C'est parti pour quatre mois de chantier. Ce lundi 28 août, la destruction de la Cité Boutaric, dans le quartier des Grésilles à Dijon (Côte-d'Or) a débuté. L'immeuble de neuf étages avaient été construit en 1958.
"J’ai pris une dernière photo de l’appartement où on était. Je me suis dit ‘allez, un dernier flash’. Ça fait un pincement au cœur. On tourne une page". Nadia a vécu pendant sept ans à la cité Boutaric, un immeuble de neuf étages du quartier des Grésilles à Dijon (Côte-d’Or).
Ce lundi 28 août, elle regarde une dernière fois son appartement, situé au dernier étage, alors que les travaux de démolition de la barre débutent. Alors qu’elle discute avec une autre voisine, qui habitait au rez-de-chaussée, elle raconte, sourire et nostalgie mêlés, ses souvenirs, son quartier et l’ambiance qui régnait dans l’immeuble.
"On a eu plein de souvenirs ici, des bons moments avec les voisins. Il y avait beaucoup de moments de bonheur ici, des familles qui ont eu des naissances. C’était beaucoup de moments de partage, de solidarité avec les voisins", se souvient-elle avec nostalgie.
Symbole de l'urbanisme des années 60
L’immeuble Boutaric, c’était le dernier vestige des années 60 au sein du quartier des Grésilles. Le modèle même de la barre d’immeuble monumentale construite pour répondre à la crise du logement en plein baby-boom. Au cœur de cette grande phase d’urbanisme : la volonté d’offrir un logement salubre aux plus précaires et aux rapatriés d’Algérie, sur fond de brassage social et culturel.
C’est un musée grandeur nature qui marque l’histoire de l’urbanisme des années 60 et qui va disparaitre du paysage dijonnais.
Hamid El Hassouni, délégué au quartier des Grésilles
Mais après plusieurs décennies, le modèle a monté ses limites, avec des bâtiments devenus vétustes, dont beaucoup ont été détruits depuis. Qui n’a pas en tête l'image d'une barre s'effrondrant dans un épais nuage de poussière après une explosion à la dynamite ? A la cité Boutaric, pas d’explosion, mais une opération de grignotage.
"On doit envisager la remise en état du site. Nous avons évalué les avantages et les inconvénients d’un dynamitage. Il s’avère que sur la question du coût, il n’y avait pas photo. Le grignotage, ça nous coûtait moins cher", confie Hamid El Hassouny, délégué au quartier des Grésilles. Coût de la destruction : plus deux millions d'euros.
Depuis ce matin, ce sont donc six ouvriers qui s’activent, commençant le grignotage du bâtiment par le haut, pour éviter les chutes de gravas ou l’effondrement de la structure. Au total, le chantier durera quatre mois. Et les matériaux récupérés seront recyclés. Le béton sera ainsi concassé et servira à la construction de nouvelles routes. L’acier, lui, sera refondu et servira à ériger de nouveaux bâtiments. 11 000 tonnes de gravats seront générées par le chantier.
Où ont été relogés les habitants de l’immeuble ?
Construite en 1958 puis réhabilitée en 1998, la cité Boutaric a vu passer plus de 500 personnes dans ses appartements. "C’était une mosaïque où cohabitaient différentes familles venues d’horizons divers. Vers la fin, ça avait tendance à se dégrader. Les locataires voulaient vivre dans un environnement plus paisible", avance Hamid El Hassouny.
Les derniers mois, 110 logements sur 146 étaient encore occupés au sein de l’immeuble. 63 % des habitants ont fait le choix d’être relogés aux Grésilles. "Il y avait 41 % de retraités dans les résidents. On sent qu’il y a un attachement au quartier. Il y a toute une histoire ici pour ces familles. On a un quartier bien desservi, avec tous les équipements. On a réussi à les reloger. Deux agents de Dijon Habitat ont rencontré chaque habitant pour faire le point sur ses envie", raconte Nuray Akpinar-Istiquam, adjointe au logement et à la politique de la ville.
Une fois la destruction de l’immeuble terminée, des résidences sociales devraient être construites. Des immeubles sur un tout autre schéma, qui ne devraient pas dépasser les 4 étages. Bien loin des modèles d’urbanisme des années 60…