Charles Lachaux, 32 ans, viticulteur à Vosne-Romanée en Côte d'Or, a reçu le titre de meilleur jeune vigneron de la planète aux Golden vines awards de Londres le 8 octobre dernier. Un titre décerné par 400 professionnels de 55 pays. Explications.
Lors de la cérémonie des Golden vines awards à Londres le 8 octobre dernier, le viticulteur bourguignon a reçu le prix du meilleur jeune vigneron du monde. Une sacrée récompense pour le domaine. “C’est un peu fou de se dire que ce que l’on fait aujourd’hui à une telle résonance", précise Charles Lachaux.
Celui qui fait partie de la sixième génération de viticulteurs, s’occupe du domaine depuis 2012 avec sa maman, Florence, qui de son côté prend en charge la partie administrative et commerciale du domaine. Le prix de son fils est selon elle mérité, “à son arrivée on aurait pu penser que tout était mis en place et qu’il n’y aurait pas de changement. En fait, il a tout révolutionné assez rapidement et de façon radicale”, explique-elle.
Quatre cents dégustateurs
Originaires de cinquante pays du monde, ce sont quatre cents professionnels du secteur viticole (négociants, sommeliers, cavistes, restaurateurs, journalistes spécialisés…), qui ont décerné le titre. “C’est un peu fou car il n’y avait pas de présélection, pas de liste et le jury pouvait voter pour qui il voulait” s’émeut-il.
Cette distinction récompense le travail effectué en amont sur le domaine de quatorze hectares. Donner du plaisir au consommateur, aller vers davantage de simplicité en s'inspirant des techniques des anciens, plus naturelles, tout en respectant le cycle de la vigne, font partie de son crédo.
“Susciter quelque chose”
Car le jeune viticulteur de 32 ans a la volonté de produire un vin qui marque son temps. “J’essaie de faire des vins qui suscitent quelque chose chez ceux qui les consomment car je trouve que les vins d’aujourd’hui sont devenus ennuyeux”, explique Charles Lachaux.
On boit du vin pour se faire plaisir et il y a trop de vins, à mon sens, qui ne dégagent pas cela du tout.
Le respect de la vigne
Le viticulteur prône un processus de fabrication qui respecte avant tout la vigne. “On essaie de faire des travaux qui accompagnent le cycle de vie de la vigne”. Cela nécessite d’y passer plus de temps, car ici tout est fait à la main. “On taille quand ça commence à pousser, on coupe quelques branches quand la vigne arrête sa croissance été, plein de choses pour faire en sorte qu'elle soit le plus à l’aise possible.”
Il teste de nouvelles techniques : “nous faisons des essais comme le palissage ou le mode de taille”. D’autres sont abandonnées : “nous avons arrêté le travail du sol donc on ne laboure pas. On laisse pousser l’herbe, cela ramène plus de biodiversité”.
Un passionné qui n’oublie pas ses racines et la manière dont les anciens travaillaient autrefois, pour pouvoir mieux s’en inspirer. “C’est pour cela que nous essayons de mettre plein de choses en œuvre pour revenir à des types de vins tels que les anciens le faisaient, travaillant avec leur bon sens paysan et leurs tripes”, explique-il.
Dans les vignes plus que dans la cave
La satisfaction de maîtriser la chaîne de fabrication de A à Z est là. “La chance que l’on a, c’est que l’on crée notre matière première, c’est le plus dur, mais c’est le plus passionnant pour; derrière, en faire le moins possible.” Avec la volonté de ne pas dénaturer le raisin. “On met les grappes dans la cuve telles qu’on les coupe sur le pied avec juste un petit tri à la main au moment de la vendange, sans soufre, ni levure indigène.”
"On passe plus de temps dans la vigne, il se passe très peu de choses en cave. Une fois la semaine de vinification finie, que c'est pressé et qu’on a attendu dix jours pour entonner, à part le ouillage (ajout régulier de vin de même qualité, ndlr) il ne se passe plus rien”.
Faire toujours mieux
Une nouvelle façon de travailler, avec sans cesse, l’envie de progresser pour se démarquer de la concurrence. “Le niveau moyen des vins de Bourgogne est remonté, il n’y a plus de mauvais vins, mais il y a trop de vins qui sont techniquement très bien faits, mais qui ne délivrent rien de spécial et dont vous ne vous rappellerez pas d’ici quelque mois après les avoir bus”.
Il est certain que l’on va se rappeler de ce viticulteur et de son vin. Le titre mondial qui lui a été remis est aussi un gage de reconnaissance auprès de ses pairs.