La métropole dijonnaise va-t-elle se mettre au dépistage massif comme les expérimentations lancées dans la ville du Havre ou à Charleville-Mézière ? Pour l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté, cette stratégie n'est pas à l'ordre du jour.
Depuis lundi 14 décembre, une campagne de dépistage massif de la Covid-19 a commencé au Havre (Seine-Maritime) et à Charleville-Mézières (Ardennes). Une autre sera réalisée à Saint-Etienne (Loire) et à Roubaix (Nord) début janvier 2021.
Alors que selon les derniers chiffres communiqués par l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté, la métropole de Dijon est dans le rouge, la cité des ducs n’est pas pour le moment concernée par cette campagne de test de grande ampleur. La direction de l'ARS attend de voir les conclusions des expérimentations menées notamment au Havre et à Charleville-Mézière sans pour autant fermer la porte.
"Pourquoi pas ? On attend avec impatience le résultat des ces expérimentations. On attend un retour d’expérience pour voir si elles ont permis de briser des chaînes de contamination supplémentaires," déclare Pierre Pribile, directeur de l’ARS en Bourgogne-Franche-Comté. "Je suis attentif aux résultats et si elles sont concluantes, on s’en inspirera."
Nous, on n’écarte rien et on ne rejette pas l’idée de le faire.
La ville de Dijon se dit prête à déployer des moyens logistiques si elle est sollicitée par l'Etat et l'ARS. "Nous, on n’écarte rien et on ne rejette pas l’idée de le faire", déclare Françoise Tenenbaum, conseillère municipale en charge des questions de santé à Dijon. "On attend d'être sollicité par l'Etat car c’est la responsabilité de l'ARS et de l’Etat."
Une stratégie qui pose question
Mais ces opérations de dépistage massif ne sont pas pour le moment à l'ordre du jour et posent question tant au niveau de l'intérêt sanitaire que scientifique. Un des arguments également mis en avant est le défi logistique que cela représente de tester massivement la population.
Cela demande une logistique énorme et on n‘est pas convaincu de l’intérêt sanitaire."
Selon Damien Borgnat, adjoint à la déléguée départementale de l'ARS dans l'Yonne, "cela demande une logistique énorme et on n‘est pas convaincus de l’intérêt sanitaire. On l’a vu en Slovénie où les personnes ont été systématiquement dépistées. Ils en sont aujourd’hui à confiner de nouveau."
Sur la partie logistique, la ville de Dijon est prête à mettre à disposition ses locaux et à se mettre en ordre de bataille s'il le faut. "Si on peut être utile, on le fera. On pourrait surtout apporter une aide logistique mais après, il faut avoir du personnel qu’on nous mette à disposition", explique Françoise Tenenbaum.
Dans un avis rendu le 17 novembre, le Conseil scientifique écartait l'idée du dépistage massif en raison de la "logistique opérationnelle très complexe qu’elle nécessite et les incertitudes sur son efficacité".
Une offre de test suffisante
Pour expliquer son choix de ne pas organiser de campagne de test massif, l'ARS explique qu'il n'y a pas pour le moment d'engorgement dans les centres de dépistage de Bourgogne, et notamment à Dijon.
L’offre de dépistage reste très active. On a des délais qui n’ont jamais été aussi bons en retour de test.
"L’offre de dépistage reste très active. On a des délais qui n’ont jamais été aussi bons en retour de test. C'est même impressionnant", explique Pierre Pribile. "A l’heure ou l’on se parle, il y a une vraie capacité de test sur l’agglomération dijonnaise avec des résultats qu’on a parfois en quelques heures sur les test PCR."
Un avis partagé par Françoise Tenenbaum. "Les dépistages pour l’instant, on en a suffisamment. Ce n’est même pas plein au CHU de Dijon."
Dans l'Yonne, les campagne de dépistage Covid-19 ne font pas le plein
Dans les départements où le virus circule le plus comme dans l'Yonne, de grandes opérations de dépistage sont organisées avant les fêtes de fin d'année. Le weekend dernier, deux campagnes étaient organisés à Chablis et à Avallon avec, à l'arrivée, peu de volontaires pour se faire tester. Au total, 105 personnes se sont fait tester sur ces campagnes.
"Quand on propose dans l’Yonne des campagnes de test sur un site éphémère, il y a beaucoup moins de demandes et de personnes qui se présentent que l’été dernier car il n’y a pas de difficultés de test au quotidien", explique Pierre Pribile.
Pour Damien Borgnat, "Cela ne répond pas à une demande. Aujourd’hui, les files d’attente dans les laboratoires ont très largement diminuées. On n'est plus dans la situation du mois dernier. C’est simple d'obtenir un rendez-vous pour un test et d'avoir la réponse dans des délais raisonnables."
Alerter la population sur la situation sanitaire
Ces campagnes de dépistage n'ont pas vocation à dépister massivement, mais sutout d'alerter la population et de maintenir la vigilance vis-à-vis de la situation sanitaire et l'évolution de l'épidémie en Bourgogne. "On a ressenti le besoin d’alerter la population sur la situation et la crainte d’avoir un rebond fort sur la deuxième vague à la mi-janvier," explique Damien Borgnat.
D'autres campagnes de dépistage sont organisées ce weekend dans l'Yonne. Le 19 décembre, à Auxerre, de 10h à 16h au centre Leclerc, et à Toucy, de 9h à 12h à la pharmacie Ménard. Le lendemain, le 20 décembre, même opération à Auxerre, à la galerie des Clairions de 10h à 16h.
Lancement de la campagne #pourquoijelefais
Afin de mobiliser la population autour du respect des gestes barrières et tenter de parvenir à maitriser l’épidémie, l'agence régionale de santé a lancé le 8 décembre la campagne #pourquoijelefais.
"C’est pour nous l’occasion de remobiliser la population. On a une affiche qui rappelle les gestes particuliers pendant les fêtes, comment assurer un maximum de sécurité pendant les repas de famille, etc," précise Damien Borgnat. "C’est une campagne qui se veut positive et met dans une perspective de jours meilleurs."