C’est un rapport particulièrement cinglant que la fédération nationale des sapeurs-pompiers a adressé au ministère de l’Intérieur. Il y dénonce une administration dépassée et une organisation à revoir. Mais en Côte d’Or et en Saône-et-Loire, le constat est beaucoup moins sévère.
Trois mois après le pic de la crise, l’heure est aux bilans. Ou plutôt au « Retex », les retours d’expérience comme disent les pompiers. Celui de la fédération nationale des sapeurs-pompiers, représentant 277 000 sapeurs-pompiers volontaires et professionnels est particulièrement sévère. Administration défaillante et dépassée, pompiers marginalisés, « esbroufe » des évacuations de patients en TGV, le rapport ne fait pas dans la mesure et créé la polémique. Le détails des critiques est à lire dans cet article de franceinfo.
En Bourgogne, les avis des pompiers sont cependant beaucoup plus nuancés. « Certains départements ont fait ces retours. Mais chez nous, la situation n’a pas été gérée de façon critiquable » estime un responsable d'une des unions départementales de sapeurs-pompiers. C’est le regroupement de ces unions départementales qui forme la fédération nationale. « Ce qui est dénoncé a certainement une part de vérité, mais cela ne concerne que les départements qui s’en sont plaints. Ce n’est pas le cas à ma connaissance en Bourgogne » ajoute-t-il.
Des pompiers pleinement engagés et associés
En Bourgogne, les sapeurs-pompiers sont plusieurs à prendre leurs distance avec les conclusions de ce document. Ils rejettent toute mise à l’écart des pompiers. « Nous avons pleinement participé à la gestion de la crise Covid. Nous n’avons pas souffert de ce qui ressort dans certains départements de France. Au contraire ! Les pompiers ont été très actifs et très associés » détaille Sylvère Chevallier. Le représentant des pompiers de Côte d’Or souligne également la « relation étroite » avec l’ARS, ou la possibilité qui a été rapidement offerte aux sapeurs-pompiers d’utiliser les moyens de désinfection dont bénéficiaient les services du SAMU.Autres représentants des soldats du feu, mais cette fois, uniquement des sapeurs-pompiers professionnels, les syndicats. "En Côte d’Or, la situation a été plutôt bien gérée" confirme un représentant du SA-SPP-21, le syndicat autonome des sapeurs-pompiers. "Les pompiers étaient bien équipés. Dans le département, il n’y a pas eu de soucis."
Un manque de reconnaissance plus qu'un problème d'organisation
Même constat en Saône-et-Loire, même si tout n'a pas été simple durant la crise sanitaire. Romuald Proriol est le président du Syndicat autonome des Sapeurs-pompiers 71. "Les choses ne se sont pas trop mal passées. On a manqué de masques au départ parce que nous n’avions pas été comptés parmi les soignants. Nous n’avons pas non plus eu droit au départ aux garde d’enfants. Mais les présidents de départements ont fait le forcing. Il n’y a pas eu de problèmes majeurs de fonctionnement. On a travaillé main dans la main entre administration et syndicats."
Contactée, l'Agence régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté se contente de répondre : "L'ARS n'est pas dans le commentaire, elle est dans l'action et reste pleinement mobilisée pour combattre une épidémie qui n'est pas terminée et qui requiert l'engagement total et solidaire de tous."
Si problème il y a, il est plus large estime Romuald Proriol : "Le problème, c’est le manque de reconnaissance de l’Etat. Les pompiers ne sont pas considérés comme des soignants alors que nous sommes le premier maillon de la chaine de secours. Ils savent nous trouver pour les opérations qu’ils ne peuvent confier à personne d’autre, mais il n’y a pas de considération" déplore-t-il. Si en Bourgogne, la crise sanitaire n'a pas marqué de disfonctionnement majeurs selon les pompiers, elle n'a pas pour autant effacé les problèmes qui existaient auparavant.