En marge d'un voyage en Martinique pour les vacances de février, Thomas, un Dijonnais paraplégique depuis 20 ans, s'était dit victime de discrimination de la part d'Air Caraïbes. Ce lundi 13 mars, la compagnie aérienne confirme qu'elle le remboursera pour le préjudice causé.
Il va obtenir réparation. Un mois et demi après avoir été humilié par Air Caraïbes à cause de son handicap, Thomas, un paraplégique qui habite à Dijon (Côte-d'Or) devrait être remboursé par la compagnie aérienne. C'est sa compagne, Elise, qui nous transmet cette information ce mardi 14 mars.
"L’erreur commise est reconnue. C’est un soulagement. On sentait qu’ils n'avaient pas compris le mal qu’ils avaient pu faire. Ils nous remboursent sans bataille juridique, ça veut dire qu’ils avouent avoir fait une faute et ça va faire bouger les choses", nous confie Elise Loichot, infirmière de profession.
Les 5 000 euros déboursés pour d'autres billets vont être remboursés
Pour rappel, alors qu'il part en vacances à Fort-de-France (Martinique) avec sa partenaire et leurs deux enfants, Thomas subi plusieurs faits qu'il dénonce comme de la discrimination. Ainsi, avant le voyage, Air Caraïbes lui demande de préciser dans un certificat médical s'il peut "gêner les autres voyageurs par ses cris, son odeur et son comportement" à bord de l'avion.
Après avoir obtenu leurs billets, Thomas et les membres de sa famille se rendent compte qu'il n'est pas placé à côté d'eux, alors qu'il a besoin de l'assistance de sa compagne durant le vol. Le Dijonnais est même positionné avec son bébé, dont il ne peut pas s'occuper.
Le calvaire ne s'arrête pas là puisque le jour du départ, Thomas et sa compagne, cherchant à régler la situation et à être placés ensemble dans l'avion, sont renvoyés de guichet en guichet. Ils arrivent alors en retard de deux minutes pour enregistrer leurs billets et ne peuvent embarquer à bord du vol prévu.
Ils doivent finalement débourser 5 000 euros supplémentaires pour aller en Martinique, dans un avion de la compagnie Corsair. Ce sont ces 5 000 euros qui vont être remboursés par Air Caraïbes.
Le 22 février dernier, nous révélions ainsi le témoignage de Thomas et de sa compagne, Elise. "On a toujours vécu normalement, pour tout, tous les jours. Pourquoi il n'y a qu'un moment dans sa vie où mon époux ne se sent pas normal, c'est quand il prend l'avion ? Il m'a dit 'je me sens dégradé'. On ne peut pas en rester là", nous confiait cette dernière.
Une nouvelle version du certificat médical
Interrogée par la chaîne d'information en continu BFMTV, Air Caraïbes, qui n'avait pas répondu à nos sollicitations, avait avoué "des choses à revoir dans la procédure. On n'a pas à demander un avis médical à une personne tétraplégique ou paraplégique, c'est quelque chose qu'il faut que l'on change".
Depuis, Elise Loichot a échangé à quelques occasions au téléphone avec un responsable de la compagnie aérienne. Il lui a confirmé oralement que la société procédera au remboursement et qu'elle retirera les questions offensantes du certificat médical.
On n’avait pas envie de faire un procès. L'abolition des questions dans le certificat médical, c’est notre plus grande victoire
Elise, compagne de Thomas
Air Caraïbes devrait envoyer un mail au couple dans la journée pour spécifier les modalités juridiques du remboursement, avant de contacter Thomas pour lui envoyer la version définitive du nouveau certificat médical qui pourra être demandé. Mais le combat ne s'arrête pas là pour Elise.
"Je vais continuer à essayer de faire bouger les choses. Il y a encore plein de choses à faire. C’est une première victoire. On a déplacé une toute petite pièce sur un grand échiquier", explique-t-elle. Car en discutant avec des personnes en situation de handicap, la jeune femme a appris que son conjoint n'était pas un cas isolé. Récemment, un passager à mobilité réduite se rendant en Algérie a été séparé de ses proches dans un avion.
"En fait, peu importe les compagnies, il y a un gros effort à faire en France à ce niveau-là. On veut rendre plus simples les voyages aériens pour les personnes à mobilité réduite et sensibiliser un peu les gens", confie l'infirmière. Elle a alors lancé une pétition en ligne. En une semaine, elle a recueilli 12 000 signatures.