Lycée militaire d'Autun : une élève originaire du Congo-Brazzaville a-t-elle été discriminée en raison de ses origines ?

Une jeune élève du lycée militaire d'Autun, en Saône-et-Loire, aurait été discriminée en raison de ses origines par la direction de l'établissement. Elle aurait été poussée à quitter la filière générale pour une section professionnelle. Une plainte va être déposée.

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Le lycée militaire d'Autun est-il au cœur d'une affaire de discrimination ? C'est une affaire soulevée par nos confrères du journal Le Parisien, et confirmée par France 3 Bourgogne ce 21 mars. Selon le Cran (le Conseil Représentatif des Associations Noires), la direction du lycée a tenté de pousser une élève originaire du Congo-Brazzaville à quitter la filière générale pour rejoindre une section professionnelle, qui n'existe pas dans l'établissement.

Incitée à quitter le lycée pour une filière professionnelle

D'après les informations du Parisien, vérifiées par France 3, la direction du lycée a envoyé un mail aux enseignants dans lequel elle les invite à modifier leurs appréciations sur le bulletin de notes de la jeune fille en question, pour décourager l'élève à poursuivre une filière générale. Et ce, alors que la date butoir de rendu des appréciations était dépassée.

Dans ce mail, la responsable pédagogique justifie son propos par le fait que l’élève de seconde aurait accumulé de grosses lacunes durant ses années en Afrique et qu’elle devrait donc être orientée vers une filière professionnelle, malgré la volonté de ses parents.

Nassurdine Haidari, président du Cran, n'a pas de doute, c'est une discrimination envers les origines de la jeune fille : "Nous avons été contacté par un lanceur d'alerte et par la famille qui ne comprenait pas cette demande d'orientation. Nous avons aujourd'hui un mail qui demande aux professeurs de changer leurs appréciations pour que cette jeune fille ne bénéficie pas de l'orientation qu'elle souhaite."  Le Cran va déposer une plainte auprès du procureur de la République de Chalon-sur-Saône. 

"C'est une histoire tristement banale mais d'une assourdissante réalité"

Nassurdine Haidari, président du CRAN

Maitre Joanes Louis, avocat au barreau de Paris, est saisi du dossier. Pour lui, le caractère discriminatoire ne fait aucun doute : "Normalement, après le 10 mars, aucun professeur ne pouvait modifier ses appréciations, or le 14 mars, la proviseure adjointe demande à titre exceptionnel de modifier celles-ci en tenant des propos quasiment discriminatoires, en insistant sur sur la provenance de l'élève du Congo-Brazzaville. Il y a 600 élèves dans cet établissement, c'est la seule pour qui la date butoir a obtenu une dérogation."

Toujours selon l'avocat, malgré quelques difficultés, les résultats de l'élève ne justifient pas un tel traitement de défaveur. D’autres élèves ayant des résultats similaires ne se voient pas découragés dans leur orientation. Pire, plusieurs professeurs félicitent les efforts de la jeune fille.

Le lycée militaire se défend

Mis en cause, l'établissement militaire se défend et nie toute intention de nuire à la scolarité de l'élève. "Nous cherchons à accompagner une élève dans ses difficultés et à essayer de lui trouver une orientation la plus adaptée possible à ses capacités et à ses aspiration", précise le colonel Pierre-Henri Truquet, chef de corps du lycée militaire.

Le Cran reçoit des centaines de témoignages sur des orientations qui sont étranges, "mais aujourd'hui, nous avons la preuve de cette main invisible qui agit contre une catégorie de population pour les orienter vers certaines filières", estime Nassurdine Haidari.

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