Coronavirus : Deux « clusters » de Covid-19 en Bourgogne-Franche-Comté ? Pourquoi faut-il se méfier des chiffres ?

Dans le Journal du Dimanche ce dimanche 17 mai, le ministère de la Santé évoque 25 foyers épidémiques de coronavirus identifiés en France depuis le déconfinement. Deux seraient en Bourgogne Franche-Comté. L’Agence Régionale de Santé relativise cette notion de "cluster".

"Depuis lundi, nous avons identifié 25 clusters sur notre territoire", a révélé Olivier Véran au Journal du dimanche.

Il y a cluster. Et cluster. Parlons français d’abord. Le terme cluster vient du mot anglais « grappe ». Selon la définition de Santé Publique France, un "cluster" est le regroupement dans le temps et l’espace de cas de maladies, de symptômes ou d’événements de santé au sein d’une population localisée. Pour parler plus simplement, un cluster est un foyer épidémique.

Le mot évoque très vite la situation qu’a connu Mulhouse en tout début d’épidémie avec le rassemblement évangélique fin février. Une réunion de près de 2.000 personnes qui a été le début d’une vaste chaîne de contamination dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche-Comté voisine.

« Le mot cluster définit des cas groupés, et le nombre de personnes pour parler de cluster commence à trois » précise Pierre Pribile, directeur de l'ARS en Bourgogne-Franche-Comté, contacté ce dimanche 17 mai suite à la publication de l’article du Journal du Dimanche. « Le terme de « cluster » recouvre une très large diversité de situations. Il est donc difficile de dire ce qui a pu conduire Santé Publique France à recenser deux clusters dans notre région » précise l’Agence Régionale de Santé.


Une quarantaine de situations suivies de près par l’ARS en Bourgogne-Franche-Comté


En Bourgogne-Franche-Comté, région toujours en rouge sur la carte du déconfinement, les autorités de santé ne souhaitent visiblement pas employer officiellement ce terme de cluster. « On suit une quarantaine de situations à risque sur des cas groupés. Nous n’avons pas un "cluster" avec un potentiel de cas qui pourrait être susceptible d’échapper à un contrôle de la situation » résume Pierre Pribile. « Il y a parfois un cas dans une collectivité et on en cherche d’autres » ajoute-t-il. Parfois deux ou trois, et là aussi les autorités sanitaires tentent d’identifier les personnes qui ont été en contact rapproché plus de 15 minutes avec un malade.

Ces cas regroupés sont situés dans tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté. Il peut s’agir de cas ou de suspicions de cas dans des établissements de santé, établissements médico-sociaux, hébergement à caractère social, écoles…. Certains cas regroupés étaient antérieurs au déconfinement. Dans tous ces endroits, « la stratégie consiste à identifier, tester et isoler les personnes infectées ou susceptibles de l’être afin d’interrompre les chaînes de transmission du virus à partir de ces situations » rassure l’ARS.

A l'école maternelle de Saint-Apollinaire en Côte d'Or, une enseignante présente à la pré-rentrée a été dépistée positive au Covid-19, mais elle n'était pas entrée en contact avec les élèves. Par mesure de précaution, l'école a été fermée indique France Bleu. Elle ne devrait pas rouvrir avant le moins de juin. Dans l'Yonne, l'ARS confirme que de rares écoles ont repoussé la rentrée, dans l'attente de résultats de tests de dépistage.
 

Les tests de dépistage montent en puissance, les premiers chiffres ne doivent pas être interprétés trop vite


Les dernières données communiquées par l'Agence Régionale santé de Bourgogne-Franche-Comté donnent une idée du travail mené en ce moment par les laboratoires et par les "brigades sanitaires" appelées aussi équipes de "contact tracing" mises en place dans chaque département par les caisses d'assurance maladie. Dès qu’un malade est infecté du Covid, ils entrent en action au téléphone. "Plus de 200 personnes ont été contactées et ce chiffre augmente chaque jour" précise Pierre Pribile.

Vendredi 15 mai, 1.919 tests de dépistage ont été réalisés dans la région. 28 tests sont revenus positifs.


Du lundi 11 mai au jeudi 14 mai, soit les quatre premiers jours de déconfinement, 3.574 tests ont été réalisés. 48 personnes sont positives et malades.
 


Doubs et Saône-et-Loire sont parmi les départements où l'on découvre en ce moment le plus de cas positifs. On dénombre depuis le début du déconfinement, 26 cas en Saône-et-Loire, 18 dans le Doubs. Les autres départements sont moins touchés. Nièvre, Jura, et Territoire de Belfort ne dénombrent pas plus de trois cas avérés de nouveaux Covid-19.


"L’image de l’épidémie dans notre région va se former dans le temps"


« Ces données sont à manipuler avec précaution. Il est encore trop tôt pour identifier ces chiffres et identifier où circule le virus. Les dépistages sont récents, et nous n’avons pas de comparaison antérieure dans le temps » argumente Pierre Pribile. « Ces chiffres sont des éléments intéressants mais insuffisants pour caractériser la situation épidémique » ajoute-t-il.

Si plus de 5.500 tests ont été effectués entre le 11 et le 15 mai, les chiffres ne sont pas le reflet global de la réalité selon le directeur de l'ARS. Les laboratoires privés font remonter leurs résultats, les laboratoires hospitaliers sont encore moins de la moitié à remonter leurs chiffres, explique l’ARS. « On est en train de réveiller des cas qu’on ne cherchait pas avant » éclaire Pierre Pribile pour qui le dispositif est en train de monter en puissance. La région a la capacité de réaliser 6000 tests de dépistage par jour. Cette capacité est loin d’être utilisée actuellement.

Le directeur de l’ARS invite toute personne ayant des symptômes à contacter son médecin par téléphone. Si nécessaire, le médecin prescrira un test de dépistage du Covid-19. « On teste plus, mais le taux de positivité est dans tous les départements de la région de 1 à 2% ce qui est faible. Ce taux n’est pas interprétable, car on n’a pas de références ».

L’ARS estime qu’il faudra au moins deux semaines pour avoir une idée de la réelle circulation du virus dans la région. En attendant, il est préconisé de bien respecter les gestes barrières, de porter un masque. « Le virus est là, et il est partout même dans la Nièvre » conclut Pierre Pribile qui espére une sortie de la région de la zone rouge d’ici le début du mois de juin.
 
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