L’un a été porteur du coronavirus Covid-19. L’autre est susceptible de l’avoir. Deux élus, le premier maire de Valdoie près de Belfort, le second premier adjoint à Orgelet (Jura), nous racontent comment ils continuent d’exercer leur travail d’élu depuis chez eux.
Nous avions discuté longuement au téléphone avec Corinne Coudereau, lors de son confinement. C’était juste avant le premier tour des élections municipales. Cette maire, non-réélue de Valdoie dans le Territoire de Belfort, est restée confinée trois semaines chez elle, en pleine campagne électorale.
Pendant cette période de confinement, elle a été contactée par une infirmière du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Trévenans. C'était le protocole. "L’objectif est de suivre l’état de santé du patient et d’évaluer si les symptômes persistent ou pas".
Je ne me déplace en mairie qu’une seule fois par semaine, je traite beaucoup d’affaires par téléphone et par échange de mails.
Corinne Coudereau a repris un semblant de vie et de liberté, vendredi 20 mars. Elle a pu reprendre ses fonctions de maire jusqu’à la mi-mai, date à laquelle elle passera le flambeau à la nouvelle maire élue le 15 mars au premier tour. "Même si aux yeux du corps médical je suis rétablie et que mon traitement est terminé, je sens que mon corps est différent. J’ai encore des essoufflements, des moments de fatigue, quelques douleurs dans les bras et dans la poitrine. J’ai des crises d’angoisse et mon rythme cardiaque s’accélère de temps en temps". Malgré sa guérison, Corinne Coudereau reste très prudente. "Je ne me déplace en mairie qu’une seule fois par semaine, je traite beaucoup d’affaires par téléphone et par échange de mails. Je respecte toujours le confinement et je porte toujours un masque. Je suis guérie mais je ne suis pas sereine pour autant".
Confiné, je ne peux même pas aller constater par moi-même ce qu’il se passe vraiment.
Dans le Jura, c’est un élu qui a "sans doute" le coronavirus. "Sans doute" car faute de test suffisant, François Bonneville, premier adjoint de la commune, n’a pas pu bénéficier d’un diagnostique précis sur sa maladie. "J’ai de la toux, j’ai mal à la tête, mes bronches sont prises. Il faut qu’on soit tous testés comme en Corée". Par précaution, l’adjoint attend donc chez lui, confiné mais il poursuit sa mission d’élu. "Je fais tout en télétravail. Les mails, les coups de téléphone. Je garde un maximum le contact avec les personnes les plus fragiles de la commune mais c’est du virtuel tout ça. J’ai une information concernant un commerce ici à Orgelet, est-ce de l’ordre de la rumeur ? Est-ce vrai ? Confiné, je ne peux même pas aller constater par moi-même ce qu’il se passe vraiment. Et ma frustration, elle est là", témoigne, dépité, François Bonneville.