Seul candidat déclaré à la présidence des Jeunes Agriculteurs (JA), Pierrick Horel a succédé à Arnaud Gaillot, ce jeudi 6 juin 2024. Portrait de ce jeune éleveur bio de 33 ans, élu pour une période de deux ans, et Bourguignon la moitié de l'année.
Agriculteur depuis ses 19 ans, Pierrick Horel est actuellement à la tête d’une exploitation de plus de 420 hectares, situé à la fois en Saône-et-Loire et dans les Alpes de Haute-Provence. Celui qui est maintenant le nouveau président des Jeunes Agriculteurs, syndicat allié de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) possède plus de 150 animaux.
Les bovins passent l’hiver dans le Sud, et le reste du temps, en Bourgogne, où ils pâturent à l’abri du loup. La présence de canis lupus provoquait un "niveau de stress trop élevé" chez les vaches, dont "20 % à 40 %" perdaient le veau en gestation", affirme-t-il, dans un entretien accordé à l'AFP.
Issu d'une famille travaillant dans le milieu agricole, Pierrick Horel est titulaire d’un Bac Pro CGEA, il affirme avoir "toujours voulu être agriculteur et éleveur d’Aubrac".
Pas de révolution en vue pour la JA mais un profil "un peu différent"
Différent, puisque le nouveau président de la JA tient à distance la dimension sacrificielle qui a longtemps prévalu dans le monde paysan. Ce père de deux enfants, en couple avec une employée de banque faisant du conseil agricole, "ne souhaite pas forcément rester dans le métier d'agriculteur jusqu'à 67 ans" et se ménage plusieurs semaines de vacances en famille, ainsi que "pas mal de week-ends". Il espère montrer aux jeunes ayant comme lui un "profil un peu différent" qu'ils ont leur place dans ce syndicat, dont les élus doivent avoir moins de 38 ans.
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Il est également éleveur bio, même s'il ne le revendique pas à tout bout de champ : "J'essaie de combattre le clivage agriculteur bio/agriculteur conventionnel parce qu'on a besoin de chacun."
Au cœur de la crise agricole de l'hiver 2024
Pendant la crise agricole de l'hiver, Pierrick Horel, en tant que secrétaire général, et le président des JA de l'époque, Arnaud Gaillot, se sont retrouvés "au cœur du réacteur", selon l'ancien numéro deux des JA : sur les plateaux télévisés et dans les multiples réunions avec le gouvernement. "C'était éprouvant et très formateur. On apprend très vite à négocier", relève l'éleveur bovin.
La crise a abouti à une moisson inédite de 70 engagements gouvernementaux, le plus souvent alignés sur les revendications FNSEA-JA.
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Antoine Duthu, président des JA de Côte-d'Or s'exprime sur cette crise et les actions futures des Jeunes Agriculteurs :"La pression n'est pas retombée dans les cours de ferme, il faut encore se mobiliser sur les points qu'on connaît. On a réussi à obtenir quelques contraintes mais on attend des actions réelles."
Maxime Bonnot, président des JA de Saône-et-Loire, partage cet avis et a confiance en Pierrick Horel pour continuer les actions : "On a entièrement confiance en lui, il nous a soutenus durant les crises agricoles. Maintenant il faut maintenir la pression pour avoir un meilleur renouvellement des générations et de meilleures installations."
Crée en 1957, la JA compte 18 000 adhérents
Axé prioritairement sur les enjeux liés à l'installation et la transmission, JA a longtemps milité pour que tous les départs d'agriculteurs soient remplacés. Le principe, "pas réaliste", a été abandonné, le syndicat estimant que l'agrandissement des fermes est encore parfois nécessaire pour être compétitif.
Les élections aux chambres d'agriculture sont prévues pour janvier 2025. Elles détermineront la représentativité des différents syndicats et en conséquence le financement public qu'ils reçoivent. Un objectif pour Pierrick Horel.