Pour faire face à l’épidémie, privé et public se serrent les coudes. En Côte-d’Or, la clinique Bénigne Joly de Talant et le CHU de Dijon renforcent leur coopération. Plusieurs interventions programmées au CHU sont réalisées au bloc opératoire de la clinique.
Deuxième intervention de la matinée pour le professeur Pierre-Benoît Pagès. L’ablation d’un lobe du poumon chez un patient atteint d’un cancer. Rien d'inhabituel pour ce chirurgien du Centre hospitalier universitaire de Dijon. Ce qui change, c’est le lieu. L’opération se déroule au sein du bloc opératoire de la clinique Bénigne Joly de Talant.
"L'équipe est en partie du CHU car c’est un bloc déporté", explique le chirurgien."J’ai mes infirmières de bloc opératoire avec moi et mon interne. On profite de la structure avec des anesthésistes de la clinique qui sont chevronnées pour faire ce genre de chirurgie donc cela ne pose aucun problème".
Pour cette opération, c'est le médecin-réanimateur Thomas Kratz, rattaché à la clinique de Talant qui assiste le docteur Pagès. "Lors de la première vague, ce sont les mêmes chirurgiens qui étaient déjà venus chez nous. Cela s’était très bien passé donc il n'y a aucun souci."
Deux salles du bloc opératoire réservées aux chirurgiens du CHU
Le partenariat initié en mars lors de la première vague entre le CHU et la clinique est passé aujourd'hui à la vitesse supérieure. Deux des huit salles du bloc opératoire que compte la clinique sont aujourd’hui réservées aux chirurgiens du CHU. Une trentaine d'interventions y étaient programmées cette semaine.
Pour la deuxième fois depuis plusieurs mois, si les interventions non-urgentes sont aujourd’hui déprogrammées dans toutes les structures hospitalières afin de pouvoir faire face à l’afflux de patients touchés par la COVID-19, les interventions dites "urgentes" ou "à risque" sont quant à elles maintenues, notamment pour la cancérologie afin de limiter toutes pertes de chance.
Depuis le 2 novembre 2020, des interventions sont donc programmées en chirurgie digestive, vasculaire, thoracique et gynécologique, réalisées par des chirurgiens du CHU Dijon Bourgogne, et progressivement déployées au sein de la clinique Bénigne Joly.
"Nous sommes un pôle d’excellence et nous avons le plateau technique capable d’accueillir ces spécialités," détaille Nora El Mesdadi, directrice des soins à la clinique. "Nous avons le personnel compétent pour prendre en charge ces spécialités et donc ces patients."
Le drame du médecin, ce serait de se retrouver dans une situation de priorisation et de choisir."
L’enjeu de cette nouvelle coopération public/privé est de désengorger les services du CHU de Dijon et éviter à tout prix les déprogrammations d’intervention chirurgicale.
Pour le docteur Jean-Henri Perrin, président du conseil départemental de l’ordre des médecins, "le drame du médecin, ce serait de se retrouver dans une situation de priorisation et de choisir. C’est contraire à notre éthique, contraire à notre déontologie. Nous sommes là pour aider nos amis et confrères hospitaliers dans ce genre de situation."
Pour épauler encore davantage le CHU, la clinique a également réorganisé ses services de soins intensifs et de médecine. Elle a ouvert une unité covid de vingt lits.
Le contexte de la crise actuelle constitue un puissant catalyseur de coopération et encourage à la mise en œuvre de ce type de projet entre les deux établissements de santé. Il permet de réinventer les modes de fonctionnement traditionnels et d’intensifier les passerelles et les coopérations afin de répondre de manière efficiente et coordonnée aux besoins de la population.