Trois ans après le regroupement de 14 communes, Charny-Orée-de-Puisaye a connu plusieurs changements pour améliorer le quotidien de ses habitants.
Charny-Orée-de-Puisaye, dans l’Yonne, est un jeune village qui a vu le jour trois ans plus tôt. Il est né de la fusion de 14 communes, ce qui lui permet de totaliser 5200 habitants. Il est la 6ème commune du département en termes de population.
Avec ses 230 kilomètres carrés, Charny-Orée-de-Puisaye est aussi étendue que la ville de Marseille.
Peu avant le regroupement, les habitants étaient sceptiques, voire ignorants de ce changement.
Un des grands débats avant la fusion a été de réfléchir au nom qui allait être donné aux habitants. Les élus ont tranché pour les Charnycois et les Charnycoises, termes déjà utilisés dans l’ancien village. « Je suis né ici en 1954, c’était déjà ça. Et ça continue et je ne vois pas pourquoi ça changerait », déclare l’un d'eux.
Avis mitigés des habitants
L’union des anciennes communes devait apporter un certain nombre d’évolutions. « Ça permet à la commune nouvelle de pouvoir mutualiser des moyens afin d’amener des nouveaux services à la population. Des services qui n’existaient pas. Et puis ça permet à la population d’avoir une vision territoriale alors qu’habituellement elle avait plus tendance à respirer à l’ombre de son clocher », informe un habitant convaincu par ce changement.
Cependant, tout le monde n’en est pas satisfait. Un Charnycois ne voit pas réellement ce qui a été amélioré. Selon lui, « c’est uniquement les adresses sur le courrier que ça rallonge ».
Une autre habitante a remarqué des répercussions sur l’entretien de la commune. « Les routes sont moins entretenues. On est moins servi mais on paie autant », ajoute-t-elle.
« C’est la merde », s’insurge une autre Charnycoise sans détour.
Une redynamisation du territoire
L’ancien bourg Villefranche-Saint-Phal a, quant à lui, su s’appuyer sur son intégration pour se redynamiser. Fort de ses 600 habitants, l’ancien bourg garde une certaine indépendance grâce à sa mairie toujours ouverte. « On a des heures d’ouvertures réduites, mais on peut toujours se marier à Villefranche. On a toujours notre état civil. Comme avant, rien n’a changé », précise fièrement le maire délégué Michel Beullard.
Le regroupement a apporté un souffle inédit aux habitants. En effet, ces derniers peuvent dorénavant profiter d’une nouvelle boulangerie qui n’aurait jamais pu voir le jour quelques années auparavant. « C’est un projet qu’a conduit la commune nouvelle et sans elle, nous n’aurions pas pu conduire ce projet faute de capacités financières » indique Michel Beullard.
Ce n’est pas le seul avantage apporté par la nouvelle commune. Le maire délégué de Villefranche explique qu’un effort a été fait du côté de la culture. « On organise des spectacles qu’on avait pas l’habitude d’organiser, comme des concerts et un cinéma en plein air ».
L’élu note cependant quelques aspects négatifs, comme la réactivité du service technique qui est moins performante qu’avant. « On travaille et des actions sont là pour développer ce service technique et le rendre aussi efficace », renchérit-il.
De nombreux élus pour la jeune commune
Des améliorations sont donc à apporter au jeune village. Le nouveau maire Michel Courtois, élu en janvier 2016, raconte que « c’est tout une réorganisation administrative ».
L’un des premiers travaux auquel il a dû s’atteler concerne le changement des noms de rue. Une tâche aussi originale que fastidieuse. « Rue de l’Egalité par exemple, il y en avait quatorze. Là ça pose un vrai souci. Ça nous a amené quelques constatations, parfois mêmes violentes de la part de nos concitoyens ».
Un détail saute aux yeux à l'entrée de la commune : les panneaux ont gardé l’ancien nom « Charny ». Le maire s’explique : « l’investissement est à peu près de 15 000 euros. Comme ce sont des routes départementales, on attend tranquillement que le département le fasse. C’est pas pour nous le plus important ».
La fusion a entraîné un changement important dans le village : le nombre d’élus. On compte 14 maires délégués, un pour chaque ancienne commune.
Mais il faut également ajouter plus de 60 conseillers municipaux. « Ça fait au total 77 élus autour de la table », dénombre Michel Courtois. « Il y en a une trentaine qui ne viennent jamais », ajoute-t-il.
La question économique se pose : cela entraîne-t-il des frais inutiles pour Charny-Orée-de-Puisaye ? Le maire assure qu’il n’en est rien. « Ça ne coûte rien puisqu’il ne sont pas rémunérés. Ce sont de simples conseillers municipaux ».
Mais dès 2020, il ne restera plus que 33 élus, ce qui représentera tout de même une économie de 150 000 euros par an, tout en gardant un adjoint référant pour chaque ancien village.
Depuis 2016, onze nouvelles communes ont vu le jour dans l’Yonne.