Le préfet de Côte-d'Or a pris un arrêté, publié ce 13 août, interdisant la pratique de la pêche à l'aimant dans tous les cours d'eau, canaux, lacs et plans d'eau du département. Une décision pour limiter les risques liés à la pêche éventuelle d'éléments explosifs.
C'est une activité à laquelle s'adonnent de nombreux aficionados de la recherche de trésors ou de militants écologistes. La pêche à l'aimant ou autrement appelée pêche ferromagnétique vient d'être interdite en Côte-d'Or par le préfet Fabien Sudry.
Une décision motivée par la dangerosité de cette pratique. "Considérant que la pratique de la pêche à l'aimant s'avère dangereuse en raison de la présence d'un grand nombre d'engins non explosés dans les cours d'eau du département, la pratique de la pêche ferromagnétique est interdite dans tous les cours d'eau, les canaux, les lacs et les plans d'eau du département de la Côte-d'Or", est-il indiqué sur l'arrêté daté du 4 août 2021 et publié au recueil des actes administratifs de la préfecture ce vendredi 13 août.
Pour les services de l'État, cette interdiction a aussi pour but de limiter les activités des services de déminage "de plus en plus sollicités dans l'urgence pour la découverte de munitions suite à la pratique de la pêche à l'aimant". La préfecture avance aussi "les risques de blessures graves ou de décès encourus par les pêcheurs à l'aimant" pour justifier sa décision.
Une décision qui passe mal auprès de la communauté de pêcheurs
Certains pratiquants de la pêche à l'aimant ne comprennent pas cette décision. Pour Olivier, 40 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, cet arrêté est "une injustice de plus et une nouvelle restriction des libertés".
Pour ne pas aller jusqu'à l'interdiction, ce passionné d'urbex - exploration urbaine - et de pêche ferromagnétique propose plutôt de réglementer la pratique en demandant aux pêcheurs "de se créer en association, ou bien en mettant en place un permis ou des agréments".
"J'ai des doutes sur le bien-fondé de cette décision, ajoute cet habitant de Côte-d'Or. Dans l'arrêté de la préfecture, aucun chiffre n'est avancé pour justifier la dangerosité de la pratique ou la sollicitation des équipes de déminage." Pour lui, la décision est prise, malgré l'interdiction, il continuera à pratiquer sa passion. "Je juge que les gendarmes ou les policiers ont d'autres chats à fouetter que de nous traquer. Et si je me fais prendre, j'assumerai et je paierai l'amende."
L'argument écologique de la pêche à l'aimant
Du côté de Julien Samar, pêcheur à l'aimant depuis mai 2020, la publication de cet arrêté a été "un coup de massue". Le jeune homme de 27 ans a déboursé près de 500 euros pour du matériel de pêche ferromagnétique. Et si certains pratiquent cette activité illégalement, lui a toujours été dans les clous de la réglementation. "Je demande toujours des autorisations aux mairies, aux particuliers ou aux organismes pour pêcher." Alors bien que déçu par la décision de la préfecture, cet habitant de Chenôve en veut surtout aux pêcheurs illégaux. "Je suis énervé, leur pratique pénalise tout le monde."
Car si la préfecture juge cette activité "dangereuse", les pêcheurs à l'aimant y voient surtout une manière de protéger l'environnement. "La pêche ferromagnétique permet à la fois de dépolluer les eaux et d'éprouver du plaisir à découvrir des objets", explique Olivier, qui voit cette pratique comme un acte militant. Même raisonnement du côté de Julien Samar qui note aussi l'excitation de "l'inconnu". "En partant à la pêche, on se demande ce que l'on va bien pouvoir récupérer."
Les deux passionnés et toute la communauté des pêcheurs à l'aimant regrettent une décision qui devrait limiter fortement leur activité. Julien Samar, lui, ne veut pas prendre de risque. "J'arrête totalement, les amendes coûtent trop cher." Les pêcheurs illégaux risquent en effet jusqu'à 1 500 euros d'amende.