Invité du journal télévisé de ce dimanche 2 octobre, Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, est revenu sur la professionnalisation des trafiquants de drogue en Bourgogne, décrite dans une note de la direction centrale de la police judiciaire.
Un document de la direction centrale de la police judiciaire, dont des extraits ont été publiés par le JDD ce dimanche 2 octobre, révèle comment la vente de cannabis, d'héroïne et de cocaïne prospère dans les villes moyennes. "Bien décrit et documenté à Marseille, où il est présent depuis plusieurs années, le phénomène dit du narcobanditisme a essaimé pour finir par s'ancrer dans d'autres villes du territoire national", est-il écrit. Dijon ne fait pas exception. Les enquêteurs détaillent le fonctionnement précis des réseaux de trafiquants présents dans la préfecture de Bourgogne.
Face à des trafics de plus en plus structurés, les autorités de police et la justice sont en première ligne. Le procureur de la République de Dijon était l'invité du 19/20 de ce dimanche 2 octobre.
Peut-on parler de "marseillisation" pour parler du narcobanditisme à Dijon ?
Olivier Caracotch : "Je ne connais pas exactement la situation de Marseille et je ne veux pas stigmatiser un territoire. Une chose est sûre, on constate à Dijon, comme dans beaucoup d’endroits, une professionnalisation du trafic de stupéfiants, une forme de radicalisation de ce trafic. L’objectif des autorités de police et judiciaires est d’éviter de basculer dans une situation où l’on perdrait le contrôle de la situation. Ce qui n’est pas encore le cas à Dijon."
Vous utilisez le terme de "fordisme". Le trafic de drogue est-elle une industrie tenue par quelques familles ?
Olivier Caracotch : "Une industrie je ne sais pas, une petite entreprise sans doute. Il est assez symptomatique de constater qu’un point de deal est une forme d’entreprise avec ses codes, sa répartition du travail, ses horaires et sa rémunération. Malheureusement, sur les points de deal les plus ancrés dans les territoires, on peut voir un affichage des tarifs, des horaires d’ouverture ainsi qu’une organisation pour permettre le ravitaillement des personnes qui travaillent sur place."
Comment expliquer cette situation dans une ville moyenne comme Dijon ?
Olivier Caracotch : "Je crois que les stupéfiants n’ont pas de frontière. Les stupéfiants génèrent de tels profits pour les trafiquants qu’ils auraient tort de se cantonner qu’à un certain nombre de régions. L’emprise de ce trafic et de l’usage de stupéfiants s’étend. Pour moi, ce n’est pas une surprise que la ville de Dijon et que les communes alentours soient concernées. L’objectif est d’éviter que le trafic s’étende davantage et que celui-ci s’enkyste."
Le maire de Talant demande plus de sévérité de la part de la justice, notamment auprès des mineurs. Comment gagner cette guerre contre le narcobanditisme ?
Olivier Caracotch : "Par une stratégie de harcèlement, comme celle menée actuellement par la police à Dijon, et par une réponse systématique de la part de l’autorité judiciaire. À chaque acte, il doit y avoir une réponse judiciaire, la plus rapide possible. Concernant les mineurs, il y a un travail qui a été mené dans le cadre du nouveau code de justice pénale des mineurs pour réduire le délai de la réponse pénale apportée. Est-ce qu’il faut plus de sévérité ? Je n’en suis pas convaincu, cela dépend des dossiers et des personnalités de chacun. À mon sens, et c’est la politique pénale qui est développée à Dijon, il faut permettre l’éloignement des personnes. Quelle que soit la décision judiciaire, il faut éviter qu’elles reviennent sur place et occupent à nouveau leur forme d’emploi sur le point de deal."