​​​​​​​Coronavirus Covid-19 : pourquoi le secteur du bâtiment demande au gouvernement d’arrêter les chantiers ?

Face à l’épidémie de coronavirus et aux risques sanitaires, le secteur de la construction demande au gouvernement d’arrêter temporairement les chantiers, à l’exception des interventions urgentes. Il y a un décalage avec l'Etat qui veut poursuivre l'activité, dénonce la profession.

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Le coronavirus a complètement désorganisé le BTP


Le BTP, qui emploie plus de 2 millions de salariés en France (dont plus de 55 000 en Bourgogne-Franche-Comté), est confronté à une désorganisation car :

-les mesures de protection ne sont pas toujours assurées pour les salariés, en l’absence de masques de protection notamment

-les donneurs d’ordre, de manière éparpillée, arrêtent certains chantiers

-il y a des difficultés majeures d’approvisionnement

-il y a parfois des interventions des forces de l’ordre pour interrompre des chantiers.


 



Que demandent les professionnels du bâtiment ? 


C’est pourquoi 
- la Fédération nationale des Travaux publics (FNTP)
-la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB)
-la Fédération française du Bâtiment (FFB)
demandent au gouvernement d’arrêter temporairement les chantiers, à l’exception des interventions urgentes.

"Il est de notre responsabilité collective de limiter au maximum les risques de propagation du coronavirus", déclare Vincent Martin, président de la FFB Bourgogne-Franche-Comté. "Il faut penser à la santé de nos salariés avant tout. Les entreprises qui s'acharnent à vouloir continuer seront rattrapées par la réalité, car tout le monde s'arrête : les clients, les fournisseurs, etc. Autant prévoir et rassurer nos collaborateurs". 

"Il y a un décalage anormal entre la Fédération française du Bâtiment et le gouvernement sur la nécessité de continuer l'activité à tout prix.
 Pour nous, actuellement, les chantiers ne sont pas une activité indispensable. C'est pourquoi j'ai conseillé à tous mes confrères de cesser leurs chantiers", ajoute Vincent Martin, qui est aussi le patron du groupe Roger Martin et qui emploie 1 600 personnes en Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire et le sud-ouest de la France. Le groupe Roger Martin a pour sa part placé la majorité de son personnel en activité partielle, mis à part des collaborateurs qui s'occupent de l'administratif, du juridique, des finances et des RH.

En résumé, "le secteur du bâtiment demande qu’on lui laisse une dizaine de jours pour s’organiser, afin de protéger la santé des salariés et d’assurer la poursuite de l’activité dans de bonnes conditions". D'ici là, la Fédération Régionale du Bâtiment Bourgogne-Franche-Comté est à la disposition de ses adhérents pour les aider à faire face aux formalités administratives notamment, ajoute Vincent Martin.

 

 

"Il faut que chacun prenne ses responsabilités"

"Des décisions claires doivent être prises afin que les chantiers non essentiels sur l’ensemble du territoire soient arrêtés", dit aussi Jacques Chanut, le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

La France est en confinement depuis le mardi 17 mars. Or, "la journée d’hier a montré que c’était chaotique, cataclysmique pour notre secteur", précise Jacques Chanut. "Un certain nombre de fournisseurs de matériels se sont arrêtés, des chantiers sont devenus inaccessibles du fait des règles de confinement formulées par le gouvernement. Certains préfets ont pris des arrêtés de fermeture des chantiers, d’autres pas. Et nos personnels ne comprennent pas le message des autorités : restez chez vous pour sauver des vies, mais allez travailler."

C'est le cas notamment en Franche-Comté où des employés du bâtiment ont raconté ce qu'ils vivaient : "on continue comme si de rien n’était, souvent aucune protection. Nos patrons veulent poursuivre leurs activités et tant pis pour les amendes."

"Cela ne me paraît pas responsable aujourd’hui et il s’agit vraiment de cas marginaux", estime Jacques Chanut. "Vous trouverez toujours des gens qui se croient au-dessus de tout. Mais, l’immense majorité des artisans et des entrepreneurs du BTP sont catastrophés par cette situation floue : est-ce qu’ils peuvent ou non travailler? Et dans ce flou, l’immense majorité a pris la décision de fermer ce qui est la pire des décisions, mais c'est aussi une réaction citoyenne compte-tenu du contexte.

Pour nous, c'est clair : tant qu’on a pas plus de précisions sur comment on peut faire travailler nos collaborateurs sur les chantiers sans les exposer, on ne le fait pas. Il est plus prudent de calmer le jeu, de retrouver tous les acteurs de la filière autour d’une table pour retrouver un semblant d’organisation et de sécurisation de l’acte de construire aujourd’hui." 

 

 

"Le problème, c’est qu’on nous dit "reprenez les chantiers, mais débrouillez-vous"


"Hier, lors de notre conférence audio avec les différents ministres concernés, on a eu la pression et l’impression qu’on nous poussait à dire, il faut absolument remettre en route les chantiers. Le problème, c’est qu’on nous dit "reprenez les chantiers, mais débrouillez-vous. En gros, c’est de votre responsabilité". Là, nous on n'est pas d’accord. Ce qui est très clair, c'est qu'il y a un principe de précaution et tant qu’on a pas des mesures fortes de protection, notamment des masques, il faut arrêter les chantiers. Mais, si c’est un moyen de nous dire "Nous ne prendrons pas en compte le chômage technique ou partiel", comme certains commencent à le laisser entendre, là ils auront affaire aux artisans et aux entrepreneurs du bâtiment", prévient le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). 

"Il faut un arrêté pour que les chantiers non essentiels soient arrêtés avec un délai de quelques jours, afin qu’on regarde comment on fait concrètement pour organiser la sécurisation de nos collaborateurs : de leurs transports à leur prise de repas et aussi leur protection : eau, savon etc... et aussi comment on rassure les clients.

Les chantiers essentiels et urgents, seront réalisés avec les mesures de précaution nécessaires comme arrêter une fuite de gaz ou dépanner un ascenseur en panne ou des travaux d’intérêts stratégiques nationaux.

Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. C’est essentiel vraiment je le répète de clarifier. Qu’on aie bien accès au chômage technique ou partiel, sinon c’est l’hécatombe et aussi que nos arrêts de chantiers ne nous soient pas reprochés, dans quelques temps, quand tout cela sera oublié par les maîtres d’ouvrages, notamment publics, car là aussi, on a autant de réactions que de maîtres d’ouvrages publics. Certains bloquent et d’autres ne disent rien, car les délais continuent de courir. Donc, on se pose, on se calme, et comme l’a dit le président de la République, ça coûtera ce que cela coûtera", conclut Jacques Chanut.

 
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