La chambre d'instruction de la Cour d'appel de Dijon a décidé de remettre Murielle Bolle en liberté sous contrôle judiciaire ce vendredi 4 août 2017. La belle-soeur de Bernard Laroche, témoin clé dans l'affaire Grégory était mise en examen pour enlèvement suivi de mort.
Murielle a retrouvé sa liberté.La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a accepté ce vendredi 4 août 2017 la demande de remise en liberté sous contrôle judiciaire présentée par Murielle Bolle, témoin clé de l'affaire Grégory en 1984.
Mme Bolle devra "résider dans la Nièvre et pointer deux fois par semaine", a indiqué l'avocate des époux Villemin, Me Marie-Christine Chastant-Morand.
Agée de 48 ans, Mme Bolle avait été mise en examen le 29 juin 2017 pour enlèvement suivi de mort et placée en détention provisoire à la maison d'arrêt de Dijon.
Adolescente à l'époque des faits, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche du rapt du garçon de quatre ans retrouvé mort dans la rivière Vologne. Mais elle s'était ensuite rétractée.
Pour l'accusation, le revirement de la jeune fille de 15 ans s'explique par des violences familiales subies à l'époque. Le 4 juillet, la chambre de l'instruction avait donc décidé de la maintenir en prison en attendant notamment qu'une solution d'hébergement sans contact avec sa famille puisse être trouvée.
Interview de l'avocat de Murielle Bolle, Me Jean-Paul Teissonnière, par Charles Behr et Romain Liboz.
Un éloignement dans la Nièvre?
Un mois plus tard, "tous les éléments permettant sa remise en liberté sous contrôle judiciaire sont réunis", a déclaré à l'AFP Me Jean-Paul Teissonnière, l'un des avocats de Murielle Bolle, citant notamment une possibilité de résidence "très éloignée de sa famille".
L'hébergement serait situé en Bourgogne dans le département de la Nièvre.
L'audience a lieu devant la formation de trois magistrats présidée par Claire Barbier, qui est chargée du dossier. Face aux avocats de Mme Bolle,
le parquet général plaide pour un maintien en détention.
Les "pressions" au coeur de la décision
"J'ai pris des réquisitions écrites pour m'opposer à la demande de remise en liberté, essentiellement pour les nécessités de l'enquête et l'efficacité des actes à venir", avait déclaré mardi le procureur général de la Cour d'appel de Dijon, Jean-Jacques Bosc.Selon le ministère public, si elle devait être remise en liberté, Murielle Bolle ne serait pas à l'abri de pressions, "compte tenu de ce qui s'est passé en 1984".
A l'époque, les toutes premières déclarations de l'adolescente de 15 ans n'avaient pas convaincu les gendarmes. Puis elle avait fini par dire qu'elle se trouvait dans la voiture de son beau-frère, passé prendre le petit Grégory Villemin le 16 octobre 1984, jour de sa mort, avant de le déposer, pensait-elle, chez des amis des parents de l'enfant.
Le 5 novembre 1984, Murielle Bolle avait répété ces déclarations devant le juge d'instruction, qui décidait en conséquence d'inculper et écrouer Bernard Laroche.
Mais le lendemain, après une nuit en famille, elle était revenue avec sa mère pour se rétracter, disant avoir parlé sous la contrainte des gendarmes.
Son beau-frère avait été libéré début 1985, puis abattu moins de deux mois après par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité.
Si les enquêteurs considéraient déjà comme établi que Murielle Bolle avait été "malmenée" par sa famille le soir du 5 novembre, un cousin de 54 ans est récemment venu apporter de l'eau à leur moulin. Témoignant pour la première fois, il a parlé de "lynchage" et affirmé que sa cousine lui avait confié ce soir-là avoir bel et bien assisté à l'enlèvement.
Mais lors d'une confrontation organisée il y a une semaine, les deux cousins sont restés sur leurs positions.
"Cela fait 32 ans qu'elle dit qu'elle n'a pas subi de violences de la part de sa famille, avec qui elle est en bons termes", a martelé jeudi Me Teissonnière.
Pour les avocats de Mme Bolle, les déclaration de ce cousin ne sont qu'un simple "recyclage d'informations tirées des médias".
Selon ses avocats, Murielle Bolle, qui vit très mal sa détention provisoire, acceptera les conditions du contrôle judiciaire que pourraient imposer la chambre de l'instruction pour lui redonner sa liberté.