Christophe Sirugue, rapporteur de la loi travail, un "diplomate" au sang froid

Ses collègues reconnaissent à cet homme posé des talents de "diplomate", mais le socialiste Christophe Sirugue affronte, avec son rôle de rapporteur de la controversée loi travail, une épreuve périlleuse digne d'"un funambule au-dessus des chutes du Niagara".

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Un homme avec une mission

Cet élu de Saône-et-Loire de 49 ans, carrure massive, portant foulard, bracelet en perles de bois et chevalière, s'est assigné la "mission" d'expliquer désormais "pourquoi on peut être fier de porter ce texte".
Sa permanence à Chalon-sur-Saône a été barrée par la CGT de slogans comme "rapporter c'est pas beau". Jusqu'alors méconnu du grand public, il court désormais les plateaux télé.
Ce natif d'Autun, qui avait commencé à militer à 20 ans, à l'Unef-ID et au MJS par opposition à la réforme Devaquet des universités, puis fut un strauss-kahnien et un proche de Pierre Moscovici, se dépeint en "social démocrate convaincu".

Un caractère "opiniâtre"

Christophe Sirugue est "opiniâtre, obstiné", pour "trouver le point d'équilibre entre les uns et les autres", salue le vice-président du groupe socialiste à l'Assemblée Olivier Faure. Mais "il a travaillé, un peu seul, comme s'il était ministre", raille un frondeur.
Décrit par ses défenseurs comme "entier" et "intègre", mais aussi "gros bosseur", parfois jusqu'à "s'accaparer tous les sujets", ce député depuis 2007 et professionnel de la politique a déjà été rapporteur de plusieurs textes sociaux, dont la loi Rebsamen en 2015, et a rendu nombre de rapports au gouvernement, dont le dernier remarqué sur les minima sociaux.
Bien que "légitimiste", cet ex-vice-président de l'Assemblée était hostile à l'avant-projet de loi Travail. Avec la présidente de sa commission des Affaires sociales, Catherine Lemorton (PS), il a posé ses exigences au gouvernement, notamment sur le retrait du plafonnement des indemnités prud'homales - obtenu -, avant d'accepter fin mars le "job" de rapporteur proposé par son groupe politique.

Amateur de serpents

A l'origine de plusieurs évolutions du texte en commission début avril, sur les licenciements dans le cadre d'accords "offensifs" ou des règles ajustées pour les TPE-PME, ce fils d'un chef de chantier et d'une conseillère principale d'éducation va donner, à partir de mardi, son avis sur chaque amendement. 
Sans "ignorer le contexte", son "objectif va être sans cesse de ramener au texte", affirme à l'AFP celui qui fait la charnière entre le gouvernement et les députés PS.
"J'ai été assez dur sur la première mouture, ce qui me permet aujourd'hui d'être réaliste par rapport aux avancées faites", assure l'ancien maire de Chalon-sur-Saône (défait en 2014 à l'issue d'un mandat) et ex-président de conseil général, qui se pose en ses terres comme l'anti-Arnaud Montebourg.
Pour un de ses camarades en phase avec l'exécutif, "il sait être rond mais obtiendra ce qu'il veut pour sortir" de l'impasse sur ce texte.
Malgré sa "capacité de persuasion sur une partie des socialistes" et son sens de "l'écoute", reconnus même par certains adversaires, convaincre les contestataires à gauche reste un défi.
"Un funambule au-dessus des chutes du Niagara", glisse le patron des députés Front de gauche André Chassaigne.
Pour Gérard Cherpion, chef de file des députés LR dans ce débat, "Christophe Sirugue est tellement écartelé entre ses propres convictions, les impératifs mouvants du gouvernement et les frondeurs, qu'il a tendance à se gauchir dans cette affaire".
S'il n'est pas prêt à avaler toutes les couleuvres, le Bourguignon affectionne les serpents. Il en a eu 300, mais n'a "plus le temps".
          
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