Ils se disent « oubliés » des autorités. Ce 11 mai 2020, les dentistes devraient pour la plupart rouvrir leur cabinet, sans avoir nécessairement les moyens de s’équiper, et avec un nombre de consultation divisé par deux. En dehors des grandes villes, trouver un rendez-vous ne sera pas évident.
« On improvisera. » Comme de nombreuses professions libérales qui relanceront leur activité le 11 mai, au moment du déconfinement, les chirurgiens-dentistes sont dans l’expectative, concernant le niveau d’équipement qui leur sera disponible. Paradoxalement, alors qu’ils comptent parmi les professionnels les plus pointilleux sur l’hygiène, portant masque et gants systématiquement, les dentistes en sont désormais dépourvus, après les avoir remis à des structures hospitalières, et faisant face à la pénurie actuelle.
Les dentistes faute de matériel ont dû se résoudre à fermer leur cab pr protéger la populat° du #Covid19 ap 8 semN de régulat° vers les cabinets de garde, il est tps que chaque praticien puisse recevoir à nouveau en tte sécu ses patients
— Ann So (@AnnSo15038459) April 25, 2020
Ils ont besoin de matériel #dentistesapoil pic.twitter.com/r57JWLoLKb
« Est-ce que la profession va être équipée en équipements de protection individuels, pour nous, voire pour nos patients ? », s’interroge Marcel Perroux, délégué régional Bourgogne Franche-Comté du syndicat Union dentaire. « Si on n’a pas le matériel, on n’ouvrira pas » avertit le praticien de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). La balle est dans le camp des industriels, « eux-mêmes au chômage technique. »
« 8 à 10 patients par jours maximum »
Pourtant, après quasiment deux mois d’arrêt des consultations, les besoins vont être considérables. Seuls les soins qui ne peuvent attendre sont actuellement pris en charge chez un dentiste de garde. « Les gens oublient facilement que la santé bucco-dentaire implique beaucoup de choses si elle n’est pas respectée : on a repoussé certains soins, on a des urgences relatives qui deviennent de vraies urgences », prévient Clément Neveu, délégué national de l’Union dentaire. Problème : il ne sera pas simple partout d’obtenir une consultation, selon le syndicat : « On craint que dans des territoires ruraux ou dans les petites villes, le patient soit obligé de faire 50-70 km pour trouver un cabinet. »
L’Union dentaire annonce devoir espacer les rendez-vous pour que les patients ne se croisent pas, demander aux accompagnants de ne pas entrer dans la salle de soin. « On a connu le VIH et les hépatites. On s’adaptera, résume le délégué national. On n’a pas le choix. » En clair, le rythme des rendez-vous pourrait être d’un patient par heure au lieu du double en temps normal.On est déjà sous-dotés en professionnels de santé. On risque d’avoir une reprise compliquée.
Marcel Perroux, délégué régional BFC Union dentaire
Où trouver un dentiste en Bourgogne Franche-Comté ? La carte interactive à consulter ici.
« Des promesses » d’aides qui n’arrivent pas
Optimiste quand à la réouverture des cabinets, la profession attend néanmoins beaucoup des aides de l’Etat. « On est oubliés des déclarations des autorités. Je sens une colère dans la profession », transmet Clément Neveu. Confrontés au manque de matériel, les dentistes de garde ont en effet dû batailler pour pouvoir exercer : « Parfois ils devaient traverser la région pour rassembler le matériel. C’était un peu le régime de la débrouille pour se protéger. »
En cette fin avril, 35% des dentistes bénéficient du fonds de solidarité de 1500 euros mensuels. « On a négocié une aide l’assurance maladie, qui devrait arriver début mai, » précise l’Union dentaire. « Au bout d’un mois et demi on en est à des promesses, » constate le délégué régional Marcel Perroux. Enfin, du côté des assurances, les négociations sont en cours, mais étant donné que la décision de fermer les cabinets en mars a émané du Conseil de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, elles s’annoncent ardues.
Les conséquences financières de cette crise seront-elles répercutées sur les patients ? « La question va se poser », prévient l’Union dentaire. Là encore, tout dépendra des décisions de l’Assurance Maladie, attendue au tournant.