La crise du Coronavirus et son confinement resteront dans l'Histoire. Plusieurs appels ont été lancés pour collecter vos souvenirs, notamment par les Archives de Dijon ou de l'Yonne. L'idée : ne pas perdre tout ce qui se voit et vit, notamment sur les réseaux sociaux.
« Dès le début, on a eu la volonté de conserver toute l’information administrative qu’on recevait comme les allocutions du maire qu’on enregistrait », explique Cécile Lelong, archiviste aux Archives municipales de Dijon. « Puis après, on a vite remarqué que beaucoup de personnes sont créatives en cette période de confinement. Mais comme tout ce qui se passe sur les réseaux peut disparaître, c’est intéressant de le conserver ».
Alors l'idée d'une grande collecte s'est vite imposée. Tous azimuts. Les photos et les vidéos, les témoignages et les prises de parole. Virtuels certes mais aussi sous d'autres formes. « Beaucoup de personnes nous ont contactés pour nous envoyer des poèmes ou des photographies. Et puis, il y a tous ceux qui sont en cours de création et qui nous remettront leur travail plus tard comme leurs journaux personnels ».
► Deux haïku (poème bref japonais) écrits par Octave, à la demande de son professeur de français et aidé par sa grand-mère (envoyés aux archives municipales de Dijon) :
Ce vendredi treize
Le visage souriant
Caché sous un masque
- Octave Miroudot, collégien à Dijon
Applaudissements
L’horloge sonne 20 heures
Bravo les soignants
- Octave Miroudot, collégien à Dijon
Du jamais vu
Tout le monde a compris tout de suite que le moment était exceptionnel. Et même plus, jamais vu. Des rues vides, des commerces fermés, un monde à l'arrêt.« On voulait savoir ce qu’il se passait sur Dijon, comme confronter les lieux avant et pendant le confinement », rajoute Cécile Lelong. D'où l'idée de demander aux habitants de la ville d'envoyer des photos pour "immortaliser" ce confinement.
Il faut aller vite, les documents sont "fragiles"
« On est confronté à une période où l'on écrit énormément sur internet. Pour une crise comme le Covid, on va avoir énormément de traces et de témoignages fragiles car virtuels. » Aude Pothier, responsable de la collecte et du conseil aux Archives départementales de l'Yonne, sait qu'il faut faire vite. D'où cet appel lancé depuis le 18 avril sur leur site à tous les Icaunais pour collecter leurs souvenirs et témoignages de confinement.
« Notre mission, c'est de préserver l'Histoire donc il faut se dépêcher de collecter ces "traces" qui sont vivantes (...) car sinon ces données seront perdues. » Et les Archives de l'Yonne ont déjà quelques retours, très variés d'ailleurs : un site internet de personnes qui se réunissent virtuellement, des montages photos, des vidéos...
Mais dans quel but ?
« Pour nous, le collecte en temps réel d'archives privées, c'est une première », précise Aude Pothier. Habituellement, les archivistes ont le temps pour et avec eux. Ils travaillent sans la pression de l'instant. Cette fois, les événements en ont décidé autrement.« On doit rester modestes car on ne sait pas exactement à quoi ça va servir. Les historiens écriront sûrement l'histoire d'une gestion de crise sanitaire. Mais on ne peut pas soupçonner comment seront utilisés ces documents dans les prochaines années. »
Cécile Lelong le sait déjà : « Nous allons tout conserver sous format numérique, on va inventorier tous les visuels pour former un fonds de collecte particulier. »
Et puis, « nous organiserons des expositions virtuelles, voire une exposition physique si les fonds collectés le permettent. »
Comment donner vos souvenirs ?
L'idée de cette collecte des souvenirs du confinement est né des Archives Départementales des Vosges. Elle a ensuite été relayée par France Archives qui en a précisé le cadre :"Le principe consiste à collecter - sous la forme de fichiers PDF ou JPEG mais aussi de vidéos, récits, photographies, dessins - les témoignages de toutes sortes produits par nos concitoyens contraints à rester chez eux pour lutter contre l’épidémie. Chaque contributeur peut faire don du fonds d'archives qu'il constitue à l’issue du confinement. Ces documents, sources d’histoire vivante et donc sources précieuses, peuvent être envoyés par courriel aux Archives, qui consacre cette remise par un formulaire de don ou dépôt, sans condition, incluant la communication immédiate, ainsi que par un formulaire de cession des droits patrimoniaux. À l’issue du confinement, ce fonds peut être complété par des supports papier et photographiques."