Conséquence du Covid-19, beaucoup de communes en Bourgogne sont obligées d'annuler leur marché de Noël. Les premiers à en souffrir sont les producteurs et artisans locaux qui font une grande part de leur chiffre d’affaires sur ces marchés. Un marché virtuel a vu le jour en Bourgogne.
À l’exception de quelques communes qui tiennent pour le moment à maintenir un marché alimentaire, les marchés de Noël sous leur forme habituelle, ont en grande majorité été annulés cette année dans l'Yonne. Les uns après les autres, les communes et les comités des fêtes ont annulé leurs organisations avant ou juste après le reconfinement mis en place le 28 octobre dernier. Un manque à gagner pour les producteurs spécialisés et les artisans locaux.
C'est un coup très dur."
C'est le cas d'Hervé Moreau, producteur de viande de cerf à Brienon-sur-Armançon. "C’est un coup très dur puisque je fais 80% de mes ventes sur deux mois donc là. On va connaitre une baisse de chiffre d'affaire de quasiment 50%."
Pour s'adapter à l'annulation des marchés de Noël, il a repris contact avec tous ses clients et leur a envoyé des fiches commandes. "Depuis plusieurs années, je prenais des adresses mail. Je leur ai envoyé des bons de commande avec tous les produits que nous proposons."
Le producteur a également mis en place des points de retrait de ces commandes dans les villes où devaient se tenir les marchés de Noël comme à Sens ou à Talant, en Côte-d'Or. "Nous ferons de la remise en directe avec un système de drive".
Hervé Moreau est également en pourparler avec certaines mairies comme celle de Joigny pour intégrer le marché hebdomadaire. Il veut rester confiant même s'il est conscient qu'il fera moins de chiffre d'affaire cette année.
Lui aussi se veut confiant pour la suite. Jérôme Rabuat, a repris l'entreprise familiale de production de foie gras, située à Méré. Normalement, il a des marchés et des salons prévus tous les weekends de septembre à décembre ."Là, on n'en a aucun". Il a donc mis en place lui aussi des points de retrait pour que ses clients fidèles puissent retirer leurs commandes ."Cela permet au gens de ne pas trop se déplacer, et à nous de pouvoir leur fournir nos produits. C’est une solution pour compenser le problème du confinement."
Malgré le contexte sanitaire, il a maintenu pour le moment le marché de Noël qu'il organise les 18, 19 et 20 décembre sur sa commune. "C’est le weekend juste avant Noel. On espère pouvoir le faire pour aider justement tous les producteurs. Il y en a énormément pour qui c’est le salon où ils bossent le plus. Mais tout dépendra de la préfecture".
Pour léleveur, cette période de fêtes de fin d'années est essentielle pour son activité. Il espère que le mois de décembre va compenser les pertes occasionnées tout au long de l'année. Pour l'aider, il peut compter cette année sur les commandes des mairies ."On a fourni des colis pour les mairies. Cela fait un peu de commandes en plus que l’on avait pas avant"
Une aide dont a bénéficié également Christine Busson. Cette productrice de miel, basée à Fouchères, a vu également tous ses marchés annulés les uns après les autres. "Ce sera un gros manque à gagner."
Mais beaucoup de communes ont souhaité se tourner cette année vers les producteurs locaux plutôt que les grossistes pour constituer les colis de Noël. Une bonne chose selon elle. "Je trouve que c’est bien. Ma commune m’a acheté des produits. Il y a des communes qui réagissent pour nous faire travailler en fin d’année. Déjà moralement, on se sent moins isolé."
Manque de visibilité
L'annulation des marchés de Noël est un gros coup dur pour les producteurs spécialisés mais également les artisans. Le temps des fêtes est une saison importante pour des jeunes entrepreneurs comme Cindy Eloy. Cette couturière a lancé il y a 18 mois Au fil des fées. Elle propose des créations en boutique ou sur des salons, pour femmes, enfants, bébés, et aussi pour la déco.
L'année dernière, les marchés de Noël lui avait permis de gagner en visibilité. "Je n'ai pas forcément beaucoup de visibilité car je vis dans une petite commune où il n'y a pas beaucoup de passage. Se déplacer sur les marchés, c’et toujours bon pour se faire connaître et également en terme de chiffres d’affaire."
Cette année, les quatre ou cinq marchés sur lesquels elle comptait ont été tous annulés. "Là, j’espérais gagner un peu mieux sur les deux derniers mois, rattraper les mois du printemps et la relance qui ont été durs. On va espérer qu’avec tout ce qu’on met en place à côté, cela va permettre de rattraper un petit peu."
Renforcer sa présence sur le numérique
C'est donc sur le numérique qu'elle a décidé de se tourner. Elle vient notamment de commencer la création d’un nouveau site qui devrait être prêt pour mi-décembre. Elle mise beaucoup sur le numérique et les réseaux sociaux pour faire la vitrine de ses créations. "Cela fonctionne relativement bien. J'ai eu pas mal de contacts avec ma vitrine facebook donc c’est plutôt chouette."
Avec plusieurs membres de l'association artisanat d'art, elle a décidé également de mettre en place également une boutique éphémère à Sens. "Plusieurs créateurs et artisans vont déposer des articles. La vitrine sera faite la semaine prochaine et si on a le droit d’ouvrir les commerces, ce sera accessible à tout le monde. Cela permet de se donner plus de possibilités et de perspectives."
Un marché de Noël virtuel
Pour accompagner les artisans durant cette période difficile, la chambre des métieirs et des artisans a crée un site internet artizone-bfc.fr. Il recense aujourd'hui près de 220 artisans de la région, fait partie des initiatives qui permettent aux producteurs de gagner en visibilité l’approche des Fêtes. "A force de constater toutes ces annulations les unes derrières les autres, on a eu l’idée d’accompagner ces artisans pour faire la promotion de leur site internet, de leur compte facebook ou Instagram et de les regrouper sur une plate-forme, un annuaire d'artisans", détaille Thierry Léger, de la chambre des métiers et de l'artisanat de l'Yonne.
Après une réinscription en ligne, les artisans doivent envoyer leurs coordonnées et signer une charte qui les engagent à vendre des travaux de leur fabrication réalisés selon les techniques et savoir-faire du métier. Pour Thierry Léger, "l'idée est de pouvoir continuer à aider les artisans à vendre des produits. Certains ont des sites marchands. Le but, c’est d'inviter les internautes à contacter les artisans pour acheter leur production, c’est remplacer le contact physique par le contact virtuel."
Cependant pour que cela fonctionne, les artisans doivent faire la promotion du site sur leur site internet et les réseaux sociaux. "On leur transmet un kit de communication qu’ils peuvent utiliser sur les réseaux sociaux et sur leur site internet pour valoriser la démarche."
Si vous êtes artisan et que vous êtes intéressé, vous trouverez un formulaire en ligne pour vous inscrire.