère de l'Éducation, 5,6% des collégiens disaient être victimes de plusieurs violences pouvant s'apparenter à du harcèlement en 2017 (contre 6,9% cependant en 2013).
Des chiffres stables en Franche-Comté
Cécile Beisser-Voignier est référente sur les questions de harcèlement scolaire à l’académie de Besançon. “Les chiffres sont relativement stables, 137 situations nous ont été signalées en 2020” note-t-elle. Les victimes ou familles donnent l’alerte via le numéro national le 30 20, par mail ou via les équipes éducatives. “Dans le premier degré, nous avons davantage de signalements qu’avant. Ces petites graines plantées, parler du harcèlement scolaire, sensibiliser les parents, enseignants, élèves permettent de rendre le sujet moins tabous, et favorise l’expression” explique Cécile Beisser-Voignier.
"Il n’y a pas de profil type de personne harcelée ou harceleuse"
Sur les situations de harcèlement qui arrivent à la cellule académique, il est difficile de décrire qui est harcelée. D’abord, parce que les signalements ne sont que la partie émergée de l’iceberg. “On a plutôt des filles, mais elles s’expriment peut-être plus, ou c’est plus visible dans leur comportement” détaille Cécile Beisser-Voignier.
Le harcèlement scolaire, souvent un phénomène de groupe
À chaque cas signalé, une prise en charge se met en route. Le harcèlement est caractérisé par une répétition, une volonté de nuire à quelqu’un de plus faible. Le phénomène est souvent un phénomène de groupe. Et les jeunes n’ont pas toujours conscience du mal qu’ils vont provoquer. “Quand un élève est dans un groupe, le discernement est perdu, il y a un besoin d’appartenance au groupe” ajoute la référente. La prise en charge va constituer à s’occuper de la victime, mais aussi du ou des harceleurs, en les voyant individuellement pour “casser” cet effet de groupe. Le suivi s’étale en général sur une année scolaire, avec la désignation d’un adulte qui va veiller à ce que la situation de harcèlement ne se reproduise pas. Les changements d’école, des harceleurs ou harcelés, ne constituent pas la solution idéale, car parfois, le harcèlement se poursuit par du cyberharcèlement. Le cyberharcèlement, illustré en septembre par les menaces envers des élèves nés en 2010, se développe : un quart des collégiens (25%) disaient avoir été la cible d'au moins une attaque sur les réseaux sociaux en 2017.
En 2019, le Président de la République s'était adressé aux élèves sur cette thématique du harcèlement scolaire.
Ces signaux qui doivent alerter
Le harcèlement scolaire peut avoir des conséquences plus ou moins graves. Alors que certains se trouvent peu à peu en échec scolaire, d’autres souffrent de traumatismes plus profonds (angoisse, dépression, troubles du sommeil, etc...) pouvant les conduire jusqu’au suicide, comme la jeune Dinah, 14 ans, retrouvée morte dans sa chambre alors qu’elle était harcelée dans son collège près de Mulhouse.
Pour Cécile Beisser-Voignier, il est important d’être attentif au moindre changement de comportement d’un enfant ou jeune ado chez lui comme en milieu scolaire. Il y a tout un tas de signaux qui doivent alerter. “Une tenue vestimentaire qui change, un changement de comportement à la maison, un enfant qui s’enferme, ne mange plus, un enfant qui peut devenir violent.. Les notes en baisse, des absences, une démotivation, un élève qui s’isole ou se fait chahuter…”.
La médiatisation des questions de harcèlement, la prévention faite dans les écoles et auprès des enseignants, et futurs enseignants est-elle en train de réduire ce phénomène de harcèlement scolaire qui perdure depuis des générations, souvenez-vous de la guerre des boutons de Louis Pergaud ? La référente de l’académie de Besançon veut y croire. “J’ai l’impression qu’il y a une vraie prise de conscience pour que cela s’arrête” dit-elle.
Les numéros utiles sur le harcèlement scolaire
3020 #NonAuHarcelement : numéro de la ligne d'aide officielle, gratuite, du ministère de l'Éducation nationale.
116 006 : N° vert 7/7j : aide à la plainte, soutien psy, accompagnement social.
30 18 N° vert « NET ECOUTE » : si votre enfant se fait harceler sur les réseaux.