Deux hommes ont séparément été victimes d'agressions au lac Kir à Dijon, les 16 et 20 avril. L'un d'eux avait rendez-vous pour une rencontre homosexuelle. L'enquête est toujours en cours.
Samedi 16 avril au soir, un homme homosexuel, adepte du site de rencontres Coco.fr, se rend sur le parking du lac Kir à Dijon (Côte-d'Or). Ce dernier doit retrouver un autre utilisateur pour une rencontre. Mais le rendez-vous va mal tourner puisque c'est en réalité un groupe de personnes qui va se présenter et l'agresser.
Le soir du mardi 20 avril, une affaire similaire a lieu. Un quinquagénaire se rend sur le parking du lac Kir, mais se fait attaquer par un groupe malintentionné. Blessé, l'homme est emmené au CHU.
Pas de confirmation du caractère homophobe des agressions
Le Procureur de Dijon, Olivier Caracotch, ne confirme cependant pas le caractère homophobe de ces agressions.
Concernant la première violence du 16 avril, "elle est peut-être liée à son homosexualité mais c’est aussi une agression crapuleuse puisqu’il y a eu vol de certains objets. La victime est attirée sur place dans la cadre d’un rendez-vous mais il n'est pas certain, à ce stade de l’enquête, que la personne ait été agressée parce qu’elle était homosexuelle", déclare-t-il.
Les raisons de la deuxième agression sont toujours floues. "Sa présence sur place n’est pas du tout établie comme étant lié à un rendez-vous sur coco.fr ni à son homosexualité réelle ou supposée," ajoute le Procureur de Dijon.
Pour nous, le caractère homophobe des deux agressions n’est pas établi.
Olivier Caracotch, Procureur de Dijon
Les autorités n'ont pas de réels suspects mais certains individus présents sur les lieux ont été contrôlés. "Ces derniers contestent leurs responsabilités dans les faits, et cela fait partie des vérifications qui sont en cours," signale Olivier Caracotch.
Seul élément en commun à cette affaire, une dégradation de voiture d'une personne sur place quelques jours plus tôt au même endroit. Les autorités ne peuvent cependant pas confirmer le lien entre ces deux faits.
Pas de lien avec l'affaire des cagoulés
Entre le 26 octobre et le 3 novembre 2021, des habitants de Chevigny-Saint-Sauveur et Sennecey-lès-Dijon sont victimes du gang des "cagoulés". Ces derniers se rendent sur un site de rencontres, se font passer pour une femme et tendent un guet-apens. Les auteurs des faits sont connus et attendent leurs peines.
Les deux affaires n'ont cependant aucun lien selon le Procureur. "C’est un mode opératoire comparable mais ces deux affaires ne sont, selon nous, pas liées. Ce n’est pas parce qu’on utilise le même site pour faire venir à un endroit une personne qu’il y a un lien au sens judiciaire du terme, comme peut être utilisé Le bon coin."
Coco.fr, un site de rencontre peu sécurisé
Ce n'est pas la première fois que Coco.fr est mêlé à des affaires d'agression. Le 12 février 2022, un homme homosexuel se fait violemment agresser à Villacoublay (Yvelines). Même mode opératoire, ce dernier est piégé par un individu sur le site en question. Il écope de deux ans de prison ferme dont un avec sursis.
Même son de cloche fin août 2020. Un homme inscrit sur le site se fait piéger par trois hommes qui vont le rouer de coups et le voler. Une enquête est ouverte, et dévoile qu'ils ont déjà usé de ce modus operandi. Les auteurs des faits sont condamnés de cinq à six ans de prison.
"Ce site est notoirement connu pour être détourné à cette fin", constate Olivier Caracotch. En effet, Coco.fr semble être un chat peu sécurisé. Un pseudo, un âge, et un code postal, sans vérifications, et vous pouvez entrer en contact avec n'importe qui. Aucune surveillance n'est cependant établie au niveau national, selon le Procureur de Dijon.
Le lac Kir, lieu de repos le jour… et d'agressions la nuit
Espace de détente le jour, le lac Kir a une toute autre utilisation la nuit. Lieu propice aux rencontres, il est aussi le foyer de nombreuses agressions.
En décembre 2020 par exemple, deux adolescents se font passer pour des adultes sur un site de rencontres. Suite à un rendez-vous programmé, un homme de 60 ans est menacé et frappé par les deux délinquants. Arrêtés par la police, Ils sont également suspectés d'avoir tendu un guet-apens à un homme de 24 ans dans une cave.
En décembre 2014, un homme à l'époque âgé de 32 ans est arrêté, soupçonné d'avoir commis neuf agressions sur des femmes dont sept agressions sexuelles au lac Kir. Il a été condamné par le tribunal à trois mois d'emprisonnement, dont 18 mois avec sursis.
Pour autant, le Procureur de la République de Dijon a indiqué n'avoir mis en place aucun dispositif de prévention spécifique à cet endroit..