Invitée de l'émission "Dimanche en politique", dimanche 8 mai, Mélanie Fortier, candidate RN aux législatives en Côte-d'Or, n'a pas réussi à répondre à une question sur les services publics, lors d'un débat sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté. La séquence a depuis fait le tour des médias nationaux et des réseaux sociaux.
Que s'est-il passé sur le plateau de Dimanche en politique, le 8 mai dernier ? Diffusée sur France 3 Bourgogne, l'émission accueillait entre autres Mélanie Fortier, candidate Rassemblement national (RN) aux législatives dans la deuxième circonscription de Côte-d'Or.
"Quels services publics vous souhaitez au Rassemblement national ?", l'interroge la journaliste Elsa Bezin. S'en suit un long silence. "J'ai pas tellement compris la question", avoue celle qui est aussi conseillère régionale en Bourgogne-Franche-Comté, visiblement embarrassée. "Je suis désolée, est-ce qu'on pourra couper cette partie ? J'ai vraiment pas compris cette question." "On ne peut pas couper, c'est impossible", intervient la présentatrice, gênée, avant d'enchaîner.
"Tout le monde s'acharne, c'est totalement disproportionné"
Contactée ce mardi 10 mai, Mélanie Fortier a indiqué avoir arrêté de lire les commentaires sur les réseaux sociaux. "Ça ne sert à rien de se torturer", a-t-elle balayé. "J'ai été obligée de prendre position, ça ne me fait pas plaisir, mais tout le monde s'acharne sur moi, c'est totalement disproportionné."
C'est facile de critiquer, caché derrière un écran. J'aimerais bien les voir aller défendre leurs idées sur un plateau télé, à seulement 24 ans, quand en face il y a des gens qui font de la politique depuis 30 ans.
Mélanie Fortier
"C'était ma première télé, j'étais stressée, ça arrive à tout le monde", ajoute-t-elle. "Je n'ai juste pas su répondre à une question. Mais je ne vais pas m'arrêter à cause de ça."
Une séquence devenue virale
Médias régionaux comme médias nationaux se sont saisis de l'extrait. Le Bien Public, France Bleu Bourgogne, Midi Libre, Le Parisien... La séquence a même été reprise par Pascal Praud, sur CNEWS, et dans Quotidien, sur TMC.
Sur les réseaux sociaux, l'affaire a aussi pris de l'ampleur. Lundi 9 mai, la chaîne parodique "MalaiseTV" a publié le passage sur son compte Twitter. 24 heures plus tard, le post a été repartagé plus de 20 000 fois et a suscité près de 600 commentaires.
Moquée par bon nombre d'internautes, Mélanie Fortier a rapidement été forcée de se défendre. "Première TV, premier moment d'hésitation, très heureuse de voir que certains en font un buzz, mais la défense du service public est un chantier si important que je me propose d'en échanger avec tout un chacun durant cette campagne", a-t-elle tweeté.
L'élue a cependant été soutenue par d'autres internautes, notamment des membres de sa famille politique. Marie-Caroline Le Pen l'a par exemple félicitée "pour son engagement". De son côté, Marine Le Pen elle-même lui a adressé un SMS de soutien.
Pourquoi ne pas avoir coupé la séquence au montage ?
L'émission Dimanche en politique est normalement toujours diffusée en direct. Mais comme la dernière édition en date tombait le 8 mai, l'émission a été enregistrée la veille de sa diffusion.
"Nous avons fait ce choix car le 8 mai étant un jour de commémoration, certains de nos invités n'auraient pas forcément pu être présents", explique Jean-Philippe Tranvouez, rédacteur en chef de France 3 Bourgogne.
La décision a donc été prise d'enregistrer l'émission dans les conditions du direct. Cela signifie qu'une fois le tournage lancé, aucun arrêt de l'enregistrement n'aura lieu avant la fin du débat. Tous les intervenants ont été avertis lorsque les invitations ont été lancées.
À France 3 Bourgogne, on ne remonte jamais une émission politique. Si on commence à enlever des plans qui ne plaisent pas, on s'arrête où ?
Jean-Philippe Tranvouez, rédacteur en chef de France 3 Bourgogne
L'objectif de France 3 Bourgogne n'était pas, par ailleurs, de mettre en difficulté la candidate RN. La question sur les services publics a en effet été posée à d'autres invités. "En temps que média de service public, nous avons l'obligation d'être totalement neutres", confirme Jean-Philippe Tranvouez. "Nous sommes là pour recueillir les différentes opinions et les diffuser, afin que les électeurs devant leur télévision se fassent un avis. Voilà notre rôle."
Électeurs qui pourront encore se faire un avis jusqu'au 12 juin prochain, date du premier tour des élections législatives.