Coronavirus : comment les intermittents jugent-ils les annonces d'Emmanuel Macron ?

Ce mercredi 6 mai 2020, le Président de la République voulait rassurer le monde de la culture, durement frappé par le confinement. Année blanche pour le régime d'assurance chômage des intermittents, fonds d'indemnisation, etc... Que retiennent les intermittents du spectacle de la région ?

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Les intermittents du spectacle et, plus globalement, le monde de la culture attendaient depuis longtemps que l'exécutif s'adresse à eux. Il y a six jours, des artistes publiaient une tribune dans Le Monde intitulée "Monsieur le Président, cet oubli de l'art et de la culture. réparez-le !". Ce mercredi 6 mai, Emmanuel Macron réunissait en visioconférence à l'Elysée douze personnalités du cinéma, de la danse, de la musique, du théâtre.

A l'issue, le chef de l'Etat a annoncé quelques mesures pour ce secteur dont une prolongation des droits à l'assurance chômage des intermittents jusqu’au 31 août 2021. Les intermittents se mobilisaient depuis quelques jours sur cette fameuse "année blanche" alors que les théâtres, les salles de spectacles et tous le grands festivals sont à l'arrêt. Ils étaient nombreux à se demander comment ils pourraient boucler leurs 507 heures de cachets minimum sur une année avec l'annulation de ces événements. Or, sans ce volume d'heures, ils ne peuvent pas toucher d'indemnisation chômage au titre de l'intermittence du spectacle.


Des annonces très attendues... 


"Au bout de sept semaines de confinement où on voyait fleurir les aides exceptionnelles pour les entreprises, les auto-entrepreneurs ou les artisans et nous rien, ce silence commençait à devenir long, très long !", s'insurge Franck Halimi, metteur en scène dijonnais et membre de la coordination nationale des intermittents précaires.

"Heureusement que le monde de la culture sait se mobiliser. On a de la chance d'avoir dans notre secteur des syndicats, des collectifs et des personnalités médiatiques. Sinon, on attendrait toujours !", renchérit Sébastien Guichard, ingénieur du son installé dans la région chalonnaise. 
 


"Ce n'est pas comme si on ne pesait pas lourd dans l'économie française. On représente 7 fois plus que l'automobile dans le PIB du pays. On n'est pas simplement des saltimbanques qui jonglent avec des quilles", peste Didier Grebot, metteur en scène et directeur artistique du musicien dijonnais Yves Jamait.


... mais accueillies avec méfiance 


Sans le formuler ainsi, Emmanuel Macron a promis une année blanche pour les intermittents du spectacle dans le calcul de leur régime d'indemnisation chômage. Le Président de la République a souhaité que leurs droits "soient prolongés d'une année au-delà des six mois où leur activité aura été impossible ou très dégradée”. 

"Le principe est acté ! C'est déjà ça, l'exécutif ne pourra plus revenir dessus. Mais il faut aller au-delà de l'effet d'annonce dont Emmanuel Macron est coutumier et voir comment cela va être mis en place.", temporise Didier Grebot, le compère d'Yves Jamait. Même défiance chez Franck Halimi ! "Nous sommes dans le flou total sur les modalités d'application de cette année blanche. Tout dépendra comment le ministère du Travail mettra tout cela en musique. Par le jeu des dates anniversaire de renouvellement de statut, n'y aura-t-il pas des laissés pour compte ?", s'inquiète ce metteur en scène.

 


Lou Di Franco, auteure-compositrice-interprète, retient également les zones d'ombres du discours présidentiel. La jeune femme n'avait pas pu renouveler son statut d'intermittent du spectacle en 2019. "J'ai déjà eu une année blanche pour ma part. Je pensais pouvoir le décrocher à nouveau entre novembre 2019 et 2020 car j'avais fait plusieurs dates de concert et d'autres étaient prévues. On nous parle de prolonger les droits de ceux qui sont déjà intermittents. Mais pour ceux qui veulent réintégrer ce régime ou les primo-arrivants, rien n'a été annoncé. Et les cachets obtenus entre le début du confinement en mars et ces annonces seront-elles comptabilisées dans nos heures ?", s'interroge cette musicienne.

Lou Di Franco a également été choquée par le terme "se réinventer" que le chef de l'Etat a beaucoup utilisé dans sa prise de parole. "Emmanuel Macron a semblé assortir ce plan d'aide à une contrepartie. Il nous a demandés d'aller dans les colos cet été ou dans les écoles en nous disant "réinventez-vous". Mais l'action culturelle dans les établissements scolaires, ça existe déjà ! Je ne l'ai pas attendu pour animer des ateliers musicaux dans les écoles.", ironise la jeune femme.
 


Et après ?

Au-delà de ce sursis pour le régime d'indemnisation chômage des intermittents, de nombreux artistes et techniciens aimeraient pouvoir se projeter sur une date de reprise du spectacle vivant. Hormis la réouverture des lieux de créations au 11 mai pour que les groupes et les compagnies puissent répéter, aucune date n'a encore été annoncée. "Je ne bosse pas avec des gros mais avec des artistes en développement, des petits tourneurs ou des petites salles. Je suis inquiet pour leur redémarrage. Un fonds d'indemnisation nous est annoncé pour les petits et certains me parlent de reprendre les dates en septembre mais je suis perplexe.", explique l'ingénieur du son Sébastien Guichard.

Malgré la renommée d'Yves Jamait, son manager Didier Grebot partage la même crainte. Et si l'interdiction de se rassembler était une nouvelle fois reconduite ? Et si le public hésitait à reprendre le chemin des salles de spectacle ? "On a annulé les 25 dernières dates de la tournée "Mon Totem" d'Yves Jamait. On doit reprendre la route en septembre prochain et jusqu'en mai 2021 pour une tournée de petites salles en configuration trio. Mais n'y aura-t-il pas d'autres annulations ? Or, ce n'est pas avec le marché du disque qu'on vit mais bien avec les concerts. Cette situation est très violente.", alerte Didier Grebot. Elle l'est pour tous : artistes comme techniciens, connus ou moins connus.
 


Le reportage en Franche-Comté de Maxime Meuneveaux et Bernard Portugal avec :
  • Franck Riester, ministre de la Culture
  • Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort
  • Mathieu Sabarly, directeur du festival Rencontres et Racines
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