L'agriculture française peut-elle se passer de l’herbicide le plus utilisé au monde? Certainement pas du jour au lendemain selon la FNSEA et les Jeunes agriculteurs et ils ne sont pas les seuls à penser cela. Reportage en Côte-d'Or.
Le glyphosate est un herbicide très efficace et peu coûteux, qui est très utilisé par les agriculteurs.
Ce produit est classé "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) depuis 2015. Mais, deux agences européennes estiment qu’il est non cancérogène.
L’autorisation d’utiliser ce désherbant expire fin 2017. La Commission européenne a proposé aux Etats de renouveler pour 10 ans la licence d'exploitation du glyphosate.
Fin août, le ministère de la Transition écologique avait annoncé que la France s'y opposerait, comme elle l'avait fait en 2016. Mais, récemment le porte-parole du gouvernement a semé la confusion en annonçant que le glyphosate allait être interdit d'ici la fin du quinquennat.
"Si le gouvernement se prononce contre, il nous faut absolument une méthode alternative à un coût qui soit aussi réaliste", déclare François-Xavier Lévêque, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs 21. Sinon, cela pourrait représenter 70 euros de charges supplémentaires à l’hectare, dit-il.
La plupart des opposants au glyphosate demandent son interdiction pure et simple. Mais, certains ont un avis plus nuancé sur la question. C’est le cas d’Emmanuel Giboulot, un viticulteur bio qui avait été traduit en justice pour avoir refusé de traiter ses vignes contre la cicadelle, un insecte vecteur de la flavescence dorée.
"En viticulture, il est plus facile de s’en passer ou en tous cas de le limiter assez fortement. En grandes cultures, je pense qu’il faudra davantage de temps pour que les pratiques agricoles évoluent et qu’il y ait un vrai engagement technique avec les instituts pour que des solutions soient trouvées, de façon à ce qu’on utilise moins ou voire plus du tout à terme le glyphosate dans l’agriculture", déclare-t-il.
Quel sort sera réservé au glyphosate ? Il faudra patienter pour le savoir.
Des experts de chaque pays doivent se réunir début octobre à Bruxelles. Cependant, pour l'heure, aucun vote européen n'est programmé, affirme la Commission européenne.