PORTRAIT. Christian Kempf, le bourguignon passionné d'ours polaires

Christian Kempf est ancien géographe et biologiste à Beaune. Il se rend depuis 1973 au Pôle Nord. Au cours de ses expéditions, il a approché de très près les ours polaires. Portrait.

Sa première rencontre avec l'ours polaire date de 1975. Depuis près de cinquante ans, Christian Kempf part dans le Grand Nord. Chaque été, l'ancien biologiste et géographe s'y rendait en tant que scientifique. Il s'est alors épris de passion pour l'animal, et c'est maintenant en tant que passionné, qu'il y revient.

On ne peut pas se rendre dans le Grand Nord, sans avoir vu ce "grand nom" que représente l'ours blanc.

Christian Kempf

C'est en 1973 que Christian Kempf prend goût à explorer le Grand Nord. « J'ai pu observer des prédateurs tels que les oiseaux, les loups, mais surtout les ours polaires », se souvient l'amoureux des ours. Dès lors, cette observation est pour lui un loisir comme une autre : « Les spectateurs, lorsqu'ils se rendent au théâtre ou au cinéma, ne conçoivent pas de rater les "grands noms". Pour moi, c'est la même chose : on ne peut pas se rendre dans le Grand Nord, sans avoir vu ce "grand nom" que représente l'ours blanc ». 

Ce "grand nom" le fascine : « c'est le Roi de la banquise : il est plus gros qu'un tigre ou un lion, pèse de 500 à 600 kilos et court jusqu'à 45 kilomètres par heure ». Il le craint aussi : « Lorsqu'on se rend sur place, tout se fait par rapport à l'ours : quand il est sur la banquise, on peut mettre nos Zodiac ou nos bateaux à l'eau, pour l'approcher. C'est ce qui m'a d'ailleurs permis de prendre la plupart de mes photos. En revanche, lorsque l'ours se trouve sur terre, on ne débarque pas ». Il faut dire qu'un animal doté « d'une mâchoire de 42 dents et quatre pattes d'une trentaine de centimètres, sur lesquelles se trouvent cinq griffes acérées », ça dissuade.

Les ours polaires sont capables « d'assimiler facilement les graisses et les sucres », pour l'hiver. Cela sans développer de problème de santé, comme par exemple le diabète. C'est important, explique le spécialiste, car « si l'animal n'engrange pas le tiers de son poids avant novembre, il ne survivra pas à l'hiver ». Autre enseignement, les ours polaires sont capables de s'adapter en permanence. « L'animal vit habituellement sur la banquise, ou glace de mer, or celle-ci bouge tout le temps », explique Christian Kempf. 

Cette passion pour l'ours polaire, il la doit à ses nombreuses recherches scientifiques jusqu'en 1998. Depuis, il continue ces virées, en tant que passionné. Christian Kempf a créé et dirige l'antenne locale d'une agence de voyages, à Beaune. Elle est spécialisée notamment sur le Grand Nord. L'Alsacien d'origine accompagne les groupes de passionnés, en tant que « chef d'expédition ». 

Les ours blancs, lanceurs d'alerte insoupçonnés

A force d'observer ces ours polaires, Christian Kempf a pu aussi s'apercevoir des dangers qui les guettent. Certaines menaces nous impliquent d'ailleurs de près. « Les ours blancs concentrent les polluants », justifie le spécialiste. Des composés tels que les métaux lourds ou les particules fines rejetées émises par les usines se retrouvent au Pôle Nord. En effet, les vents ou "courants-jets" transportent dans le Grand Nord, les polluants venant par exemple de Bourgogne. Ces produits nocifs sont ainsi absorbés par l'ensemble de la faune polaire, comme les phoques. Ce qui est dangereux pour ces ours, puisque le spécialiste rappelle que ces animaux « se nourissent à 90% de phoques ». 

Christian Kempf, biologiste et géographe de Beaune va régulièrement à la rencontre des ours polaires ©Grands Espaces

Autre risque : la fonte de la banquise, qui est le lieu où vit l'ours polaire. « Cette glace est en train de fondre, en raison du réchauffement climatique », explique l'homme. Il reste enfin un troisième danger : « le braconnage et la chasse », selon Christian Kempf. Aujourd'hui, l'espèce n'est pas en voie de disparition, mais elle est menacée. Le péril est réel, de l'avis du spécialiste. « Il y a actuellement près de 25000 ours polaires dans le monde. Avec l'ensemble de ces dangers, la présence de l'espèce pourrait se réduire à 2000 ou 3000 individus », alerte-t-il. 

En attendant son retour dans le Grand Nord, le passionné des ours documente ses rencontres avec ces "Rois de la banquise". « Ces derniers mois, j'ai passé en revue toutes mes photos sur l'ours polaire. Je me suis demandé : "qui d'autre a pu voir et prendre des photos de ces ours au quotidien, depuis 47 ans ?" », se souvient Christian Kempf. Résultat : un livre qui abonde de photos d'ours polaires*. De quoi peut-être atténuer la peine de ne pouvoir se rendre de nouveau sur place. L'explorateur projette en effet d'aller à nouveau dans l'Arctique, en mai prochain. Si la crise sanitaire s'atténue d'ici là, bien entendu.  

* Ours polaires, Christian Kempf, Editions de l'Escargot Savant, 272 pages.

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