Les chauffeurs de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) ont rejeté mardi les propositions du médiateur Laurent Grandguillaume dans la crise qui les oppose aux taxis, dont celle d'un fonds qui serait financé par tout le secteur pour compenser la chute de la valeur des licences de taxi.
Dans un communiqué commun, la Fédération française du transport de personnes sur réservation (FFTPR), Voitures noires et Uber reconnaissent les efforts déployés par le médiateur, Laurent Grandguillaume (député de Côte-d'Or), mandaté par le gouvernement pour "rétablir le dialogue interprofessionnel". Tout comme lui, ils sont d'accord sur le fait qu'il est nécessaire de "repenser l'équilibre d'ensemble du secteur" et que ces prestations de service "sont génératrices d'emplois". Mais ils jugent "décalées" les "réponses sécuritaires" apportées et rejettent en bloc les propositions clés du député PS.
Alors que les taxis se voient proposer des "indemnisations et des rachats de licences", ils soulignent que le médiateur promet aux VTC et Loti (chauffeurs de transport collectif) un "renforcement des contrôles policiers" et la "création de nouvelles restrictions d'accès à la profession". Cela aurait pour effet, expliquent-ils, de maintenir l'"asphyxie" de leur activité économique, alors que les VTC se disent déjà victimes d'un "harcèlement policier". "Il faut que les contrôles s'appliquent à tous. Aujourd'hui on stigmatise les VTC et Loti alors que des taxis continuent à refuser la carte bleue (obligatoire depuis octobre, NDLR)", a souligné un représentant du secteur ayant requis l'anonymat, ajoutant avoir "le retour de chauffeurs contrôlés trois à quatre fois dans la même journée".
Les VTC pas convaincus par le médiateur
Concernant la proposition d'un fonds de garantie pour les taxis qui cesseraient leur activité, pour compenser la dévalorisation de leur licence, les VTC jugent qu'il serait "incompréhensible que cela soit financé par les consommateurs et les nouveaux acteurs de la mobilité urbaine". Ils rejettent en outre une piste visant à améliorer les contrôles, à savoir la "transmission à l'administration du détail de chaque course", "dispositif qui serait gravement attentatoire aux libertés individuelles", et s'opposent "vigoureusement" à l'introduction d'un tronc commun d'examen entre les taxis et les VTC, qui s'apparenterait selon eux "à constituer un numerus clausus rampant".
"Nous nous méfions énormément car des taxis, il en sort quelques centaines par an tandis que des VTC il en sort quelques milliers. Si l'organisation des examens avec un tronc commun conduit à s'aligner à la baisse, on est morts", a expliqué à l'AFP Yves Weisselberger, président de la FFTPR. De même, ils refusent l'idée d'une signalétique "inamovible et inviolable" pour les VTC et Loti, à la place de l'actuel macaron amovible, y voyant "un frein" à leur activité et "une menace immédiate pour la sécurité personnelle des chauffeurs". Outre les problèmes de sécurité, "cela empêcherait les chauffeurs de travailler avec des voitures de location", argumente Yves Weisselberger.
Les représentants des VTC reprochent aussi au médiateur de ne prévoir "aucun dispositif pour ces 10.000 emplois [de chauffeurs au statut Loti] qui sont aujourd'hui menacés" et soulignent que depuis décembre "il est quasiment impossible de devenir VTC en France". Enfin, les VTC demandent à être placés sous la double responsabilité des ministères des Transports et de l'Economie, au lieu de l'Intérieur.